Après l’Écosse, un référendum pour l’indépendance en Algérie ?

Les tenants du pouvoir en Algérie
Les tenants du pouvoir en Algérie

Le référendum sur l’indépendance de l’Écosse est une leçon de démocratie des plus honorables donnée à la planète entière, particulièrement à l’endroit des dictateurs de tous bords dont le règne n’est qu’illégitimité, supercherie et abus de pouvoir.

Cette leçon revêt un sens absolu, celui de la source même de la définition du mot démocratie: donner la parole au peuple afin qu’il décide de son destin en toute liberté. Inutile de dire que bien que n’ayant aucun lien direct ou indirect avec les Ecossais, ni avec les Britanniques, en mon for intérieur, je redoutais intensément que le oui l’emporte. Car cela étant, c’est toute l’évolution de l’espèce humaine dans son combat pour une civilisation universelle, basée sur l’égalité et la fraternité entre les peuples, et dont l’exigence première est un socle de liberté pour tous, qui aurait été mise à mal.

Bravo donc aux Ecossais, car au-delà de votre propre destin, c’est un grand espoir donné aux millions d’universalistes aux quatre coins du monde, convaincus que l’Homme n’est pas fait pour vivre en vase clos ! Puisse votre leçon servir d’exemple à tous ces peuples qui se déchirent et se haïssent au nom de rivalités et de croyances douteuses, bien souvent tombées d’un ciel vide.

Quel bel exemple de tolérance vient de nous offrir l’Écosse ! Voir les partisans du oui, comme ceux du non, défendre leurs positions dans une atmosphère de camaraderie bon-enfant, jusqu’à la veille du référendum, est tout simplement attendrissant pour toute âme éperdue, suppliciée par l’exil.

Quel bel exemple de démocratie que de voir les partisans du oui reconnaitre, sans la moindre ambigüité, la défaite de leur camp, dès l’annonce du résultat !

Quel bel exemple de maturité politique que de voir le terrain de l’argument intelligemment occupé et réparti entre les deux camps, sans laisser le moindre espace à celui de l’altercation stérile !

Bien sûr, les représentants de l’empire britannique ne peuvent pas se targuer d’avoir été des enfants de chœurs, quand on fait défiler l’histoire de tous les massacres et asservissements dont ont été victimes les peuples Écossais, Irlandais, et Gallois, mais ces peuples ont su panser leurs blessures et faire de l’ennemi d’hier le compagnon d’aujourd’hui pour construire ensemble le cocon commun de la modernité. Une modernité basée sur des principes universels de droit, de justice, et du vivre ensemble, en ayant su adoucir tant de différences, transformées pour l’occasion en forces vives et non en faiblesses asthéniques.

Comment ne pas être jaloux, comment ne pas envier cette parole donnée au peuple afin qu’il s’exprime en toute liberté pour décider de son sort, de son avenir, et de ceux de ses enfants ? 

Aurons-nous un jour la même chance en Algérie, celle d’un référendum "pour ou contre" la dictature militaro-FliN-tox qui s’accapare pouvoirs et richesses depuis plus d’un demi-siècle ? 

Peut-on espérer de ces clans dictatoriaux un déclic de lucidité, fut-il furtif, qui leur fera admettre la nécessité d’un recours aux urnes, sans bourrage ni fraude, pour jauger de leur popularité auprès de ceux qu’ils sont censés représenter ? 

Nos petites voix compteront-elles dans la balance d’un non massif à ce pouvoir de malfrats qui continue sans vergogne de ruiner le pays ?

Les islamistes comprendront-ils aussi qu’ils représentent une inertie monumentale à toute évolution moderne, en acceptant de quitter la scène politique en même temps que les insatiables dinosaures militaro-FLiN-tox qui les ont enfantés ?

Les militaires admettront-ils qu’il est grand temps de laisser la place, voire d’encourager une révolution pacifique, en laissant les élites s’exprimer, pour mettre le pays en phase avec le monde, sans faire appel aux armes ?

Le clan Bouteflika comprendra-t-il enfin qu’il a cumulé un retard qui se chiffre en dizaines d’années sur le peuple, et qu’il est temps de laisser sa place en arrêtant de faire de la formule « après moi le déluge » son unique code de gouvernance, de surcroit illégitime?

L’éviction tardive de Belkhadem à elle seule, ne schématise-t-elle pas un état d’opposition de phase flagrant entre ce clan imposé par moult ruses et supercheries et le petit peuple? Pour rappel, nous avions tous relevé les écarts de cet islamiste dangereux, lors de son passage à la présidence de l’APN, dans les années 1990. Du temps où il ouvrait et clôturait les séances de l’assemblée populaire par une série de versets coraniques incongrus, clins d’œil soutenus et réguliers, on ne peut plus explicites, aux islamistes du FIS, partis pour conquérir le pouvoir et nous entrainer dans une spirale ténébreuse irréversible. L’éviction tardive de l’homme à la pastille d’Allah, bien que discutable dans la forme, ne fait que refléter l’immense décalage entre les décideurs et les aspirations d’un peuple dont on a trop souvent ignoré le génie et étouffé l’expression !

Autant de questions naïves et terre-à-terre, que le référendum écossais soulève dans ma petite tête de rêveur perpétuellement préoccupé par l’avenir des siens.

Comme ça doit être formidable de se sentir écossais aujourd’hui, et se laisser envahir par la fierté de participer à la marche du monde ! Malheureusement, je ne suis pas écossais, j’assiste impuissant à une marche forcée des miens à contre-courant de toute civilisation, par la grâce d’un fou du pouvoir mû par un seul délire, celui de laisser une empreinte de gloire dans l’histoire à travers un tombeau, quasiment prêt, sous la grande mosquée d’Alger, à l’image des Pyramides de Toutankhamon et autres pharaons, érigées à la gloire des représentants de Dieu sur Terre, il y a plus de 3000ans ! Et c’est peut-être bien là, dans ce nombre 3000, que réside l’écart spatio-temporel entre ces imbéciles heureux qui nous dirigent et nous. Eux vivent en phase avec l’Égypte des pharaons, alors que nous vibrons ardemment avec l’Écosse du XXIe siècle ! Quel cauchemar, quel enfer, vite une bière! Santé son général et son frère!

Kacem Madani

Plus d'articles de : Forums

Commentaires (7) | Réagir ?

avatar
nassir beroual

ils est bien lorsque on pense a projeter les expérience des autres nations a notre situations, mais il faut la voir de tout les cotes et non pas du cote qui nous arranges. votre analyse est basée dans une partie sur la discrimination, les islamistes sont des algériens et ont le plein droit comme tout le monde a exprimer leurs idées,

avatar
Kichi Duoduma

Il y a cent ans, l’Angleterre aurait écrasé toute vélléité indépendantiste en Ecosse, pays de Galles ou ailleurs sur son territoire insulaire ou outre-mer. Qu’est-ce qui a donc changé si bien qu’aujourd’hui cette même Angleterre accepte que les urnes décident ? Est-ce que 100 ans de plus dans l’existence de ce pays lui ont inculqué une sagesse et un pacifisme qu’elle n’avait pas auparavant ? Ce qui a changé, c’est la balance et les rapports économiques. Il y a 100 ans, l’Angleterre avait une puissance suprême, elle pouvait se permettre d’écraser toute vélléité de séparatisme sans payer un prix insupportable pour ça. Aujourd’hui le prix serait beaucoup trop onéreux dans tous les domaines. L’Angleterre, n’étant plus l’économie la plus forte du monde, ne peut plus se le permettre. La nature de l’économie a aussi beaucoup changé, elle n’est plus basée essentiellement sur la production industrielle, elle est plus basée sur la finance et les services de nos jours. Ces changements dans la nature de l’écomomie font qu’une sécession de l’Ecosse ne serait plus aussi détrimentale à l’Angleterre qu’elle l’aurait été il y a 100 ans, et de plus il lui coûterait beaucoup plus cher d’essayer de l’empêcher que de simplement l’accepter aujourd’hui.

En d’autres termes, ce ne sont pas les anglais et les écossais qui ont changé, ce sont les conditions et les rapports économiques entre eux.

En Algérie non plus, les algériens ne changeront pas tant que l’économie restera basée sur la rente et les importations. Quand une industrie et des classes productives apparaîtront, soyez assurés que tout le reste changera car à ce moment-là le changement sera obligatoire, pas dépendant de la volonté d’un individu ou d’un groupe.

visualisation: 2 / 6