Assaut de l'armée libanaise contre des islamistes retranchés dans le centre de Tripoli

L'armée libanaise a lancé samedi un assaut contre des islamistes armés retranchés dans le centre-ville historique de Tripoli, la grande ville du nord du Liban, théâtre d'affrontements depuis la veille, selon un correspondant de l'AFP.

Cette ville côtière, déjà minée par les répercussions du conflit en Syrie voisine depuis plus de trois ans, connaît régulièrement des heurts sanglants entre des sunnites partisans de la rébellion syrienne et des alaouites (branche du chiisme) sympathisants du régime de Bachar al-Assad. Mais c'est la première fois que des combats de cette ampleur ont lieu dans le centre la capitale du nord du Liban.

Ils ont éclaté vendredi soir entre les militaires et des hommes armés après une attaque contre une patrouille dans le quartier de Khan al-Askar, près du centre-ville, qui a blessé quatre soldats, selon un responsable des services de sécurité.

Les hommes armés se sont ensuite retranchés dans les rues étroites des souks du centre-ville historique, et, samedi matin, l'armée a lancé une attaque afin de les déloger. Un civil et un homme armé ont été tués, et 23 personnes ont été blessées (neuf soldats, huit civils et six hommes armés), selon le responsables de sécurité. Parmi les blessés figure aussi un journaliste travaillant pour un média libanais.

Le responsable de sécurité n'était pas en mesure de préciser à quel groupe ces hommes armés, en majorité des Libanais, étaient affiliés. Il y a des islamistes comme il y a des voyous poursuivis par la justice, a-t-il dit.

Samedi en début d'après-midi les combats avaient baissé en intensité et une trêve humanitaire négociée par des ONG était en cours pour laisser sortir les nombreux civils bloqués dans le secteur des souks, selon la même source. Un correspondant de l'AFP a vu des dizaines de civils, dont des enfants sortir à pied de la zone, certains portant leurs affaires dans de petits sacs.

Mais d'autres n'ont pas pu partir: Nous sommes bloqués entre l'armée et les hommes armés, raconte Motassem al-Masri, un habitant joint au téléphone par l'AFP. Mon frère est blessé, la Croix-Rouge n'arrive pas à entrer dans la zone. Nous supplions l'armée de nous faire sortir, a-t-il ajouté, affirmant voir les hommes armés dans la rue. Certains habitants s'évanouissent en raison de la fumée épaisse qui se dégage de l'incendie, a-t-il encore dit.

L'armée encercle les souks et ses tireurs embusqués étaient sur de nombreux toits, selon le journaliste de l'AFP, des tirs d'artillerie lourde ont résonné toute la matinée et de nombreux magasins ont été réduits en cendres.

Ces combats interviennent plus de deux mois après des affrontements sanglants dans l'est du Liban, opposant l'armée à des jihadistes liés au groupe extrémiste Etat islamique (EI) et au Front Al-Nosra, branche syrienne d'Al-Qaïda.

Le conflit en Syrie a avivé les tensions entre communautés musulmanes au Liban: les sunnites soutiennent leurs coreligionnaires en Syrie qui combattent le régime en place, et les alaouites défendent M. Assad, issu de la même confession. Des islamistes armés s'en prennent également à l'armée libanaise qu'ils accusent de cibler les sunnites et de coopérer avec les combattants du Hezbollah chiite, dont plusieurs milliers se battent en Syrie aux côtés des forces du régime.

AFP

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