Algérie : Jusqu’où la corruption ? Les réponses de Djilali Hadjadj (1ère Partie)

Algérie : Jusqu’où la corruption ? Les réponses de Djilali Hadjadj (1ère Partie)

Vous avez été nombreux à vous intéresser aux questions qui choquent : jusqu’où la corruption en Algérie ? Quelle est toute la vérité ? Et comment y remédier ? Destinataire de dizaines de messages des lecteurs du Matin, Djilali Hadjadj, porte-parole de l’Association algérienne de lutte contre la corruption (AACC) et représentant de Transparency International en Algérie, vous répond avec sincérité et le sens du détail.Devant le nombre élevé de questions, nous le publierons en deux parties.Aujourd’hui la première partie du Forum.

Lecteur Sabi : D'abord, je tiens à remercier la rédaction du Matin pour cet espace de liberté que vous nous offrez. Je remercie également Monsieur Hadjadj de bien vouloir répondre aux questions des lecteurs. Deuxièmement, je tiens à préciser que je ne suis partisan d'aucun parti politique et je suis encore moins partisan du qui-tu-qui. Ma question est la suivante: Quel est le rôle qu'ont joué des gens haut placés dans la hiérarchie militaire et précisément dans les services secrets dans la corruption quasi générale qui gangrène notre pays ? Peut-on espérer voir un jour nos services remplir leur mission constitutionnelle et protéger les intérêts nationaux comme c'était le cas, il ya quelques mois, des services allemands qui ont réussi à avoir une liste d'operateurs économiques fraudant le fisc en transférant des capitaux vers le Lichtenstein ? Merci.

Réponse de Djilali Hadjadj :Aucune institution en Algérie, sans exception, n’est épargnée par la corruption. Tous ceux qui ont un peu de pouvoir, ont tendance à en abuser, et à se servir allègrement. Les services que vous évoquez, ne joueront un jour leur rôle constitutionnel (et encore la Constitution actuelle est lacunaire à ce sujet), que lorsque la démocratie et les libertés seront effectives en Algérie, ce qui est encore loin d’être le cas : ce jour là, les Algériens pourront par exemple connaître les budgets alloués aux services secrets, et ces derniers devront rendre des comptes aux parlementaires élus démocratiquement par le peuple. L’exemple allemand que vous évoquez illustre on ne peut mieux la marge de manœuvre assez marge de la justice de ce pays pour enquêter assez librement, tout en précisant que c’est la presse allemande qui a été la première à révéler ce scandale : la justice a été obligée de suivre.

Lecteur Roro : Bonjour Mr Hadjadj. Qui contrôle les rentrées et les sorties des finances de Naftal ?

Réponse de Djilali Hadjadj : Il existe une législation et une réglementation propres aux EPE (Entreprises publiques économiques) qui théoriquement balisent la gestion financière de Naftal, dont les recettes et les dépenses. Cette entreprise, comme toutes les autres EPE, est tenue d’avoir un Commissaire aux comptes, de procéder à des audits internes et de surtout faire appel à des missions d’audit externe. Depuis les toutes récentes modifications de la législation sur les EPE, l’Inspection générale des finances (IGF) est habilitée à jeter un œil sur la gestion des EPE, mais cette nouvelle mission est très limitée et mal définie, d’autant plus que l’IGF, telle qu’elle fonctionne, n’a pas les moyens de son action. Mais rien n’empêche les dirigeants actuels de Naftal de publier les comptes de leur entreprise, tous les comptes, pas uniquement les grands agrégats. Pourquoi ne le font-ils pas ? La responsabilité sociétale des entreprises – favorisant la transparence et la reddition des comptes -, n’a pas encore pénétré les entreprises algériennes.

Lecteur Avvach : Azul mass Hadjadj chaque chose a un commencement, votre combat est noble, mais je crois que L’ALGERIEN NE CROIT PLUS à tous ces cirques. Personne depuis 62 n’a été inquiété parmi ces toquards qui nous gouvernent c’est toujours le petit citoyen qui paye un cadre, un petit juge, un petit fonctionnaire et pourtant ce n’est pas les affaires de corruption et d’atteintes aux deniers du peuple.... qui manquent. Qui a payé dans l’affaire KHALIFA ? LE CHAUFEUR. IGHIL. LE RECEVEUR.

Réponse de Djilali Hadjadj : Effectivement, et je suis d’accord avec vous, chez une majorité d’Algériens il y a une très nette perte de confiance vis-à-vis des gouvernants, et la méfiance est de mise. Faut-il pour autant laisser s’installer une désespérance qui fait l’affaire de ces gouvernants indélicats ? Ne faut-il pas s’interroger sur ce que chacun d’entre nous a fait, ou peut faire, pour que les choses changent ? Dans l’affaire Khalifa, seuls quelques lampistes ont été sacrifiés et l’impunité a été la règle pour tous les commanditaires et les «gestionnaires», parce que le pouvoir, directement concerné et impliqué l’a voulu ainsi, instrumentalisant la justice à tous les niveaux, y compris la Cour suprême, la plus haute juridiction du pays.

Lecteur Mouloud : Bonjour, D'abord je tiens à saluer les membres de cette association et le travail très utile qu'elle effectue. Peut être pourriez vous nous dire pourquoi vos activités ne sont pas assez, à mon sens, connues, rendues publiques? 1/ La corruption est une gangrène: En Algérie, semble-t-il, elle touche toutes les couches sociales et tous les niveaux. Quelle est la part de vérité? Comment peut-on quantifier l'importance de la corruption? 2/ Il n’y a pas de corrompus sans corrupteurs, dit-on? Quel rôle jouent les pays développés, censés être beaucoup moins corrompus et corruptibles dans le développement de la corruption, dans les pays sous développés? 3/ Enfin question remarque: la meilleure façon de faire reculer la corruption ne réside-t-elle pas dans l'éducation et la participation des citoyens à la gestion de leur territoire? Comment? Merci Mouloud

Réponse de Djilali Hadjadj : Dès sa création en 1999, création difficile dans un contexte liberticide, l’AACC a volontairement évité de n’exister que par des communiqués de presse largement médiatisés ; par contre, l’AACC a fourni quelques efforts pour faire connaître au plus grand nombre les activités qu’elle organise régulièrement depuis quelques années. Je suis d’accord avec vous, au-delà de la gangrène qu’elle a causée, la corruption, petite et grande, n’épargne aucun secteur : les faits, les études, les enquêtes, la presse écrite, les donneurs d’alerte et les dénonciateurs, le démontrent quotidiennement depuis de très longues années. Mais bien sûr que la corruption est quantifiable, il existe des méthodes pour le faire. Tant au niveau de la pratique corruptrice entre individus, qu’entre pays dans les transactions commerciales internationales, la corruption est avant tout une affaire de «couple». Par rapport à la grande corruption, il y a 2 catégories de pays développés : ceux qui rejettent effectivement la corruption et qui ont pris des mesures énergiques pour le faire – les pays du Nord de l’Europe par exemple- (cela explique pourquoi le pouvoir algérien «évite» les relations économiques et commerciales avec eux), et ceux qui «tolèrent» et acceptent de corrompre pour «gagner» des marchés et de grosses commandes venant notamment des pays du Sud producteurs de pétrole, dont l’Algérie : cette 2ème catégorie de pays a même reculé ces dernières années dans ses engagements internationaux contre la corruption, et parmi eux, plus grave encore, il y a 3 pays qui se distinguent en n’ayant pas ratifié à ce jour la Convention des Nations unies de 2003 contre la corruption : L’Allemagne, l’Italie, et le Japon ( qui préside cette année le G8). Ces 3 pays, faut-il le rappeler, font partie des principaux clients et fournisseurs de l’Algérie.

Lecteur Rachid Kesri : Une décentralisation des pouvoirs, et partant, des options nouvelles de gestion autonome et régionalisée de l'économie (telles celles proposées par le MAK par exemple) ne pourrait-elle pas être un moyen de couper l'herbe sous les pieds de la faune prédatrice en rendant la gestion des transactions beaucoup plus transparente et donc mieux contrôlable pour le plus grand intérêt de tous les algériens ?

2 autres questions similaires :-…..Je soutiens sur d'autres plans l'idée de la régionalisation de l’Algérie, je veux dire par la décentralisation de l'administration avec une réelle démocratie où les associations joueront leur rôle. Pensez-vous que ça sera un pas vers l'aggravation de la corruption ou au contraire là où les choses sont claires la corruption sera difficile sachant que ce sont les mêmes corrupteurs et les mêmes corrompus? Merci d'avance pour votre éclairement et pour votre action à travers votre association. -….Une démocratie participative et une décentralisation de l'administration (en d'autres termes, une création de régions) peut elle réduire la corruption sachant que les personnes sont les mêmes?

Réponse de Djilali Hadjadj : Il est incontestable qu’une décentralisation effective et s’inscrivant dans un véritable processus démocratique, accompagnée par une dynamique citoyenne de proximité et une définition précise des missions et prérogatives des élus et des Exécutifs locaux, sans oublier la mise à disposition de budgets conséquents, peut contribuer à affaiblir les réseaux de la corruption nichés au cœur des institutions de l’Etat, pour peu que les organes constitutionnels de contrôle ( dont les chambres territoriales de la Cour des comptes ) soient réellement indépendants, et que le droit à l’accès à l’information commence à devenir une réalité.

Lecteur Ramou : Mr Djilali qu’est ce que vous voulez, la corruption est le seul instrument d'exercice du pouvoir en Algérie. Tous les appareils du système (institutions) de l'APC au Sénat en passant par l'assemblée et la présidence, y compris la plus petite association, sont des instruments de corruption. Si vous voulez détruire le système Algérien alors je suis preneur. Cela ne veut pas dire qu'il faut baisser les bras non, ce que vous faites et à faire sont nécessaire. Le mal est là et la solution! Je ne vois pas, pour ma part: c'est de chercher des solutions, chacun à son niveau et localement; peut être l'autonomie des régions, peut être que Ferhat M'henni a raison, en tout cas les tenants du système ne sont pas intéressés par une solution.

Réponse de Djilali Hadjadj :L’idéal serait effectivement d’arriver à détruire ce système rentier, corrompu et liberticide. C’est un travail de longue haleine, d’abord et avant tout un combat pour la démocratie, les libertés et les droits de l’homme, l’affaire de tous les algériens qui partagent ces idéaux. N’eut été l’explosion des prix du pétrole depuis 1999, ce système, à défaut d’être tombé, serait aujourd’hui grandement fragilisé. Mais malgré l’énorme pactole du pétrole, ce pouvoir a perdu du terrain, pour preuve cette répression tous azimuts et cette montée en puissance de l’instrumentalisation de l’islamisme politique et rentier, pour se perpétuer à n’importe quel prix. Les solutions existent, vous en évoquez quelques unes : elles gagneraient à être prises en charge dans la durée, à tous les niveaux et sur les terrains de lutte, dans la plus large unité des forces de progrès (trop dispersées aujourd’hui).

Lecteur Kamel : A qui et à quoi sert-il la caisse noire de Sonatrach ?

Réponse de Djilali Hadjadj :Si elle existe, comme son nom l’indique, elle servirait à des financements occultes. Ce qui est sûr, la transparence n’est pas de mise dans cette entreprise, et pour cause, la culture du secret y est dominante. Ce qui explique qu’elle ait été épinglée dans le tout récent Rapport 2008 de Transparency International sur les revenus du pétrole. Par ailleurs, Sonatrach est connue par ses pratiques abusives et discrétionnaires en matière de dépenses budgétaires, sans qu’elle soit obligée de rendre des comptes. Nous avons d’ailleurs été surpris qu’un grand quotidien évoque récemment les pratiques exemplaires de Sonatrach en matière de responsabilité sociétale ! L’AACC a essayé ces dernières années de mettre en contact de partenariat Transparency International et Sonatrach, cette dernière ne l’a pas souhaité.

Lecteur Amghar : Je remercie si Hadjadj de se prêter à cette exercice de communication digne d'un grand démocrate. Ma question est : est-ce que l'AACC a fait un recours dans l'affaire des fonds des représentations diplomatiques à laquelle le nom de Mr.Bouteflika a été évoqué et par la même occasion éclairer le public sur cette affaire.

Réponse de Djilali Hadjadj :Au moment des faits, qui remontent aux années 70, et trop facilement dévoilés au début de la présidence de Chadli, l’AACC n’existait pas encore. Mais le dossier est en grande partie connu, ainsi que les pratiques qui l’ont alimenté durant les longues années de Bouteflika aux Affaires étrangères. La Cour des comptes qui avait été créée en grande partie pour ça en mars 1980 – pour régler des comptes-, n’a pas eu beaucoup de difficultés à mettre à nu une importante partie de ce scandale, «aidée» par le ministère des affaires étrangères de «l’après Bouteflika» : une circulaire en était sortie qui avait pour objet de revoir la circulation et l’utilisation des budgets affectés à ce ministère et en direction notamment des ambassades et des consulats connus comme étant les plus dépensiers. Des hauts fonctionnaires intègres de ce ministère, aujourd’hui à la retraite, pourraient apporter des témoignages accablants sur les dessous de cette affaire, mais le pouvoir, et pour cause, ne veut surtout pas que ces témoignages soient versés. L’AACC y travaille actuellement.

Lecteur Fella : Azul, mass Djilali, dans des cas avérés de corruption la société civile peut-elle ester en justice les responsables ou saisir les instances internationales?

Réponse de Djilali Hadjadj : Non malheureusement, la loi du 20 février 2006 de prévention et de lutte contre la corruption ne le prévoit pas. L’AACC avait fait une proposition dans ce sens au gouvernement : ce dernier a refusé de l’inclure dans l’avant-projet de loi. Alors que la Convention des Nations unies de 2003 contre la corruption, ratifiée par l’Algérie, recommande que cette pratique soit autorisée. En novembre 2007, le gouvernement français avait aussi refusé que cette possibilité soit incluse dans la nouvelle législation contre la corruption.

Lecteur Laghouati, : La lutte contre la corruption est une œuvre de longue haleine et qui présente beaucoup de risques. Cette lutte nécessite la collaboration de tout le monde : les instances politiques, la justice et la population. Il faudrait des gouvernants , des décideurs , des hommes politiques compétents et propres , une justice impartiale et un peuple conscient de son rôle dans le changement et politisé .Tous ces éléments sont absents pour le moment : comment donc lutter contre la corruption lorsque l'on a une classe politique incompétente , qui ne pense qu'aux postes pouvant lui permettre de s'enrichir , une justice étroitement dépendante du pouvoir exécutif et une population terrorisée qui a peur de dénoncer. Ce n'est qu'au prix d'un réel changement de ces 3 composantes que l'on peut prétendre arriver à changer quelque chose.

Réponse de Djilali Hadjadj : Je suis tout à fait d’accord avec votre analyse. Vous avez oublié la presse sur laquelle il faut faire pression pour qu’elle se ressaisisse et qu’elle devienne réellement indépendante et du pouvoir et des milieux d’affaires et de l’argent. Il faut intensifier les luttes pour parvenir à imposer ce changement que vous évoquez. C’est un travail de longue haleine, d’abord et avant tout un combat pour la démocratie, les libertés et les droits de l’homme, l’affaire de tous les algériens qui partagent ces idéaux. Il est possible de faire bouger les lignes – les Algériens le démontrent quotidiennement et les exemples abondent.

Lecteur Boukinsis : Monsieur Hadjadj vous savez aussi bien que nous tous que l’Internet a dévoilé beaucoup des malversations de nos décideurs, à commencer par la famille présidentielle, les généraux, les ministres, les walis etc. Ce n’est plus un tabou. L’impunité a fait que la corruption fait partie du quotidien et le peuple commence à s’y habituer d’une manière très dramatique. Quand on nous dit que le ministre «flane» a détourné 2 millions de dollars, ça passe comme si on donnait le score d’un mach de foot et on oublie vite ce ministre en parlant d’un général qui prend des pourcentages sur les sociétés d’importations en échange de sa protection et ainsi de suite. Qui va lutter contre la corruption du moment que la justice est elle même le théâtre de scènes de corruption hystériques : j’ai vu des procureurs de la République, des juges d’instruction, des présidents de Cour succomber à des sommes allant de 30 000 à 50 000 DA : sur 10 affaires la semaine ils se remplissent les poches. La corruption est tout simplement devenue un phénomène de société en Algérie. Ne pensez vous pas que la corruption est désormais devenu une culture dans notre pays, et qu’il est hypothétique voire illusoire de vouloir lutter contre ce phénomène ? Un avis d’un sociologue serait le bienvenu sur cette question.

Réponse de Djilali Hadjadj : Ne pas prendre pour argent comptant – sans vouloir faire de jeux de mots -, tout ce qui est publié sur Internet : il faut toujours essayer de partager le bon grain de l’ivraie. Ce qui est sûr, c’est qu’Internet est notamment un outil extraordinaire pour faciliter l’accès à l’information. L’étendue de la corruption dans la justice est énorme et les chiffres que vous donnez sur les pots-de-vin sont très loin des «tarifs» actuels en vigueur. Je ne partage pas du tout votre pessimisme et votre défaitisme dans la lutte contre la corruption.

Lecteur Mohand.Ouchavane : Mr Hadjadj pour tout le respect que je vous dois : peut-on parler de corruption basse et de haute corruption comme en météo basse pression et haute pression ou de mesures d'altitude basse altitude et haute altitude .Comment arriver à identifier la haute corruption située dans les hautes sphères et comment réussir à la combattre ? Merci.

Réponse de Djilali Hadjadj : Ou grande et petite corruption, centrale ou locale, verticale (dans un secteur donné) ou horizontale (sur un territoire donné). La typologie de la corruption est très large. L’identification de la grande corruption au sein du pouvoir en Algérie est «facilitée» - paradoxalement -, par l’impunité dont bénéficie ce pouvoir : le «tout est permis» qui prévaut à grande échelle devient un vecteur de cette identification et permet de presque tout savoir, sans même faire de grands efforts d’investigation ni mener de grandes enquêtes. Combattre cette corruption est une autre affaire, autrement plus difficile et plus risquée, le pouvoir intensifiant la répression sous toutes ses formes pour se protéger des dénonciateurs.

Lecteur Mohand Mokher : Mr Djilali Bonjour. Au lieu de courir derrière les multinationales pour les obliger ou inciter à publier ce qu'elles payent, pourquoi ne pas obliger les compagnies nationales à publier ce qu'elles vendent (quantités et prix) ?

Réponse de Djilali Hadjadj : L’AACC essaye de faire les 2. Les Multinationales installées en Algérie doivent rendre public ce qu’elles payent au gouvernement et ce qu’elles engrangent comme revenus de toutes sortes : les Algériens doivent savoir. Nous faisons partie des signataires en 2002 de l’Initiative internationale «Publiez ce que vous payez» que vous pouvez découvrir sur Internet.

Lecteur Mohamed Hannachi : Mr Djawad Anis vous dit : chaque fois qu’un délit pareil est avéré, des manifestations doivent être organisées pour que la justice s’en saisisse et fasse son travail. NON monsieur, il faut d´abord manifester pour déloger cette justice, après tout rentrera dans l´ordre.

Lecteur Djawad Anis : C'est bien beau de dénoncer la corruption mais ce n'est pas suffisant. C'est un phénomène tellement répandu dans notre pays que tout le monde en parle librement. Ce qu'il faut à mon avis, c'est que le peuple passe à l'action. Chaque fois qu'un délit pareil est avéré, des manifestations doivent être organisées pour que la justice s'en saisisse et fasse son travail. Mais vous allez me dire que même la justice est corrompue, c'est hélas la vérité aussi.

Réponse de Djilali Hadjadj : Facile à dire, très difficile à faire, face à un pouvoir autoritaire et répressif, qui maintient l’état d’urgence indéfiniment, et dont la règle est «qui n’est pas avec moi est contre moi» et «qui est contre moi, je le combats avec les moyens les plus illégaux». Ce que vous préconisez est l’idéal : l’AACC ne demande qu’à manifester publiquement, tous les jours s’il le faut, à chaque fois que c’est nécessaire pour dénoncer un cas avéré de corruption. Ce qui ne veut pas dire que nous ne l’envisageons pas. Nous avons commencé à le faire dernièrement – rassemblements dans la rue à Khenchela lors du 9 décembre, Journée internationale contre la corruption, et nous le referons sans hésiter.

Lecteur Taleb : La corruption est un mal qui ronge notre cher pays depuis l'indépendance, aujourd’hui votre association prône des actions contre la corruption. Mais connaissant notre pouvoir et même notre société : est ce vraiment possible d'éradiquer la corruption qui s'étale sur tous niveaux où chaque algérien vole selon le poste qu'il occupe ? Bien sûr il y a des hommes et femmes honnêtes, mais peuvent-ils contrecarrer une mafia qui sème la terreur pour garder sa main mise sur notre économie ? Je trouve votre travail encourageant et noble et je vous souhaite BON COURAGE.

Réponse de Djilali Hadjadj : Soyez nombreux à nous rejoindre, et aux côtés et avec toutes les forces de progrès, nous pourrons contribuer à élever et à pérenniser ce combat contre la corruption.

Lecteur Djeha Namous : Bonjour Mr HADJADJ. Ce n'est nullement pour diminuer de l'importance de votre association, mais seulement je voudrais que vous nous expliquiez l'utilité de cette association que vous représentez dans un pays où manifestement la corruption est non seulement devenu légion mais en plus, toute personne qui s'aviserait à afficher sa désapprobation face à ce fléau peut être certain que d'une manière ou d'une autre on finira par lui réserver de belles chiennes pour ses chiens (excusez l'expression). En plus, il ne faut pas avoir peur de dire que la corruption est en plus présente même dans les institutions censées elles- mêmes la combattre (police, justice, etc.) alors je vous en prie !!!! C’est pourri jusqu'à la moelle!!

Autre question similaire : …..Svp, dites vous représentez quoi au juste ? Comment votre association a été créée ? Et par qui au juste ? Et pour quel but ? Et est ce que vous avez un pouvoir pour mettre à nu le vol au quotidien par la mafia qui ronge notre pays et bien sur à sa tète ............? Svp répondez bien à mes questions et merci.

Réponse de Djilali Hadjadj : L’AACC a été créée par des citoyens issus de différents secteurs d’activité à l’effet, dans une première étape, de contribuer à casser le tabou de la corruption, à en parler ouvertement et publiquement , à essayer d’en quantifier l’ampleur et d’en connaître les mécanismes, de mener des actions d’information, et d’élargir son champ d’action, notamment sur le terrain auprès de toutes celles et de tous ceux qui se sentent concernés par ce combat et qui veulent passer à l’action. Nous avons toujours eu le courage de nos déclarations, de nos écrits et de nos prises de position quant à l’étendue de la corruption, et nous avons maintes fois dénoncé les ravages que cause ce fléau, notamment dans les secteurs de la justice et de tous les services de sécurité, quel qu’ils soient, et pas uniquement la police. Puisque c’est pourri, agissons pour nous débarrasser de cette pourriture et nous en prémunir !

Courrier envoyé via Internet : Cette association a-t-elle reçu l'agrément des autorités? Comme les autres associations officielles: ligue des droits de l'homme. Quand on sait que Bouteflika a été accusé du temps de Chadli. Surtout n'avancez pas quelques noms de minables qui vont servir d'alibi. Je vais espérer, si vous êtes contre un troisième mandat de notre despote, que votre action serve à quelque chose...au moins parler de la corruption!

Réponse de Djilali Hadjadj : Malgré le dépôt de notre dossier de demande d’agrément, conformément à la loi de décembre 1990 relative aux associations, au ministère de l’Intérieur, ce dernier ne nous a jamais répondu, ne serait-ce que par bienséance la plus élémentaire, et malgré les nombreux courriers de rappel que nous lui avons adressés. Une disposition de cette loi, quand il n’y a pas de refus écrit de ce ministère dans un délai donné, nous autorise à nous considérer comme association agréée de fait. Du côté du pouvoir (présidence de la République), on nous a fait savoir que l’AACC n’était ni autorisée, ni interdite, mais qu’elle était tolérée ! L’AACC se prononcera prochainement sur le projet du pouvoir de modifier la Constitution et d’accorder un 3ème mandat à l’actuel président. Personnellement, je suis signataire de l’Initiative civique pour l’application effective de l’actuelle constitution. Par principe, l’AACC est pour l’alternance au pouvoir, et considère que l’exercice des 2 mandats de l’actuel chef de l’Etat est un échec total.

Lecteur Kamel Ouahioune : Bonjour Monsieur Djilali HADJADJ, Tout d'abord je salut votre courage pour votre travail contre la corruption... (Je lis régulièrement votre page hebdomadaire du lundi, sur le sujet dans le Soir d'Algérie, ainsi que celle du mercredi sur les droits des retraites) Ensuite, j'ai l'honneur de vous poser la question suivante pour le forum le Matin:- Que pensez vous d'une loi faisant obligation à toute institution de publier ses comptes sur internet afin que tout le monde puisse la contrôler et par là décourager toute forme de corruption en son sein ? Merci d'avance pour votre réponse!

Réponse de Djilali Hadjadj : C’est une pratique en vigueur déjà dans de nombreux pays et que la Convention des Nations Unies de 2003 contre la corruption nous recommande de mettre en place. Cela s’appelle le E-gouvernement et cela permettrait à tout citoyen, et donc à tout contribuable, d’exercer son droit à l’accès l’information, droit qui n’existe pas encore dans la législation algérienne. Le culte du secret est encore largement dominant dans les institutions de l’Etat et de leurs démembrements. A titre de (mauvais) exemple, le ministère de l’Intérieur n’a toujours pas de site Internet !

(A suivre : 2è partie)

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Commentaires (19) | Réagir ?

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wakkafi

si on fauche il nous restera toujours les racines, celles du mal, vous savez celui qui ronge l'algerie dans ses entrailles. des responsables aux plus hauts niveau des administrations de wilaya maitrise bien la situation qui les avantage, on a laisser le temps travailler pour eux. auniveau de la wilaya de chlef les élus des chambres consulaires aidés fortement par des nommés recents au sein de la wilaya, au lieu de stopper l'hemoragie aide au saignement de l'économie le nouveau directeur du commerce de la wilaya fait bien profiter l'entreprise de ses enfants délocalisée pour cause, la femme etant plus femme d'affaire sait mettre dans les mains ce qu'il faut pour avoir ce qu'il faut. y compris l'achat de bonnes notes pour ses filles etudiantes en medecine, bac etc le dernier zorro qui est arrivé à chlef il y a moins d'un an n'a fait que ce font les autres ailleurs, mais qu'on ne vienne pas nous dire il est arrivé pour mettre de l'ordre dans les salon d'ouverture de plis, etc etc etc monsieur F. K et ses rejetons k et n sont accoutumés dit on au faire valoir de leurs desirs, madame N K y veille cette lettre n'est en aucun cas une acusation la corruption n'étant pas encore un crime punissable à ce jour, comme il se doit.

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kardoud abbas

Les jeunes chômeurs et les universitaires algériens préparent une grêve générale illimitée en Algérie à partir du 19 février 2010 vers 10h. Oran, Alger, Constantine, Tizi Ouzou, Annaba et Mascara, le rendez-vous aura lieu devant le portail de l'université (de chaque wilaya), pour les autres wilayas, le rv aura lieu devant le siège de la wilaya. Cet évènement sera organisée passivement, sans faire du mal à personne, calmement et légalement.

L'armée et les services de sécurité nationale se préparent pour que cet évènement révolutionnaire se déroulera dans de bonnes conditions. Les Algérois iront directement devant le palais du gouvernement pour demander le départ immédiat de certains ministres. Les 3000 jeunes du côté est se pointeront devant la présidence de la république où ils revendiquent le remplacement immédiat de Bouteflika ainsi que le départ sans condition de plusieurs hauts responsables de la présidence.

Causes principales de la manifestation:

1. Corruption

2. Piston

3. Différence des salaires

4. Absence de démocratie

5. Réintégration des compétences

6. Départ des incompétents

7. etc...

Cet évènement a été préparé et étudié intelligemment par des chercheurs et experts politiques et économiques assistés par des étudiants et des journalistes. Certains partis seront également présents.

Vive l'Algérie saine et musulmane

Justice, fraternité, Egalité..

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