Chlef, Berriane et le bakchich

Chlef, Berriane et le bakchich
Les révélations sur la corruption coïncident avec les émeutes de Chlef puis de Berriane. Hasard ? Oh, non ! Plutôt un résultat de cause effet : la corruption est signe d’incurie et de mauvaise gestion ; l’incurie engendre la pauvreté et le désespoir.

Qui peut le nier ? Que le vent de l’émeute souffle à nouveau sur les quatre coins de l’Algérie est symptomatique non seulement d’un profond malaise social mais d’un point de non retour. L’émeute et autres manifestations de rue sont comme le signe d'un grand et définitif accablement. Aussi grand que la colère. Immense. Immense et imprévisible.

A la mesure du mépris du pouvoir.

Où allons-nous ?

Ainsi, note un confrère, on croyait pourtant avoir tout vu avec ces jeunes harraga qui se jettent dans l’écume des vagues incertaines dans l’espoir d’échouer quelque part au Nord dans une incroyable mésaventure humaine. Mais le « génie » de nos dirigeants qui ont complaisamment tourné le dos aux souffrances du peuple nous a offert cette image insoutenable d’un jeune Algérien en détresse s’automutilant devant le portail d’une administration. C’était l’autre jour à Tizi Ouzou. Et c’est une première dans la liste noire de la « non-assistance à jeunesse en danger », qu’un Algérien en vienne à se larder le corps à coups de couteau pour attirer l’attention. Un geste de désespoir qui constitue à lui seul un baromètre de l’Etat de la jeunesse dans un pays qui exhibe avec arrogance ses milliards de dollars apparemment inutiles.

Ce n’est certainement pas verser dans l’alarmisme que de noter un désarroi social sans précédent en Algérie.

Le divorce pouvoir-société a pris une tournure dramatique.

Le retour de la protestation sous cette forme violente dénote qu'un pas a été franchi en direction d'une dissidence générale et virulente en face de laquelle le pouvoir n'a pas de réponse. Depuis des mois que les fonctionnaires protestent, personne n’a osé les recevoir. Qu'auraient-ils à leur répondre, car la question est celle-ci : qu'avez-vous fait de l'argent du pétrole ?

Alors, la seule réponse qu'oppose le régime est la force. Les syndicalistes autonomes qui donnent une belle leçon de solidarité et de démocratie sont « accueillis » par la matraque et le gourdin. C’est le tarif syndical pour qui ose défier l’ordre établi. Qu’il soit jeune chômeur, enseignant, médecin ou universitaire, de Chlef, de Berriane, d’Oran, de Timimoun, de Tizi, de Beni Abbès ou d’Alger, le protestataire n’a droit qu’à un traitement : la pression ou la répression. L’Etat qui a vocation à écouter ses citoyens semble avoir perdu sa mission élémentaire. Il n’en n’a plus les ressorts et les moyens.

Le mépris attise la colère.

C’est pour cela que la rue gronde en ce printemps… noir.

L.M.

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Commentaires (9) | Réagir ?

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assirem

je remercie mouloud pour la pertinance de son commentaire.. car constater et ne pas reagir, c"est la mort de l'ame.

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massi

un article sur le yahoo sur les emeutes de berriane rapporter par lagence presse sous le titre" accrochage dans une ville algerienne entre arabes et berberes", qui fait etat d'un affrontement entre ces deux populations. je ne sais pas ce qui se passe exactement dans cet localite mais, l'information et elle manupuler par le matin ou par LAP?qui dit vrais dans cette histoire, j'espere que nos amis du matin publierons mon commentaire et surtout nous donner plus d'information sur la version de LAP, par devoir de verite.

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