Changements climatiques : un défi surhumain

Nous avons tellement modifié nos divers écosystèmes, qu’ils deviennent lentement toxiques et dangereux.
Nous avons tellement modifié nos divers écosystèmes, qu’ils deviennent lentement toxiques et dangereux.

Les dommages que causeront les changements climatiques seront immenses, mais s’étaleront sur plusieurs générations. L’évolution de notre espèce ne lui a pas donné les outils nécessaires pour affronter une telle situation.

Nous avons tellement modifié nos divers écosystèmes, qu’ils deviennent lentement toxiques et dangereux. Les derniers rapports du Groupe intergouvernemental sur les changements climatiques décrivent avec une impressionnante quantité de détails ce qui attend l’espèce humaine au cours du 21e et 22e siècle. En Amérique du Nord, les précipitations vont se concentrer sur la côte Atlantique et le nord. Il y aura une réduction des réserves d’eau et une augmentation des sécheresses dans le sud et l’ouest du continent et dans tous les pays subtropicaux. La montée des océans causera des inondations dans le sud et l’est de l’Asie. Plusieurs pays seront beaucoup plus touchés que d’autres sur le continent africain, ce qui augmentera les risques de guerres. Les canicules mortelles deviendront 5 à 10 fois plus élevées. Inondations, ouragans, sécheresses, émeutes, famines, pillages, guerres seront le lot de nos petits-enfants. Pourtant, plutôt que d’engendrer un appel global à faire des changements immédiats, ces prédictions sont reçues froidement par plusieurs décideurs de la planète. Pour pouvoir bien comprendre pourquoi cela arrive, il faut aller à la base de leurs comportements, soit leur nature humaine.

Les changements climatiques sont un défi surhumain pour les mammifères que nous sommes. Au cours de leur évolution, les hommes ont appris à se défendre contre des choses qu’ils voyaient et qui les menaçaient directement. Notre espèce est habituée à se battre contre les forces de la nature, les prédateurs et les maladies. Elle n’a jamais été face à une menace qu’elle doit contrecarrer maintenant à grands frais, mais qui ne sera facilement identifiable et dangereuse que dans deux générations. Faire d’importants sacrifices maintenant pour améliorer la vie de nos petits-enfants n’est pas une chose que nous avons acquise par la sélection naturelle. Ce qui est vu par nos dirigeants comme un légitime désir de conserver la qualité de vie de leurs commettants est donc actuellement au cœur même des dangers qui nous menacent en tant qu’espèce. Les actions de ces gestionnaires qui ne voient pas pourquoi ils doivent diminuer leurs ambitions sont à la base même de tout le processus de dénigrement des conclusions du GIEC qui sont pourtant scientifiquement incontestables. Suivant leurs instincts et acquis génétiques ils agissent par ignorance, mauvaise foi ou pour ne pas être ceux qui paieront pour que les humains de 2050 vivent un peu mieux. Au cours des dix dernières années, les émissions de gaz à effet de serre ont donc augmenté plus rapidement que jamais, alors que les conclusions du GIEC demandaient qu’elles diminuent.

Les infrastructures vitales sont de plus en plus vulnérables partout sur la planète. Une action mondiale immédiate améliorerait les chances de maintenir le réchauffement climatique moyen sous l’objectif de deux centigrades par rapport au niveau préindustriel ce qui ne se passera pas en raison des actions de quelques décideurs. Les gestes de ces dirigeants qui mettent en danger des millions de vies sont des crimes contre l’humanité qui n’attendent que la mise en place de législations mondiales pour les punir. Cela pourrait cependant n’arriver que quand les effets de ces changements deviendront évidents, dans deux générations. L'égoïsme que l’évolution a inculqué à notre espèce l’empêche actuellement de répondre aux demandes de solidarité, de partage et de coopération que nécessite la situation. Une limitation ambitieuse des gaz à effet de serre devrait pourtant avoir un effet minimal sur la croissance économique mondiale, soit une diminution de 0,06 point de pourcentage par an. D’un autre côté, si rien n’est fait, la température moyenne de la Terre pourrait augmenter de 4 degrés centigrades d’ici à 2100 ce qui causerait une élévation du niveau de la mer entre 26 et 98 centimètres en fonction des endroits. 

Malgré les dissensions depuis une décennie entre pays riches et pauvres, les négociateurs se sont donnés jusqu’à la rencontre à Paris en décembre 2015 pour adopter le nouveau traité mondial. Régler ce problème peut même être fait à l’intérieur des structures internationales actuelles. D'après l’Agence européenne pour l’Environnement, l’action économique serait la plus efficace et rentable pour contrer les changements climatiques. Dans cette situation comme dans plusieurs autres, il coûte toujours moins cher d’appliquer maintenant des mesures de correction. La Banque mondiale a annoncé qu’elle avait besoin de 100 milliards de dollars pour s’adapter aux changements. Il faudra ériger des barrières naturelles et artificielles pour protéger les villes côtières de la hausse du niveau des océans ou déplacer leurs habitants. Rien n’est encore impossible si nous dépassons les limitations liées à notre nature animale et mettons en place une manière plus humaine de gérer notre futur.

Michel Gourd

Plus d'articles de : L'actu en Algérie et ailleurs

Commentaires (0) | Réagir ?