Forum des citoyens : les consultations sont un monologue politique

Bouteflika a lancé ses pseudo-consultations pour faire oublier l'infamie du 17 avril
Bouteflika a lancé ses pseudo-consultations pour faire oublier l'infamie du 17 avril

Le Forum des citoyens pour la deuxième République nous a fait parvenir le communiqué suivant.

Après un scrutin présidentiel marqué par le sacre d’un chef d’Etat impotent, fait unique dans les annales mondiales, le pouvoir lance des consultations pour une révision constitutionnelle en guise d’artifice destiné à apaiser la scène politique qui s’est emballée à la suite de ce coup de force. Maintenant que l’actuel locataire de la présidence n’est même plus assuré d’aller au terme du mandat pour cause d’une santé précaire, toute la manouvre semble tourner autour de la remise en vigueur de la limitation du mandat présidentiel, acquis brisé il y a une dizaine d’années. Ceux qui ont soutenu le quatrième mandat, voire même le cinquième contre la raison au minimum, se sont déjà rangés à l’idée du concept renouvelé. C’est dire le peu de crédit de la classe dirigeante et du personnel qui la représente. Immense perte de temps qui indique que les personnes sont plus importantes que les institutions dans ce système usé mais toujours accroché à la conduite de l’Etat.

Comme on pouvait s’y attendre du fait de cette démarche longtemps éprouvée, du caractère artificiel de l’opération et d’un ensemble d’autres causes, le pouvoir se retrouve à dialoguer avec lui-même. Ce monologue souligne l’isolement du pouvoir et met encore davantage en relief la nécessité de refonder le processus de légitimation en renversant la perspective. Le pouvoir constituant appartient au peuple, tel est le crédo qui doit animer l’ensemble des acteurs politiques.

A côté, une opposition de conjoncture, hétéroclite idéologiquement, activant à fronts renversés politiquement, a réussi le pari d’une rencontre inédite de par le nombre, mais n’a pu affiner ses propositions de transition du fait de son trop large spectre. Il en est ressorti naturellement des généralités dans ses énoncés et le désir à peine contenu de se poser en alternance alors que la société algérienne cherche l’alternative démocratique. Le pouvoir et l’opposition puisent, malheureusement, dans le même stock idéologique.

Les principes et fondements de la démocratie ne souffrent d’aucune ambiguïté. Ils sont basés sur la séparation du champ politique et du champ religieux, la séparation et l’équilibre des trois pouvoirs – exécutif, législatif et judiciaire, respect et promotion des droits de l’homme, l’égalité des droits, la mise en action des libertés individuelles et collectives. C’est avec cela que l’Etat de droit prend son sens et son effectivité. A défaut, ce dernier perd toute sa substance en étant réduit qu’au respect de la norme juridique en vigueur qui, elle, peut être éditée sur une conception inégalitaire. C’est l’égalité des droits, entre l’homme et la femme notamment, qui est la première condition de l’égalité devant la loi. La République, synonyme de l’intérêt général et de la citoyenneté, est le creuset du patriotisme constitutionnel fondé sur le partage de ces valeurs communes.

Une transition qui se veut démocratique ne peut échapper à cette démarche sauf à reproduire le même système tout en persistant à maintenir la crise de la représentation qui frappe de plein fouet la classe politique.

L’Algérie a besoin aujourd’hui de clarification des termes du débat sur la transition et notamment sur le projet de société. La transition rimera avec son épithète démocratique qu’à cette condition.

C’est à cette tâche, entre autres, que notre forum s’y est attelé et continuera à œuvrer.

Alger, le 15 juin 2014.

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Commentaires (2) | Réagir ?

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gestion

MERCI

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Atala Atlale

Je continuerai pour ma part à affirmer que l'article 88 de la constitution est toujours d'actualité et qu'il faille par conséquent l'appliquer, bien évidemment les spécialistes du droit ont failli en n'imposant pas par tous les moyens le respect de cet article et précisément de la constitution, quand j'entends certains proposer un mandat à 7 ans, cela frise l'indécence en ces temps de viols et de corruptions et surtout d'impunité. Ces prédateurs qui sont en train de préparer un désordre genre Syrie, Libye ou Irak, seront un jour comptable devant une vraie justesse et un état restauré dans ce pays pour lequel un millions et demi de martyrs sont tombés.