La place Slimane-Azem sera inaugurée samedi

L'immense chanteur et poète Slimane Azem aura sa place à Paris à défaut d'Alger.
L'immense chanteur et poète Slimane Azem aura sa place à Paris à défaut d'Alger.

La place qui va désormais porter le nom du chanteur d'expression kabyle Slimane Azem sera inaugurer samedi à 16h30 près de la Place Pernety à Paris.

La ville de Paris, la mairie du 14ème, la CBF, l'AJKF et l'association Ameslay organisent l'inauguration de la place Slimane-Azem à Paris. Le collège Giacometti et le CEPIJE sont aussi partenaires.

Au programme, des stands d'expositions avec des objets lui ayant appartenu, des originaux de disques, des photos de familles inédites, des poèmes récités par des enfants, un stand librairie, une projection-débat autour du documentaire "Slimane Azem, une légende de l'exil" de Rachid Merabet, et beaucoup de surprises.

La place Slimane Azem se situe dans le 14ème, près de la place de Catalogne, au pied de l'église Notre Dame du Travail, sur la rue Vercingétorix (M° Pernety, Gaité ou Montparnasse). Les organisateurs de cette manifestation donnent rendez-vous à ceux qui souhaitent assister à cette inauguration à partir de 16 h à proximité de la place Pernety, au pied de l'église Notre-Dame du Travail, rue Vercingetorix.

Encore un chanteur d'expression kabyle qui possède sa place en France alors qu'il est interdit en Algérie. On a déjà assisté à l'inauguration d'une place portant le nom de Matoub Lounès, autre chanteur mal aimé du pouvoir algérien. 

L. M.

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Kichi Duoduma

Pour le régime complexé, inquiet et recroquevillé sur lui-même de l’époque de Ben Bella et Boumediène, tout artiste, de quelque bord qu’il fût était perçu comme une menace. Les seuls « artistes » (hacha men li smaâ) tolérés, voire encouragés, étaient les sycophantes qui chantaient la gloire du pouvoir et du baâthisme. Slimane Azem n’était pas la seule victime de ce régime, et toutes les victimes n’étaient pas kabyles non plus. Il y avait par exemple Ahmed Saber, l’oranais qui a fait les frais de ses chansons critiques à l’égard du pouvoir.

Slimane Azem était un vrai artiste. Sans être moulu par une quelconque université, il avait l’intuition innée de l’universalité de l’homme. Il était dénué de haine envers qui que ce fût, bien au contraire. Malgré tout ce qu’il a souffert de la part du gouvernement baâthiste d’Alger, il n’a jamais succombé à l’idée que c’était le resultat d’un conflit kabylo-arabe.

Trois de ses chansons à retenir sont « el-foul dh-ivawen, » « A mouhend-ou-kaci » et

« azguer yaâqel g’mas » Dans ces trois chansons, en plein milieu de la crise du FFS, Slimane Azem nous rappelle que les algériens (et probablement au delà) sont tous des frères. Il dit que “el-foul” et “ivawen” c’est du pareil au même, l’un mot arabe, l’autre mot kabyle, tous deux se référant au même objet. Et les deux jeunes veaux jumeaux qui se tournent l’un contre l’autre de plus en plus violemment à mesure qu’ils grandissent, c’est l’arabophone et le berbérophone. A la fin de la chanson, ils se reconnaissent comme des frères et décident de se mettre au boulot ensemble.

Dda Slimane n’a jamais prétendu être un grand philosophe, mais il a réussi le tour de force de mettre la vie et la politique universelles à la portée de la main du paysan kabyle illettré. La vérité de ce qu’il dit dans ses chansons n’est en rien affectée par la simplicité des mots :

« Therwi thebberwi » (tout est sens dessus-dssous) est plus vrai que jamais. « Zik dh’errous d’marican thoura yernad echchinwa » (avant c’étaient les russes et les américains, maintenant viennent s’ajouter les chinois) lamente la prolifération des armes nucléaires quand les chinois ont fabriqué La Bombe pour la première fois.

Comme musicien, Slimane Azem était tout juste moyen, mais comme parolier, c’est une icône de la Kabylie. Quel kabyle n’a jamais entendu de sa vie : « akken s-yenna Slimane Azem... » (comme l’a dit Slimane Azem...) ??

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