Syrie: les djihadistes de l'Etat islamique dans Kobané, premiers combats de rue

L'Etat islamique progresse malgré les frappes de la coalition.
L'Etat islamique progresse malgré les frappes de la coalition.

Des affrontements faisaient rage lundi pour la première fois à Kobané entre des combattants kurdes et des djihadistes qui tentent de prendre cette ville syrienne depuis trois semaines, poussant des centaines d'habitants à la fuite de crainte des exactions de l'Etat islamique.

Les forces engagées dans la défense de cette ville kurde étaient parvenues à repousser dans la nuit de dimanche à lundi un assaut des djihadistes, mais ceux-ci ont finalement réussi à pénétrer dans deux quartiers à l'entrée est de Kobané, où "la guérilla urbaine a commencé", selon le directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), Rami Abdel Rahmane.

Terrorisés par la possibilité de voir la ville tomber aux mains des djihadistes connus pour leurs exactions - meurtres, viols, rapts - des centaines "de civils résidant dans les quartiers Est ont fui vers la Turquie voisine", a ajouté M. Abdel Rahmane.

Quelques heures auparavant, les djihadistes de l'EI avaient planté les drapeaux noirs de l'organisation extrémiste à une centaine de mètres à l'est et au sud-est de Kobané, troisième ville kurde de Syrie connue également sous le nom d'Aïn al-Arab.

Dans la nuit pourtant, les combattants des YPG (Unités de protection du peuple kurde) étaient parvenus à tendre une embuscade aux djihadistes, tuant 20 d'entre eux, alors que ceux-ci tentaient de pénétrer à Kobané pour la première fois depuis le début de leur offensive, le 16 septembre, contre la troisième ville kurde de Syrie. Les djihadistes veulent conquérir Kobané pour s'assurer le contrôle sans discontinuité d'une longue bande de territoire à la frontière syro-turque.

La ville revêt une grande importance pour les Kurdes, qui ont mobilisé les combattants de l'YPG pour la défendre, mais ceux-ci sont moins nombreux et moins bien armés que les djihadistes, équipés notamment de chars.

Signe du désespoir des forces kurdes, dimanche, une combattante kurde de 20 ans a mené un attentat suicide contre une position de l'EI à l'est de la ville, provoquant la mort de "dizaines" de djihadistes, selon des sources kurdes. Il s'agit de la première attaque kamikaze kurde recensée depuis le début des violences en Syrie en mars 2011. "Si nécessaire, tous les combattants des YPG suivront son exemple", a averti son mouvement.

Frappes "insuffisantes"

Les frappes de la coalition américano-arabe, qui a commencé à frapper en Syrie le 23 septembre, ont contribué quelque peu à freiner la progression de l'EI, mais elles "sont insuffisantes pour battre les terroristes au sol", a déploré un responsable kurde, Idris Nahsen, réclamant "des armes et des munitions".

L'offensive de l'EI dans la région a déjà fait des centaines de morts dans les deux camps depuis le 16 septembre et poussé à la fuite quelque 300.000 habitants, dont 180.000 ont trouvé refuge en Turquie. Sans intervenir militairement, la Turquie surveille de près la situation, notamment en raison des obus qui atteignent son territoire depuis une semaine.

Des responsables kurdes ont dénoncé cette passivité, accusant Ankara de laisser faire les djihadistes, au moment où la presse britannique rapportait que les 46 otages turcs libérés fin septembre par l'EI pourraient avoir fait l'objet d'un échange contre 180 djihadistes, dont plusieurs seraient originaires de pays européens.

30 morts dans un double attentat

Ailleurs en Syrie, au moins 30 combattants et policiers kurdes ont péri dans un double attentat à la camionnette piégée mené par des kamikazes de l'EI, selon l'OSDH. Les attentats ont visé deux positions des YPG et des assayesh, dont un camp d'entraînement, à l'entrée d'Hassaka, ville partagée entre les forces kurdes et celles du régime de Bachar al-Assad.

Parallèlement, les forces loyalistes regagnaient du terrain près de la capitale. L'armée syrienne a ainsi repris lundi Doukhaniyé, aux portes de Damas, à partir de laquelle les rebelles lançaient des obus sur la capitale. "La reprise de Doukhaniyé s'est faite en un temps record", a précisé une source militaire à l'AFP.

En Irak, où l'EI contrôle plusieurs régions, au moins 25 djihadistes ont été tués dans des frappes aériennes visant trois bases de l'EI autour de Mossoul (nord), selon des sources médicales et des témoins.

L'Australie, la Belgique et les Pays-Bas ont réalisé ces dernières heures leurs premières missions aériennes pour la coalition en Irak. Trois avions Rafale envoyés en renfort du dispositif militaire français sont par ailleurs arrivés sur la base d'Al Dhafra, aux Emirats arabes unis. L'ancien chef du Pentagone Leon Panetta a averti que la lutte contre l'EI "pourrait durer trente ans" et "faire peser des menaces sur la Libye, le Nigeria, la Somalie et le Yémen".

AFP

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