Mascarade électorale : BRTV et le pari de la neutralité

Le club de la presse de BRTV met sur le grille tous les sujets les plus sensibles.
Le club de la presse de BRTV met sur le grille tous les sujets les plus sensibles.

Son credo ? L'impartialité. Sa démarche ? La liberté de ton. Son but ? Permettre à ses téléspectateurs de comprendre les vrais enjeux de cette mascarade électorale très singulière et préparée dans une atmosphère si particulière. Berbère TV aura été la chaîne, la seule sans doute, à s’être distinguée par sa neutralité, son professionnalisme et son éthique journalistique le long de cette campagne électorale. Pari difficile, osé et risqué, mais pari tenu.

C'est pour la première fois dans notre pays qu’une «présidentielle» se déroule dans un paysage audiovisuel «enrichi» par une profusion de chaînes algériennes privées mais de droit étranger. Des canaux censés, ou du moins pensés pour concurrencer une chaîne publique, "affreusement"» prosternée et au service exclusif des pouvoirs en place. Concurrence, il y a eu certes, mais dans le sens de "qui plaira le mieux" au président et son clan. Le zèle de certains journalistes est souvent poussé, dans ce sens, jusqu’à son paroxysme. Ceux d'Ennahar TV, pour ne pas les nommer, iront, dans leur allégeance au président Bouteflika, aussi loin jusqu'à faire pâlir de jalousie leurs collègues de l'ENTV. Toutes les chaînés, a de rares exceptions, se couvrent du même ridicule et s'alignent sur cette même ligne éditoriale au point de rendre presque caduque la création de Wiam TV, une chaîne fomentée spécialement pour mener campagne pour le président candidat Bouteflika.

Ne pas s'aligner ou refuser de courber l'échine c'est courir le risque de passer à « l'écran noir » pour disparaître définitivement et sans préavis, du paysage audiovisuel. Atlas TV a connu cette mésaventure juste parce que son directeur de la rédaction Ghoul Hafnaoui n'écoutait vraisemblablement pas les directives venant d'El Mouradia et n’était pas aussi servile que l'est Anis Rahmani. Au sein d'autres rédactions, les journalistes qui ont cru naïvement à la liberté d'expression sont vite rappelés à l'ordre. Khaled Drarni et Abdellah Benadouda de Dzaïr TV ont frôlé le licenciement car leur patron, Ali Haddad, n'apprécie pas que les micros de sa télévision soient ouverts à ceux qui critiquent son mentor, le président Bouteflika.

Ainsi, le clan restreint et opaque du président fantôme a réussi, par cette fausse ouverture du champ télévisuel, la prouesse de contrôler toutes les chaînes privées et de les rallier à sa cause. Une seule chaîne échappe à cette chape de plomb : Berbère TV.

De Paris, car non autorisée en Algérie, la chaîne de Mohand Saadi s'est distinguée, durant cette période si particulière et sensible de la «présidentielle», en faisant du vrai journalisme. Aux manettes, l'inoxydable Kamel Tarwihth a transformé son plateau en forum ouvert à toutes les sensibilités. Son seul credo: l’impartialité. Invités de tous bords se sont succédé à son micro. Du très controversé Ahmed Ouyahia, promu chef de cabinet du président Bouteflika, à Ferhat Mehenni, chef de fil des «autonomistes» Kabyles, en passant par Saïd Sadi, leader charismatique du RCD, Saïd Khellil, figure connue du FFS, Sadek Hedjerès, responsable historique du PAGS, Mokrane Aït Larbi, Ali Yahia Abdenour, Mustapha Bouhadef et beaucoup d'autres ont tous eu droit à la parole. Une parole libre, puisque la démarche de Berbère TV, dans le but de permettre à ses téléspectateurs de comprendre les enjeux de la «présidentielle», c'est avant tout la liberté de ton. La liberté d’expression est sacrée sur cette antenne. Une liberté de ton qui ne rime cependant pas avec langue de bois, et c'est d'ailleurs ce qui fait la différence avec les débats monotones auxquels nous sommes conviés sur certains plateaux.

A la manière de Jean Jack Bourdin qui officie sur RMC/ BFMTV, Kamel Tarwihth fait subir à ses invités un véritable interrogatoire. Toujours en quête de vérité, avec des questions aussi pertinentes que précises, l'animateur vedette de Berbère TV parvient souvent a arracher a son invité la vérité qui blesse en le poussant jusque dans ses dernier retranchements. Le très rusé Ouyahia regrettera sans doute son passage sur cette chaîne comme l’a regretté avant lui, le candidat malheureux a la présidentielle, Ahmed Benbitour, malmené comme jamais au cours d'une interview-vérité il y a quelques mois, tout comme Ferhat Mehenni qui ne trouva réponse aux questions gênantes qui lui ont été posées cette semaine même.

Cette véritable mise à nu que tente et réussi Kamel Tarwihth atteste du degré de professionnalisme de la chaîne et de l’éthique journalistique de l'équipe rédactionnelle qui prépare les débats aux côtés de l'animateur. Car le débat politique sur le plateau de Berbère TV n'est pas né la veille de cette «élection présidentielle». Pour preuve, les débats initiés dans «Le club de la presse», un rendez-vous hebdomadaire dirigé par le même animateur et durant lequel cinq journalistes chroniqueurs dissèquent tous les sujets d'actualité. Qu'est-ce que le pouvoir ? Comment fonctionne le système algérien ? Quels sont les clans de ce régime ? Qu'est-ce qu'un Etat démocratique ? C'est quoi le wahhabisme ? Comment comprendre l'islamisme ? Quelle différence il y a entre régionalisme et autonomie ? Autant de sujets de fond débattus sur cette chaîne et qui ne sont abordés nulle part ailleurs. Voilà ce qui fait la singularité de Berbère TV dans un paysage audiovisuel perverti, qui même dans sa diversité aura servi a ses téléspectateurs la même et vieille rengaine que lui sert la télévision publique pendant toutes ses années.

Hamid Ben Hamza 

Professeur et consultant en communication

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Commentaires (2) | Réagir ?

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sarah sadim

Lol.... Son bilan sera celui de l'enfer, pourquoi alors rabâcher les mêmes choses, il s'agit de trouver d'autres manières alternatives et radicales pour s'en débarrasser, je vous suggere le Tribunal penal international pour crimes contre l'humanité avec les massacres de Kabyles et de Mozabites, c'est recevable dans le fond et la forme. Bien sur il sera accompagné de Yazid zehouni Ali tounsi est déjà devant le tribunal de Dieu, mais Hamel lui aussi doit accompagner Fakhamatouhou au prétoire de cette vanité internationale complice par son silence sur l'Algérie.

He oui, Bouteflika se trouve rattraper par sa délation et ses menaces proférées en public contre certains généraux de les trainer devant des Tribunaux, alors à votre Tour Fakhamatouhou d'y aller, vous qui avait gracié et enrichis les pires criminels islamistes par votre loi satanique dite de la réconciliation nationale.

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urfane

C'est une fenêtre d'espérance dans un monde audiovisuel algérien composé d'iharkiyenes, ichetahenes, dh'icheyatenes. Longue vie à BRTV et surtout au paradigme Amazigh qu'elle porte et lequel, à son tour, est porteur de modernité de laïcité et d'espoir.