Bouteflika IV : prélude à l’ultime coup d’État

Bouteflika a péniblement prêté serment pour le mandat à vie.
Bouteflika a péniblement prêté serment pour le mandat à vie.

Ce lundi 28 avril, Bouteflika a «prêté serment». Ultime étape du déroulement d’un énième coup d’État.

Pour nous limiter à son parcours propre, rappelons qu’en 1999, il est arrivé au pouvoir à la faveur du débarquement du président le mieux élu de l’histoire de l’Algérie. Le président Zeroual a dû abdiquer devant les forces occultes du système. Si, en 1994, Bouteflika a décliné l’offre de nomination à la présidence de l’État qui lui a été faite, ce n’est pas par dédain pour le poste ; mais seulement parce que son camp n’avait pas encore infléchit le rapport de force en sa faveur. Une fois cette inflexion acquise, il est parti à la conquête du pouvoir pour l’investir et ne plus le quitter.

Zeroual avait fait adopter une constitution qui, bien qu’en retrait par rapport aux possibilités du moment, introduisait de louables mécanismes institutionnels. En 2002 Bouteflika se délesta du poste de chef de gouvernement, en 2008, il leva la limitation des mandats et 2014, il verrouilla ministères de souveraineté et conseil constitutionnelle pour se soustraire aux dispositions de l’article 88 de la constitution. Concentrer les pouvoirs entre ses mains ; lever l’entrave qui l’empêchait de prolonger son pouvoir et enfin s’imposer nonobstant son état de santé qui le disqualifie au regard de dispositions explicites du texte fondamental. Trois coups d’État l’un derrière l’autre, c’est un record et ce n’est pas encore fini.

Il lui reste, d’un côté, à neutraliser définitivement la hiérarchie militaire. Il s’en est donné les moyens : la simple application de l’article 20 du statut des personnels militaires, largement préparé par la gestion des carrières des personnels qui «ne lui sont pas acquis», va réaliser ses promesses de Davos. D’un autre côté, il lui faut assurer le bonheur des siens, pas seulement sa famille, mais tous les requins qui ont taillé en pièce l’Algérie et en ont fait leur patrimoine. Le moment leur semble venu de fructifier ce butin de rapine. Pour cette ultime phase, l’amnistie générale, ils seront capables de tout, même d’un autre octobre algérien au quintuple ou plus.

Alors, s’arrêter aux détails de la mise en scène de ce jour ? Non, merci.

Mohand Bakir

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Commentaires (2) | Réagir ?

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Quelqun EncoreQuelqun

Je suis du côté de Ain Taya depuis le 14 avril dernier, et je puis vous garantir qu'ayant sillonné pratiquement TOUT l'Algérois, il ne s'est absolument rien passé durant qui mériterait d'être relaté.

En dehors de quelques "barakateries" aux accents "Ni putes Ni soumises", rien, walou, oulach.

Ceci pour dire que l'on se demande parfois à qui s'adressent vos papiers aussi pédagogiques soient-ils. Ya3ya l'ghachi à Mohend! Sinon, la démocratie tout comme la liberté ne se donne pas; elle s'arrache. En revanche, l'ghachi, lui, a besoin de visas, de belles blondes (à fumer, à boire et plus si affinité). L'ghachi a également besoin d'être éclairé, et ce n'est certainement pas quelques apparitions Place du Trocadéro ou des papiers sous forme de prêches qui aideront à changer la donne.

C'est une façon comme une autre de dire que citer Zeroual en exemple d'ouverture démocratique, reviendrait à louer les mérite de notre Boutef National ne serait-ce que pour nous en avoir débarrassé (du zeroual). Betchine doit ricaner sous cape en lisant votre papier. Ah ya dounith m'lâ3youv !

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m'hend Umeri

Connaissant l'hostilité que lui voue l' opposition démocratique et une majeure partie de l'armée; Bouteflika ne veut pas risquer de finir comme Moubarek, en Egypte, trainé, lui ses enfants, les notablles du régime, devant les tribunaux. Il fera tout pour se maintenir, assurant l'immunité de ses proches, impliqués dans la corruption a grande échelle, quite a boulverser la situation politique du pays, les pays occidentaux et les emirats du golf, lui étant acquis, les uns en raison de la crise économique grave qui traversent leurs pays, en quéte de débouchés pour leurs entreprises, les seconds, pour maintenir leur influence néfaste, sur le plan politique, religieux et de l'éducation. Alors ne révons pas trop, sur ses propositions de réformes et de changement qualitatif du systéme.