Algérie : dégâts collatéraux sur la voie de l’effondrement

Le pouvoir n'a jamais voulu en finir politiquement avec les islamistes. Bien au contraire.
Le pouvoir n'a jamais voulu en finir politiquement avec les islamistes. Bien au contraire.

L’assassinat d’Hervé Gourdel a replacé la question du traitement du terrorisme islamiste sous les feux de l’actualité.

Ce sont, bien plus, les choix opérés par le pouvoir politique, depuis un quart de siècle, qui sont indexés par les interventions les plus significatives que l’abjecte gloriole étalée par la quarantaine d’égorgeurs qui s’exhibent dans une vidéo de propagande diffusée sur la toile.

Coup de gueule

Ces prises de parole, pour salutaires qu’elles soient, ne semblent pourtant pas aller au-delà de ce qu’a pu trahir, il y a 12 ans, le coup de gueule d’un ancien chef d’Etat-Major, aujourd’hui décédé. Il affirmait que «militairement» le terrorisme était vaincu, mais que cette victoire ne se prolongeait pas sur le plan politique. Ce paradoxe apparent est, comme le comprennent de plus en plus d’Algériens, un choix délibéré, conscient et assumé, du pouvoir.

Déjà en 1988, des centres décisionnaires s’étaient empressés, en plein «évènements d’octobre», à mettre en orbite les islamistes. Pas seulement leurs prédicateurs. Les terroristes du MIA de Mustapha Bouyali ont été amnistiés par Chadli Bendjedid. Ils trouveront rapidement leurs places dans les sphères de direction de l’ex-FIS. Azzedine Bâa, Abdelkader Hattab, Mansouri Miliani, Chebouti et d’autres qui laisseront leurs noms dans un sinistre registre, entre autre par l’organisation de l’attentat de l’aéroport d’Alger.

La mansuétude du pouvoir à l’égard des islamistes est une vielle habitude[1]. On en mesure la portée et l’importance, pour les sphères dirigeantes, à l’examen du traitement, anachronique et décalé, réservé au dossier des anciens du FFS et de ses maquis de 1963.

Poudre aux yeux

Le pouvoir, s’il construit un jeu qui donne l’impression d’un balancement qui ferait passer ses alliances du camp de l’islamisme à celui de la démocratie, a toujours été constant dans son parti pris fondamental en faveur de l’islamisme. Les courants progressistes algériens le savent dans leur chair. La proximité idéologique entre le système néo-FLN[2] et la mouvance théocratique a trouvé son expression dans la confusion, singulière de par le monde, entre l’«arabisation» et la «sahwa» sans que l’on sache laquelle des deux instrumentalise l’autre en cheval de Troie. Qui, de Mouloud Kacem Nath Belkacem (Fethi Dib ?) ou d’Abdelaziz Belkhadem (El Ghazali ?) aura le plus résolument miné l’avenir de notre patrie ?

Bouteflika, même s’il la pousse à l’extrême, n’est qu’un moment de cette politique d’assimilation de la nation algérienne à un magma arabo-islamiste. Tantôt arabiste, tantôt islamiste, mais jamais patriotique et algérien. C’est de cette donne fondamentale que découle la stratégie qui nourrit tout ce qui est identifié, dans de nombreuses interventions, comme «des faiblesses de la lutte anti-terroriste». Celle-ci, dans l’acceptation qu’en a le système, est une lutte d’influence qu’il ne peut laisser s’exprimer comme un antagonisme historique. C’est ce fondement politique, stratégique, qui détermine tous les autres choix.

L’un contre l’autre, mais unis contre la démocratie

Il est vrai que la bureaucratie politico-militaire a dû se débarrasser de ceux qui paraissaient préparer l’accession des islamises au pouvoir. Mais, leurs desseins n’étaient pas de favoriser la démocratie. Le sort réservé à Mohamed Boudiaf pour lui faire payer le projet de rassemblement des patriotes suffit pour mettre en exergue leur déni de toute volonté en faveur des démocrates ! En témoigne, aussi, la sévérité du contrôle, politique et sécuritaire, exercé sur les patriotes armés. Ils ont eu à subir l’enrôlement forcé dans «les structures» du RND, puis, leur mise sous le contrôle de la gendarmerie par la création d’un corps pantin : la garde communale.

L’élimination du RPN et la caporalisation de la résistance républicaine répondent aux impératifs stratégiques arrêtés par les centres décisionnaires du système néo-FLN. L’erreur est donc de considérer que ce qui apparaît à nos yeux, aux yeux des patriotes, comme "des limites", "des erreurs" et "des lacunes", est réellement tel dans les choix stratégiques, opératifs et tactiques du système. Tout ce que nous considérons comme des limites ou des inconséquences n’est, en vérité, que choix conscient dans les sphères de décision.

Les politiques scélérates de pardon au profit des assassins islamistes, en sus de la promotion de tout ce que le pays compte comme forces conservatrices et de rétrogrades opposées à la rupture moderne, ont pour fonction de sauver une partie de la base sociale d’un pouvoir autoritaire, bureaucratique et compradore. Ce pouvoir d’extraction plébéienne, isolé de toutes les composantes modernes de la société ne peut souffrir que celles-ci se consolident et en viennent à réaliser les conditions de l’émergence de l’Algérie. C’est tout cela qui explique l’ascendant de Riyad, Paris, Londres et Washington sur la régence algéroise qui s’est donné l’apparat d’un nouveau royaume de Tlemcen. Un pouvoir qui nous mène à l’effondrement en donnant le change par l’intérêt qu’il a à retarder cette funeste échéance. La retarder, mais aucunement l’éviter, ses intérêts étroits le condamne à y travailler.

Mohand Bakir

[1] Qui va bien au-delà de la complaisance à l'égard de l'association el Qiyame dirigée par le sulfureux Malek ibn Nabi.

[2] Néo pour opérer la distinction entre l’appareil bureaucratique FLN et le front patriotique FLN, sans exclure que la bureaucratisation trouve ses racines dans la période de la guerre de libération.

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Commentaires (9) | Réagir ?

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tahar foli

merci pour l'iformation

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elvez Elbaz

C est le jour de l aid. Dans ce quartier populaire d alger, non loin du centre ville, un sacrificateur habillé en kamis, la barbe bien fournie, passa de "pauvre bête" en "pauvre bête" à sacrifier, dans ce grand espace vert, rendu rouge sanguin, de ces pauvres bêtes sacrifiees pour que allah en soit sanctifié!!!!!!!

Ils accomplissait avec zèle et sourire radieux, les mains ensanglantées, le kamis rouge de sang, la pointe métallique du poignard à peine visible noyée dans le sang, sous le regard ébahis et innocents des enfants de toutes âges !!

Un héro, qui égorge merveilleusement bien!..... comme ces dribles majestueux de zidane!!!!!!

Pauvres enfants, pauvres générations à venir.... !

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