Le pouvoir algérien dans la tourmente

La candidature du président en convalescence atteint le summum du risible ici et ailleurs.
La candidature du président en convalescence atteint le summum du risible ici et ailleurs.

La période actuelle en Algérie a quelque chose de particulier. Il y a comme de l'électricité dans l'air. Il y a comme une agitation, disons qu'il s'agit d'une inflation entropique.

J'avais déjà fait allusion dans quelques précédents textes pour signifier que le stade suprême de la médiocratie ne peut déboucher que sur les abîmes de l'absurde, de l'irrationnel et de l'obscurantisme. Et voilà, nous y sommes ! 

Alors que tous les pays du monde travaillent sans relâche pour améliorer un tant soit peu leur sort; nous, en contresens, nous nous évertuons à résoudre un koan dont on aurait bien pu s'en passer. Le pouvoir veut imposer un fantôme pour continuer de présider l'Algérie! Est-ce possible ? Alors que dans tous les pays qui se respectent, le pouvoir rend compte de ses actes et de leurs conséquences; chez nous, en contresens, le pouvoir baigne, ne serait-ce que temporairement, dans l'impunité et passe à la phase de provocation de la société.

Bien plus, on ne sait par quel sacré maléfice le pouvoir algérien s'est laissé embourber dans pareille situation? L'Algérie avec son passé, son présent et son avenir ne tiennent plus qu'au souffle d'un homme malade. Ce dernier certainement ne se rend pas compte des dégâts qu'il a irréversiblement occasionnés à ce pays. Lui qui a violé la constitution contre la volonté de tout un peuple pour se projeter roi-président de l'Algérie vivant et mort. Mais piétiner les vivants, c'est leur problème. Par contre, piétiner les Chouhadas est une Fatal Error ! 

Mais au fond, c'est la faute à Voltaire puisque son Val-de-grace n'arrive ni à améliorer sa santé, ni à lui prolonger la vie. Il ne reste plus qu'à se retourner vers les alchimistes pour espérer trouver l'élixir de jouvence et de l'immortalité avant qu'il ne soit trop tard. Sinon, après le règne de la médiocratie, quel citoyen pourrait supporter le règne de l'absurde et de la schizophrénie collective ?

Mais comment résoudre ce problème ? Le pouvoir n'a rien trouvé de mieux que d'initier une danse macabre où toutes les figures hideuses qui le représentent se sont mises en chœur et sans gêne, à essayer de justifier l'injustifiable et à défendre l'indéfendable, en voulant chemin faisant écraser toute forme de démocratie et tout soupçon de libre-pensée. 

Ce n'est pas pour tirer sur les ambulances; mais franchement j'ai du mal à trouver une grande valeur à cet homme sauf celle d'un acteur qui a bien simulé un rôle qui lui tenait vraiment a cœur, celui de roi-président.

Élevé dans les méandres du pouvoir avec ceux qui ont justement depuis Oujda planifié et usurpé l'indépendance de l'Algérie, il a très tôt appris et compris l'essentiel des connaissances, à savoir qu'il n'y a de logique ni de raison ni de véritable levier que celui du plus fort et du mieux armé. Des faits de guerre avérés durant la guerre de libération, on ne lui en connaît pas. Mais l'expérience acquise dans les complots et les luttes pour le pouvoir lors de l'accompagnement du colonel Boukharouba lui a confirmé que l'on peut mettre à genoux tout un peuple par le seul pouvoir de la force militaire et au moyen de son appendice, les services secrets. Cependant, après la mort du colonel Boukharouba, son espoir de le remplacer au sommet de l'état s'est évaporé. Sachant que la force n'étant plus de son cote, il a contenu sa rage et sa frustration en faisant le mort dans les palaces du Khalije et en Suisse. Faire le mort est une attitude de standby que savent instinctivement faire ceux qui connaissent la structure et le fonctionnement du système politique Algérien et qui espèrent être rappelés au service ultérieurement au moment opportun. Enfin, c'est après que l'Algérie a été meurtrie par une guerre civile dévastatrice qu'il a été appelé à jouer le rôle de président.

Mais quelle aubaine que de proposer la paix à une société déchirée et épuisée par une décennie de guerre civile. Quelle aubaine! les prix des hydrocarbures se mettent à grimper de façon spectaculaire. Quelle aubaine, la société a été vidée de sa substance et le seul interlocuteur est le pouvoir militaire comme au bon vieux temps.

Il reste à convaincre le monde extérieur. C'est très facile puisque les khalijiines sont de très bons conseillers dans ce domaine. Il suffisait de se mettre au service de la France et de la francophonie; de favoriser les USA et leurs alliés en politique énergétique et sécuritaire. Cela suffirait pour calmer l'ardeur de certaines ONG influentes pour permettre de diriger tranquillement la barque Algérie n'importe comment et n'importe ou.

Pour mémoire, lors d'une interview avant même les élections de son premier mandat, n'avait-il pas déclaré avec une arrogance inouïe que si le peuple ne le choisissait pas comme président, cela signifierait que ce peuple veut demeurer dans la misère et médiocrité ? 

Profitant donc de la conjonction de tous ces facteurs, il s'est entouré de rapaces. Puis, comme l'appétit vient en mangeant, ils ne veulent plus lâcher le morceau. Son comportement se comprend comme suit. Dès qu'il garantit que la force est du côté de son projet, il n'en fait plus qu'a sa tête et pense que la caravane va finir par passer et que les citoyens peuvent s'agiter autant qu'ils veulent.

Mais cette fois-ci il y a une erreur d'époque. Ce projet ne peut pas passer car il n'y a pas pire humiliation pour un citoyen honnête que celle d'être indéfiniment à la merci de minables corrompus. Par ailleurs, on ne peut pas fractionner la vie d'un homme car un traitre au dernier jour est équivalent à un traitre de toujours.

Quelque soit l'issue pour ce problème, la responsabilité incombe totalement à ceux qui l'ont choisi et imposé pour jouer ce rôle.

Abdelouahab Zaatri

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Commentaires (1) | Réagir ?

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khelaf hellal

Tout a une fin, sauf la honte de ceux et celles qui s'échinent à atteler le destin d'une nation jeune et fiére de sa révolution anti-coloniale , à celui d'un homme fini, malade, invalide et qui se reconnait lui-même comme tel (Tabjnanou).