Mohand Tahar Yala appelle le peuple algérien pour sauver l’Algérie

Mohand Tahar Yala
Mohand Tahar Yala

Le général à la retraite Mohand Tahar Yala a rendu publique la déclaration suivante.

Un clan maffieux a pris en otage le pays pour se maintenir coûte que coûte au pouvoir. Ce clan met le peuple devant le fait accompli d’un quatrième mandat qu’il voudrait imposer par une élection truquée à l’avance pour introniser ce pouvoir illégitime et inconstitutionnel.

Pour ce faire, le clan a neutralisé toutes les institutions de la République et s’est accaparé de tous les leviers de l’Etat. Il a placé ses hommes partout pour garantir les résultats d’une élection construite et jouée d’avance : le premier ministre, également président de la commission de préparation des élections, le ministre de l’Intérieur chargé de les organiser, le ministre de la Justice chargé de les contrôler, le Conseil constitutionnel chargé de les valider.

Par sa volonté claire d’imposer une présidence à vie, ce clan considère que la situation est désormais mûre pour instaurer un régime monarchique, de type dynastique, qui anéantirait la souveraineté du peuple.

Malgré tous les appels à la raison et les demandes de toutes parts pour l’organisation d’un scrutin libre, régulier et transparent qui respecte le choix du peuple, le clan au pouvoir persiste dans sa démarche suicidaire pour le pays.

Accepter ce diktat, c’est renoncer définitivement à l’Etat national républicain pour lequel se sont sacrifiés les millions de martyrs, tombés au champ d’honneur, tout au long de la longue épopée de notre valeureux peuple dans sa quête de liberté et d’indépendance.

Ne rien faire, c’est accepter que notre pays et ses richesses soient soumis aux forces transnationales, d’obédience ultralibérale et à visée néocoloniale, qui convoitent notre pays et agissent à son éclatement.

Ne rien faire, c’est accepter l’impunité des corrompus et des corrupteurs dont les ramifications vont bien au-delà de nos frontières. C’est accepter que la trahison et l’intelligence avec les puissances étrangères contre les intérêts de son propre peuple s’installent comme le nouveau mode de gouvernance du pays, jusqu’au jour où celui-ci, devenu un patrimoine privé, sera hypothéqué ou vendu au plus offrant, morceau par morceau.

Ne rien faire, c’est priver nos enfants et les générations futures de leur liberté, de leur indépendance, de leur droit à vivre dans le bien-être. C’est fermer la porte de l’espoir.

Cette perspective est intolérable. Elle est inacceptable. Nous la refusons et exigeons l’arrêt immédiat de cette dérive. Nous appelons le peuple algérien à se mobiliser pour exiger l’arrêt d’un processus électoral mortifère pour le pays, pour la nation, pour la République, pour toutes les libertés démocratiques, individuelles et collectives.

Nous appelons les anciens de l’ALN, au moment où ils arrivent au crépuscule de leur vie, à se souvenir du serment qu’ils ont fait au peuple, serment scellé par le sang des martyrs, leurs compagnons de lutte aujourd’hui disparus. Nous les appelons à donner de leur voix pour refuser la tyrannie et apporter leur soutien à la jeunesse dans sa lutte pour la liberté, pour la citoyenneté, pour le bien-être du peuple.

Nous appelons tous les retraités qui ont travaillé pour construire ce pays à refuser d’anéantir le fruit d’une vie de labeur et de sacrifices.

Nous appelons tous les anciens acteurs politiques, ayant exercé à quelque titre que ce soit une responsabilité directe ou indirecte au service de l’Etat, à assumer leur part de responsabilité dans l’échec collectif de nos gouvernements successifs à réaliser un véritable Etat de droit. Nous leur demandons d’exiger de mettre fin à un système de gouvernance agonisant qui met désormais en jeu la vie de la nation.

Nous appelons notre jeunesse, nos étudiants, nos intellectuels, nos ouvriers et paysans, tous les Algériens et toutes les Algériennes, en Algérie ou résidents à l’étranger, à récuser le fatalisme, à s’indigner, à s’insurger, à refuser que l’on décide de leur avenir à leur place. Nous les appelons à dire NON à l’assassinat programmé de leur avenir.

Nous appelons les partis politiques, les organisations de la société civile, les personnalités nationales, les candidats déclarés à la présidence de la République à écouter le cri sourd du pays enchaîné, la détresse de la jeunesse désemparée, la complainte du peuple démoralisé, la souffrance de la patrie martyrisée. Nous les appelons à transcender leurs intérêts particuliers et unir leurs voix pour refuser l’inacceptable. Nous les appelons à s’unir dans un nouvel élan patriotique et s’élever à la hauteur des enjeux de l’heure et des attentes de notre peuple pour sauver le pays et la nation.

Les lois et règlements imposent à tout fonctionnaire de refuser d’appliquer un ordre illégal. Nous appelons tous les fonctionnaires de l’Etat à tous les niveaux, à refuser d’exécuter tout ordre qui contreviendrait à la loi et à la Constitution. Nous les appelons, en toute circonstance, à être solidaires avec leur peuple.

Il est temps de laisser le peuple décider de son avenir. Nous appelons les responsables du Gouvernement et de tous les corps constitués à prendre leurs responsabilités pour mettre fin à cette dérive.

La seule solution de sortie de cette crise redoutable pour l’avenir du pays est l’arrêt du processus électoral en cours et la mise en oeuvre d’une période de transition pour construire avec l’ensemble des forces vives de la nation un véritable Etat de droit qui rende la souveraineté au peuple.

Cette période de transition doit être la plus courte possible. Elle ne saurait raisonnablement excéder les deux ans. Car au regard de la conjoncture nationale et internationale, il est urgent d’engager les réformes structurelles pour mettre fin à notre dépendance chronique vis-à-vis de la rente des hydrocarbures et engager le pays sur la voie du progrès en bâtissant une économie basée sur la valeur ajoutée par le travail.

Cette période de transition doit mettre en place des mécanismes sur la base d’une concertation avec les forces du changement pour un compromis historique. Elle doit être dirigée par un collège de personnalités qui font consensus au sein de la société, avec à leur tête une personnalité à la moralité et à la probité incontestables.

La mission de ce collège sera de mettre en place les instruments du dialogue national pour concevoir le nouvel édifice institutionnel qui sera soumis à l’approbation du peuple. Il aura également pour tâche de nommer un gouvernement d’union nationale pour gérer le pays pendant la période de transition en mettant en oeuvre les réformes indispensables à sa réussite : garantir l’ordre et la sécurité et assurer l’indépendance totale de la justice.

Nous prenons à témoin l’opinion publique internationale pour lui dire que nous désirons la paix et la prospérité pour notre peuple. Notre ambition est d’inscrire notre pays dans la coopération avec tous les peuples épris de justice et de liberté pour l’Humanité.

Nous appelons les partenaires de l’Algérie, les grandes puissances, en particulier la France, à sortir de la vision des intérêts étroits et à court terme qui les pousseraient à s’ingérer dans nos affaires intérieures pour imposer au peuple algérien une solution qu’il récuse.

Nous ne l’accepterons pas.

L’Algérie occupe une position stratégique en Afrique et dans le bassin méditerranéen. Une Algérie prospère avec un peuple souverain est la meilleure garantie pour une coopération mutuellement avantageuse entre les pays du Nord et du Sud, et un facteur de stabilité et de développement pour l’Afrique, le Maghreb et le Machrek.

A tous les Algériens et toutes les Algériennes, nous adressons cet appel solennel. Il est encore temps de sauver notre pays. L’Histoire nous interpelle dans un de ses tournants décisifs dont elle détient le secret et qui prédéterminent la configuration du monde pour les prochaines décennies, voire les prochains siècles. Prendre le train du progrès en marche, ou rester sur le quai de la stagnation, puis de la disparition.

Nous n’avons qu’un seul pays. Nous n’en avons pas de rechange. Nous pouvons rester inertes et alors nous plongerons dans l’abîme des peuples soumis, martyrisés, affamés, comme nous l’avons vécu pendant la longue nuit coloniale. Ou nous pouvons nous rassembler, organiser le sursaut salvateur qui préservera notre pays de ce funeste destin et assurera la pérennité de notre nation en garantissant un avenir d’espoir pour nos enfants et les générations futures.

Alger, le 3 mars 2014
Mohand Tahar Yala

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Commentaires (28) | Réagir ?

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mosbah hamdi

Mon général lorsqu'on ne peut pas courir meme qu'étant un grand sportif on se met sur le bord de la route tout en continuant non pas à courir parce qu'on arrivera jamais avec les premiers mais marcher et une fois arrivé à destination la main sur le coeur et l'esprit bien ailleurs en doit mettre ses pieds dans une eau froide pour se remonter le moral. Votre lettre vous qui étiez si calme dans vos interviews et une menace à toute l'Algérie et à son peuple qui a endurer plus de dix ans durant une decennie noire alors que vous étiez bien protéger par vos gardes corps ainsi que vos enfants alors que les notre nous ex militaires et peule meskine étions dans les montagnes face à cet ennemi fontome qui pouvait nous frapper à tout moment ainsi que nos enfants et nos parents sans défenses qui étaient à sa portée dans la rue que dans les écoles et aujourd'hui non pas pour ce peuple que vous n'avez jamais défendu vous le poussez encore au suicide pour votre propre interet pas plus. Vous etes tous les meme les uns (retraités) comme les autres (ceux qui y exercent actuellement) que seul votre avenir y intéresse mais ni ce peuple ni cette Algérie. ne vous tiennent à coeur et preuve et j'aitoujours pensez que votre calme pourrait plutot perdurer que de pousser ce peuple dans un ravin. Vous etes des inconscient car l'Algérie vaut mieux que des milliers de YALA et des millions de BOUTEFLIKA. Allah oukilkoum.

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zekri yasmine

Ibn-Khaldoun parle des béréres

IBN-KHALDOUN A DIT :

« Nous croyons citer une série de faits qui prouvent que les Berbères ont toujours

été un peuple puissant, redoutable, brave et nombreux ; un vrai peuple comme tant

d'autres dans le monde tels que les perses, les grecs et les romains. Les vertus qui

ont fait honneur à l'homme et qui étaient devenues pour les berbères une seconde

nature : leur empressement à s'acquérir des qualités louables, la noblesse d'âme qui

les porta au premier rang parmi les nations, les actions par lesquelles ils méritèrent

les louanges de l'univers, bravoure et promptitude à défendre leurs hôtes et clients,

fidèles aux promesses, aux engagements et aux traités, patience dans l'adversité,

fermeté dans les grandes afflictions, douceur de caractère, indulgence pour les

défauts d'autrui, éloignement pour la vengeance, bonté pour les malheureux, respect

pour les vieillards et les hommes dévots, empressement à soulager les infortunés,

industrie, hospitalité, charité, magnanimité, haine de l'oppression, valeur déployée

contre les empires de la terre, dévouement à la cause de Dieu et de sa création ;

voilà pour les Berbères, une foule de titres à une haute illustration, titres hérités de

leurs pères et dont l'exposition, mise par écrit, aurait pu servir d'exemple aux nations à venir. "

De la part des Justes

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