Le 8 mars : merci pour les fleurs et les gâteaux !

Le sort des femmes qui se dressent contre le règne de Bouteflika.
Le sort des femmes qui se dressent contre le règne de Bouteflika.

"On mesure le malheur des humains aux rêves qu’ils ont abandonnés."(1)

Et nous les femmes, nous avons rêvées en incluant nos hommes pour rien. Puisqu’il faut les inclure ces misérables qui partagent notre misère sans le savoir. La nature nous interdit de nous reproduire en solo, de tuer le mâle comme les abeilles une fois le ventre fécondé. C’est le roi Hassan II qui le premier a interdit le clonage humain et c’est un imam du Moyen-Orient qui vient de lancer une fatwa contre les musulmans qui rêvent d’aller sur Mars. Le premier par peur de perdre sa «virilité» et le second, ses ouailles fortunées. C’est compliqué d’aller sur Mars avec un tapis volant, a ironisé un internaute. Le clonage a besoin de la cellule de la mère et les femmes ne sont pas assez riches pour payer le billet du voyage afin d’admirer de près la planète rouge. Il ne nous suffit pas d’être femme, il faut encaisser le ridicule du monarque et du prédicateur. Officialisé par l’ONU depuis 1977 à la suite de la lutte des ouvrières américaines et des suffragettes anglaises qui se sont battues au début du 19e pour améliorer leurs conditions de travail et pour le droit de vote, le 8 mars revient en Saint Valentin. On offre des douceurs des roses des bijoux à la femme aimée désirée supportée détestée qu’importe. En cette occasion l’UNFA (union nationale des femmes algériennes) sortira de son hibernation avec son coucou habituel et sans doute des youyous pour le 4e mandat du Père bien-aimé qui est sur terre, le ciel attendra. Certes, la mal-nommée est aux Algériennes ce qu’est l’UGTA aux travailleurs, une carte payante pour décorer la vitrine antédiluvienne des dinosaures pourris du FLN. Depuis le code la famille de 1984, elle se repose au milieu de ses jasmins à l’ombre de ses maîtres tricotant l’union avec des fantômes. L’infamie du code a réussi la formule au féminin : 50% de célibataires X % d’exilées Y % de prostituées Z % de SDF quant au restant, les télés wahhabites se chargent du moulage.

Qu’il est loin le temps où Boumediene fanfaronnait face à des lycéennes fascinées sur le rôle de la mère instruite qui fera de son fils un brillant cadre afin de propulser la patrie des ex indigènes fellahs au sommet de la pyramide mondiale. Rendons grâce au ciel et à tous nos Raïs, l’école accueille autant de filles que de garçons. Il y a une différence tout de même entre une analphabète et une ignorante. Les Anciennes n’avaient pas besoin de savoir lire et écrire pour se débrouiller, jouir du droit à la langue maternelle à la vénération des saints au flirt avec la muse le temps d’une boûgâla conçue par elles et pour elles, affirme Kaddour Mhamsadji. Elles soignaient leurs bébés avec des plantes des drogues et des talismans mieux et à moindres frais que nos meilleurs pédiatres d’aujourd’hui. L’OMS, organisation mondiale de la santé qui s’est bien enrichie avec le vaccin de la grippe et bien d’autres arnaques vient de nous prévenir : il ne faut pas trop compter sur les antibiotiques à l’avenir ! Les bactéries font leur révolution, elles mutent. La victoire définitive de la médecine moderne sur les épidémies d’antan : un leurre. Elles vont revenir, la damnation est totale. La muraille forgée par Fleming est en train de céder. On s’en doutait un peu, plus on va chez le toubib du 21e plus on est malade.

En Algérie, on reste zen, nos hôpitaux sont déjà des mouroirs, on ne tire pas la sonnette d’alarme au chevet du moribond. Les maladies moyenâgeuses se rappellent à notre souvenir de temps en temps à l’occasion d’un séisme des inondations des décharges à ciel ouvert, des canalisations défectueuses de la pénurie de vaccins etc. C’est une femme née et élevée dans l’Arabie païenne que les Arabes qualifient de période de l’Ignorance (al-jahiliya) qui a osé interpeller Allah. La révolte d’Oum Salma, une des épouses du Prophète : «Pourquoi les hommes sont-ils cités dans le Coran, et pourquoi ne le sommes-nous pas ?» Fatima Mernissi dans le Harem politique écrit que même Dieu répondait à une femme quand elle s’interrogeait sur son statut. Aujourd’hui, l’Algérienne, libre et convertie depuis des siècles dans son pays indépendant depuis plus de 50 ans, n’ose pas interroger ses dirigeants : pourquoi a-t-elle servi de butin de guerre durant la décennie noire ? En 1963 elle représentait 5% de l’Assemblée constituante, deux ans plus tard elle est passée à 1,45% (1). Quant à la polygamie d’après les chiffres que le représentant du gouvernement a donnés à l’ONU, elle était de 1% en 1962, 5,8% en 2004 (2) Plus elles sont diplômées plus leur chute est programmée. C’est nuisible de réveiller un cerveau pour rien. Heureusement, elles crèveront la conscience tranquille et sans gloire.

Le FLN est à 100% moustache et barbe si nécessité sauf pour les travaux ménagers qui nécessitent disent les scientifiques le cerveau d’un enfant de 8 ans. Les «poseuses de bombes» survivantes ont vieilli après avoir dilapidé leur jeunesse postindépendance… Le commandant en chef des forces américaines de l’occupation, MacArthur a écrit dans ses mémoires : «De toutes les réformes que j’ai accomplies au cours de l’occupation du Japon, aucune n‘a tenu plus à cœur que le changement du statut de la femme.» Dans la Constitution de 1946, il a donné le droit à la Japonaise d’être citoyenne électrice et éligible. Pourtant, malgré le handicap des traditions, la Japonaise est considérée comme une «puissance économique». L’épargne domestique c’est elle. Le plus élevé au monde 23 à 25% par an quand il ne dépassait pas les 8 % aux USA et 6 % en France. Le Japon doit donc son miracle à cette ex «poupée domestiquée» obligée avant sa libération de marcher trois pas derrière le mari. (3) Mais sans aucune épée de Damoclès au-dessus de sa tête contrairement à la femme arabe-arabisée. En Tunisie, il a suffi d’un Bourguiba qui n’a libéré qu’à moitié la Tunisienne pour que les ambitions des islamistes soient à moitié. On dit que la famille finit toujours par fonctionner à l’image de l’Etat. Tout est politique et la politique c’est tout. Le FIS a détrôné le haïk blanc qui remonte dit-on aux Fatimides pour un hidjab qui ressemble comme deux gouttes d’eau à celui de l’Iranienne à la mode de Khomeiny et de la Constantinoise en deuil de Salah Bey mort étranglé par le Dey d’Alger en 1792…

En 2014 une fillette est renvoyée de l’école algérienne parce qu’elle portait une tenue berbère. La reine Kahina a-t-elle au moins existé quand la langue amazighe se meurt noyée dans un combat qui ne la concerne pas. Les Juifs d’Algérie sont partis avec le secret d’un hébreu mort et ressuscité. Le système régnant voile et dévoile, suspecte l’amour hors mariage, veille sur la virginité, traque la Bible au fond d’un sac, soupçonne la cité universitaire d’abriter des prostituées etc. Il s’acharne à réveiller l’honneur le «nif» du père, mais ce dernier a muté comme les bactéries. À trop taper sur la cervelle d’un âne, on risque l’indésirable. Aujourd’hui c’est le papa qui libère la fille et fantasme de la voir loin de l’Arabe et du Croissant. Grande est la solitude des féministes algériennes et arabes. Nawal el Saadawi, Assia Djabar parlent de l’absence de l’homme dans leur combat voire de son l’hostilité. Deux femmes qui doivent leur destin exceptionnel à un père instruit et courageux. Une cage est conçue pour ne jamais s’ouvrir de l’intérieur. Pour libérer les Noirs, les Blancs d’Amérique se sont battus entre eux. Il a fallu que le fils le frère le mari le père l’oncle le fiancé…intervienne pour que le 8 mars soit possible. En France en Angleterre en Amérique, des hommes ont rêvé d’une société où le mérite prime sur le sexe. Le grand féministe Stuart Mill écrit : «Ce sont les qualités individuelles de chacun et non les circonstances dans lesquelles il se trouve à la naissance qui doivent décider de la situation que l’individu est à même d’occuper dans la société, ‘merit and not birth’…Le libre développement de l’individu est l’un des éléments indispensables du bien-être ; c’est un élément qui va de pair avec tout ce qu’on désigne sous les termes de civilisation, d’instruction, d’éducation et de culture et qui en est la condition nécessaire.»(4) Toutes les études sur la psychologie féminine de Freud et tant d’autres ont conclu que la discrimination fait perdre dès la puberté à la fille beaucoup de ses facultés intellectuelles. Que dire quand cette pression va jusqu’à menacer leur équilibre mental. En privant les femmes de l’élément indispensable au bien-être, les potentats arabes assurent leur pérennité en lui kidnappant ses fils en toute impunité en toute sécurité. Certes le problème de la femme partout est d’actualité, après une crise une guerre une calamité, la femme est ou récompensée ou sanctionnée. On s’interroge comme dans un couple : à qui la faute ? La réponse c’est le plus fort qui va la donner à sa manière sans pouvoir résoudre le malaise de l’homme et de la femme tous les deux à genoux. Marguerite Yourcenar déclarait : «La civilisation à laquelle j’aspire n’aurait pas de place pour le féminisme militant, non plus que pour l’agressive masculinité. Et tout le reste ne me paraît qu’ajouter à notre chaos, pour ne pas dire à nos désastres.» Et le premier désastre de l’Algérie a été la liquidation de ses meilleurs enfants depuis 1957 dit-on, après 1962 il ne restait qu’à continuer le boulot dans les universités. Boumediene, symbole de fierté, de dignité retrouvée, de courage d’audace d’authenticité et toutes les qualités du Héros au lieu de tendre la main aux jeunes qui rêvaient d’un monde meilleur et qui avaient la possibilité de le réaliser a préféré la méthode radicale des Béni Hilal. Copiant Hitler, il a fabriqué sa propre jeunesse, mais dans les pays arabes qui étaient encore à l’âge de la tablette coranique et du bâton du taleb. Des jeunes revenus avec l’épée et le meurtre de Caïn à crever les deux yeux. Le plan a tellement fonctionné qu’une autre plus tard a pris la relève direction l’Afghanistan avec les conséquences qu’on sait. Comment s’étonner de l’absence de l’homme algérien dans le combat de la femme algérienne ? Comment demander de l’aide à un vaincu ? Fauché dès la racine. Syndrome de l’ile de Pâques, de la chute de la Grèce de l’Empire romain, on ne guérit pas d’une telle malédiction. Tous les historiens tous les experts le confirment, contrairement aux pays arabes et tous les pays colonisés, l’Algérie avait tous les moyens humains sans parler de ses richesses naturelles pour décoller la première et pourtant, c’est l’aveugle qui a pris en main la destinée des borgnes… Mes sœurs, en ce jour dégoulinant de miel frelaté d’arômes artificiels et de sourires à la commande, faisons honneur à la table de ces messieurs quitte à faire exploser la balance. Mère-patrie nous gave à gogo et Père-dieu fait un bras d’honneur à la mort de peur de nous quitter. Que demander plus ?

Mimi Massiva

Renvois

(1) Mahfoud Bennoune anthropologue et historien, les Algériennes, Victimes de la Société Néopatriarcale

(2) Wassyla Tamzali, une Femme en colère

(3) Jean-Pierre Brulè, le Japon, Miracle et Dèfi

(4) John Stuart Mill, On Liberty

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Commentaires (10) | Réagir ?

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anwa wiggi

Azul Fellawen,

Soyons prêts à libérer le pays et suivons les traces de ces femmes courageuses qui disent aujourd'hui "Barakat".

Comme leurs ainées, elles disent, on veut vivre libre dans notre pays.

Aux supplétifs du régime, je dis que l'histoire est intraitable avec les ennemis du peuple. Le régime que vous servez aveuglément vous guide dans l'abime. Je fais appel à votre esprit de responsabilité et à votre honneur si vous ne l'avez pas entièrement cédé aux fossoyeurs de l'avenir de vos enfants.

Ne frappez pas vos mères, vos soeurs et vos filles qui manifestent courageusement au point de vous renvoyer au visage votre lâcheté. Le peuple ne vous pardonnera pas cette énième forfaiture!!!

Demain, lors de vos procès pour trahison, vous ne pourrez pas dire on ne savait pas car ces femmes seront la pour vous le rappeler.

Vous ne pourrez pas dire, que vous exécutiez les ordres car un soldat doit refuser un ordre indigne et illégitime.

Vous êtes à la croisée des chemins malgré vos lâchetés et votre zèle, vous avez encore le choix de choisir la patrie, de la défendre, de la chérir ou de continuer à la trahir sans discontinuer.

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khelaf hellal

D'ailleurs Zohra Drif a dit une bonne chose dans El-watan d'hier : " Je ne crois pas aux droits des femmes offerts sur un plateau d'argent ", Bien dit, et distribuer des cadeaux et priviléges aux femmes ne constitue pas une avancée dans les droits des femmes et leur émancipation.

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