3 et fin. Hélas pour vous, on ne crée pas des groupes industriels par décret !

3 et fin. Hélas pour vous, on ne crée pas des groupes industriels par décret !

La bataille de la relance économique future de l’Algérie et notre place dans la compétition mondiale se remportera grâce à la bonne gouvernance, notre capacité à innover au sein du grand Maghreb. Un taux de croissance se calcule par rapport à la période antérieure, un taux de croissance élevé en TL'Algérie aura t-il un taux de par rapport à un taux de croissance faible en T0 donne cumulé un taux relativement faible. Dès lors, l’Algérie réalisera t-elle un taux de croissance en terme réels de 9/10% reposant sur des segments dynamisants , sans de profondes réformes inconstitutionnelles et micro-économiques, pour atteindre 7% en 2020, telle est l’objet de cette présente contribution

En cette ère de mondialisation, il me semble erroné de parler de stratégie industrielle, ce qui supposerait une autonomie totale de la décision économique surtout pour un micro-Etat comme l'Algérie, alors que la tendance est aux grands ensembles, d'où l'importance d'espaces économiques fiables maghrébin, euro-méditerranéen et africain, espace naturel de l'Algérie. En ce XXIe siècle, on assiste à l'évolution d'une accumulation passée se fondant sur une vision purement matérielle, caractérisée par des organisations hiérarchiques rigides et à un nouveau mode d'accumulation fondé sur la maîtrise des connaissances et des nouvelles technologiques et des organisations souples en réseaux comme une toile d'araignée à travers le monde avec des chaînes mondiales segmentées de production où l'investissement, en avantages comparatifs, se réalise au sein de sous-segments au sein de ces chaînes. Or, l'assainissement des entreprises publiques a coûté au Trésor public plus de 60 milliards de dollars entre 1971 et 2013, dont la majorité sont revenues à la case de départ. 

Les banques publiques sont malades de leurs clients, à savoir les entreprises publiques, ce qui explique également, couplé avec l'inefficacité des dépenses publiques, que ce n'est pas une question de finances mais renvoie à l'urgence d'un réajustement de la politique économique et sociale algérienne. Cela renvoie aux contraintes d'environnement : bureaucratie et corruption posant la problématique de la gouvernance, système financier sclérosé, absence d'un marché foncier libre, d'un marché de travail et d'une main d'œuvre adaptée et surtout aux changements perpétuels du cadre juridique. Rappelons que de 1965 à 1980, nous avons de grandes sociétés nationales et de 1980 à 1988, nous assistons à une première restructuration découpant les grandes sociétés nationales. Avec la crise de 1986 l'Etat crée 8 fonds de participation qui étaient chargés de gérer les portefeuilles de l'Etat. Comme conséquence de la cessation de paiement en 1994, avec le rééchelonnement, en 1996, l'Etat crée 11 holdings en plus des 5 régionaux avec un Conseil national des privatisations ; en 2000, nous assistons à leur fusion en 5 mégaholdings et la suppression du Conseil national des privatisations ; en 2001, nouvelle organisation avec la création de 28 sociétés de gestion des participations (SGP) de l'Etat. 

Tâtonnement depuis 2009 où les SGP devraient être progressivement dissoutes et remplacées par des groupes industriels avec des zones intégrées. Le risque n’est-il pas de revenir à l'ancienne organisation administrative des années 1970 de tutelle de chaque département ministériel ? Par ailleurs récemment en reconnaissant l'échec dans l'attrait de l'investissement direct étranger, l’on avance l’assouplissement de la règle des 49/51%. Or, l’erreur est d’avoir codifié cette règle dans une loi ne laissant plus de marges de manœuvre et créant des polémiques inutiles au niveau international, nuisibles à l’image de l’Algérie. Comme cette illusion de croire qu’un nouveau code d’investissement dynamiserait l’investissement productif alors que l’Algérie manque de vision stratégique pour s’adapter aux nouvelles mutations. Ces changements d'organisation périodiques démobilisent les cadres du secteur économique public, les investisseurs privés locaux et étrangers montrant clairement la dominance de la démarche bureaucratique au détriment de la démarche opérationnelle économique.

Conclusions des trois parties

En résumé, on ne crée pas des groupes industriels par décret. C'est le marché local et mondial qui est l'élément déterminant. Cela suppose de relever le défi du XXIe siècle, à savoir l’Etat de Droit, la bonne gouvernance, la valorisation du savoir sur lesquels doivent s'appuyer des entreprises dynamiques ouvertes à la concurrence internationale. Faute de quoi la production et les exportations hors hydrocarbures et le taux de croissance de 7% entre 2017/2020 sans réformes structurelles et management stratégique ne seront qu'un vœu pieux. Car la vision bureaucratique administrative ne peut que conduire le pays à l'impasse, faute de vision stratégique, et ce au moment où l'industrie au niveau mondial, devrait connaitre d’importantes reconfigurations à l'horizon 2015/2020. Aussi, les différents documents disponibles actuellement au niveau du gouvernement portant stratégie industrielle en Algérie pour être opérationnel et cohérent ont besoin d’une quantification précise et datée. L’Algérie , si elle veut devenir un pays émergent, elle en a les capacités, n’a pas besoin d’une stratégie industrielle non opérationnelle avec des axes vagues, vision des années 1970/1980, mais d’une stratégie d’entreprises dans le cadre de filières internationalisées si un taux de croissance en termes réels de 9/10% entre 2014/2020, si elle veut dynamiser les exportations hors hydrocarbures.

Dr Abderrahmane Mebtoul
Professeur des Universités Expert International

Lire la 1re partie : 1. Il vous faut dépasser le syndrome hollandais pour atteindre un taux de croissance de 7% en 2020

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Aksil ilunisen

L'Algerie actuel suit le model marocain, et qui consiste a en faire une neo-colonie la plus parfaite du monde occidental.

Conclusion: Meme si la guerre d'Algerie etait un modele de revolution anti-coloniale du siecle passé; a ce jour, son independance demeure vainement une chimere.