Abou Hamza raconte avoir perdu ses mains en maniant des explosifs au Pakistan

Le prêcheur de la haine et du crime, Abou Hamza.
Le prêcheur de la haine et du crime, Abou Hamza.

Le prêcheur islamiste britannique Abou Hamza a raconté jeudi lors de son procès à New York qu'il avait perdu ses deux mains en 1993 en manipulant des explosifs de l'armée à Lahore, au Pakistan.

Ces explosifs avaient été préparés par un homme portant le même nom qu'un "formateur" de recrues d'Al Qaida en Afghanistan entre 1999 et 2001. De son vrai nom Mustafa Kamel Mustafa, Abou Hamza, 56 ans, est d'origine égyptienne. Il est accusé de complot et prise d'otages, pour l'enlèvement de 16 touristes au Yémen en 1998, dont deux Américains. Il est aussi accusé d'avoir envoyé des candidats au jihad s'entraîner en Afghanistan et de soutien terroriste, en liaison avec un camp d'entraînement dans l'Oregon.

Il a plaidé non coupable des 11 chefs d'inculpation retenus contre lui, tous liés à des événements antérieurs aux attentats du 11-Septembre. Il risque la réclusion criminelle à perpétuité.

Prenant la parole pour le deuxième jour au tribunal fédéral de Manhattan, l'imam a affirmé qu'il "aimait" Oussama Ben Laden, qu'il n'a pourtant jamais rencontré. "C'est un homme très célèbre. Tout le monde l'aime, moi y compris", a-t-il déclaré. Il a raconté aux jurés son déménagement avec sa famille au Pakistan en 1992, pour aider à la reconstruction de l'Afghanistan ravagée par la guerre.

Après que les Saoudiens eurent arrêté de financer les projets sur lesquels il travaillait, Abou Hamza, ingénieur de formation, s'est mis à aider d'anciens jihadistes arabes en Afghanistan, qui s'étaient battus contre les soviétiques, à trouver du travail avec l'armée pakistanaise. A l'époque, l'armée recherchait d'anciens combattants sachant manier les explosifs pour "l'aider dans d'autres zones de conflit", comme il l'a expliqué.

En 1993, lui-même travaillait à une plaque d'acier avec un ingénieur pakistanais, dans le cadre d'un projet pour lequel d'autres "préparaient des explosifs". Parmi eux, un Egyptien marié à une Britannique, Abou Khabab, qu'Abou Hamza avait lui même présenté aux militaires pakistanais.

Un témoin au procès, Saajid Badat, avait déjà mentionné un Abou Khabab, qui selon lui apprenait le maniement des explosifs dans un camp d'entraînement au jihad en Afghanistan entre 1999 et 2001. Ces préparatifs avaient lieu dans la ville de Lahore, près de la frontière indienne, dans des logements fournis par l'armée.

L'armée pakistanaise lui demande le silence

"J'étais très surpris", a raconté Abou Hamza. Les explosifs étaient selon lui testés sur un terrain vague entre deux maisons, mais aucun voisin ne s'en plaignait ou n'appelait la police. "C'était toutes des familles de militaires". Selon lui, Abou Khabab se préoccupait peu de sécurité, et avait préparé un petit paquet d'explosifs, associé à un détonateur.

L'engin explosif avait commencé à chauffer, Abou Hamza s'en était saisi, mais n'avait pas pu suivre le conseil de le jeter dans la salle de bains, car quelqu'un utilisait le lavabo, a-t-il raconté. Il a expliqué avoir "senti l'explosion" avant de tomber dans le coma. Il a ensuite été soigné un mois dans un hôpital militaire de Lahore.

Il rentrera ensuite à Londres pour que des prothèses lui soient posées et repartira six mois plus tard au Pakistan récupérer ses enfants début 1994. Selon son témoignage, l'armée pakistanaise lui aurait dit qu'elle ne recruterait plus d'anciens moujahidines arabes, mais lui avait demandé le silence. "L'armée m'a dit (...): +Ne nous mettez pas dans l'embarras avec ce qui s'est passé+".

Par le passé, certaines informations avaient placé cet accident en Afghanistan. Abou Hamza a souligné que "toutes sortes d'histoires" avaient circulé sur le sujet, dont l'une affirmant qu'on lui avait coupé les mains après qu'il eut été arrêté pour vol en Arabie saoudite.

Abou Hamza a ensuite raconté qu'il avait changé son nom légalement sur son passeport britannique, pour se rendre en Bosnie dans les années 90, afin de fournir des voitures et de l'argent aux combattants musulmans. C'était aussi simple que de payer 25 livres (42 dollars aujourd'hui) et de donner comme nom John Travolta, a-t-il ajouté en plaisantant, provoquant les rires des jurés.

AFP

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