Témoignage d’un manifestant à Alger

Des manifestants dans un fourgon de police à Alger samedi.
Des manifestants dans un fourgon de police à Alger samedi.

Pour que les actes soient conformes aux écrits (opposition au 4e mandat), je me devais de participer à la manifestation de la Fac Centrale de ce samedi. Pour cela, j’ai dû effectuer un parcours total de 300 km.

La «révolte» consistait à exhiber devant les caméras une pancarte avec la mention «15 ans barakat», avant d’être embarqué dans un fourgon cellulaire. A l’intérieur, nous étions seize personnes dans l’obscurité, dont une jeune fille, journaliste à El Fedjr. Nous fûmes dirigés vers le commissariat d’El Harrach où nous sommes arrivés à 10h 45. Devant la promiscuité de la salle d’attente, huit de nos camarades sont dispatché sur Belfort.

Les policiers furent preuve de beaucoup de courtoisie en nous offrant des chaises et en nous apportant de l’eau minérale, payée de leurs poches. Nous étions libres de tous nos mouvements, ce qui donna libre cours à un débat d’idées, malgré nos différences d’âge (un vieux, deux d’âge mûr et cinq jeunes). Votre serviteur qui était le vétéran (un grand-père de 66 ans) fut impressionné par la flamme révolutionnaire qui animait ses jeunes compagnons. Il retrouvait en eux l’esprit des Boudiaf, Ben M’hidi, Abane et leurs camarades qui se sont soulevé contre l’oppression coloniale. Le sujet le plus «chaud» fut celui qui opposa l’«islamiste»… au «laïc»... Chacun allait chercher ses arguments dans les profondeurs de notre histoire pour arriver à la même conclusion : l’approfondissement de la démocratie et le respect mutuel entre tous les Algériens.

Vers 14h, un policier demanda à quelqu’un d’entre nous d’aller nous chercher à manger. Akhina … se proposa. Il revint avec huit sandwichs et deux maxi bouteilles de jus de fruit qu’il distribua à chacun, tout en refusant notre participation financière. Vers 14h 45, nous étions libres. Une fois dehors, une grande amitié nous unissait grâce à cette épreuve que nous venions de vivre ensemble pour la dignité de l’Algérie. Mais je n’oublierai pas de rendre, encore, hommage au professionnalisme de nos policiers qui furent à la hauteur depuis notre arrestation. Assurément, les Algériens ne méritent pas d’être dirigés par les tocards qui sont au sommet.

Après cette honteuse candidature, par procuration, d’un Président âgé et malade qui ne s’est pas adressé à son peuple depuis près de deux années, quelle issue pour le pays ?

Les individus qui ont pris le Président en otage sont déterminé à passer en force (ça passe ou ça casse), car la pluparts ont détourné des sommes colossales appartenant au peuple algérien. La meilleur reposte est de les laisser seuls avec leur otage de Président, grâce à l’abstention. Ceux qui veulent participer semblent naïfs, surestimant leurs forces ou complices, car le jeu est fermé ; d’autres, des "lièvres" professionnels, servent de décors pour un alibi "démocratique".

La seconde solution est celle proposée par M. Hamrouche : une transition, sous la garantie de l’armée, assurant l’ouverture du champ politique et médiatique. Cette liberté d’expression, d’organisation et de réunion permettra l’émergence d’une nouvelle élite politique (composée de jeunes), car l’actuelle classe "boulitique" (pouvoir et opposition) est corrompue, discréditée. Notre armée a une responsabilité morale envers le pays, car c’est elle qui avait ramené au pouvoir le clan Bouteflika, voilà quinze années…

La dernière option est celle des patriotes qui refusent que leur pays soit pris en otage par de nouveaux colons qui privatisent l’État au profit de leurs intérêts. En choisissant l’option du 4e mandat, les usurpateurs de la Révolution sont sur les traces de Ben Ali, Moubarak et Kadhafi. Ils veulent nous amener sur leur terrain préféré : celui de la violence que nous devons refuser, car les larmes et le sang des Algériens ne doivent plus couler. Notre combat doit être pacifique et nous devons les battre par les idées. Mais pour cela, le Mouvement citoyen doit être organisé afin de gagner en efficacité. Néanmoins tout cela n’est qu’un avis : les contributions des autres apporteront davantage de clarté afin de nous sortir de l’obscurité.

Boudjema Tirchi

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Commentaires (7) | Réagir ?

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Bachir ARIOUAT

Les arguments que vous citez sont valable, ils doivent être retenus dans un débat élargit et ouvert à d'autres idées, dans ce but, toutes les idées sont recevables et discutables, la violence n'est jamais une solution, elle est bannir, les militaires sont responsables des malheurs de l'Algérie depuis 1962.

l'idéologie islamiste et le pouvoir militaire, ils ont toujours fait bon ménage ensemble dans les pays comme le notre, les causes sont nombreuses et s'enchevêtrent les unes dans les autres.

La méconnaissance de la religion l'islamique, l'examen de ses bases et l'origine du contenu du livre le coran, sur les bases des nouvelles découvertes scientifiques, enfin l'instruction et la formation du peuple insuffisantes, compliquent un peu plus les tâches, auxquels il faut ajouter les intérêts de nos mafieux et chefs des clans, aussi bien militaire que civil.

Mais, mon intervention dans cet article n'a pas pour objet de philosophie sur la religion et la politique, peut-être une fois l'élection présidentielle passée, il faudra revenir sur ce sujet me semble-t-il.

A mon avis, il faut essayer d'entrainer l'armée dans cette bataille, elle est la première responsable, disais-je depuis 1962, je ne souhaite faire un débat en arrière sur cinquante années, mais il doit réparer ses interventions sur les quinze dernières années, c'est elle qui amenée ces mafieux qui ont ruiné le pays, détruit les peu de libertés acquises au prix du sang du peuple, elle n'a pas sut mettre des limites à ceux qu'ils ont met en place, ensuite l'armée et ces corps constitués sont issus du peuple, demain ils seront appelés à redevenir des citoyens lambda comme vous et moi.

Ils doivent choisirent leurs camps celui de leur parents, père, mère, leurs familles soeurs, frères, cousines et cousins et amis, ils doivent qu'ils ne peuvent pas rester frapper sur le peuple et vouloir après être respecter et aimer de leur concitoyens, c'est incompatible, soutenir les dictateurs, les mafieux, les chefs de clans peut que générer les haines les premiers qui sont en lignes de la haine c'est ce militaires et consorts.

Ils ont un devoir envers leur pays, sont avenir et celui du peuple Algérien, je pense qu'il faut les inviter à prendre parti dans les prochaines manifestations, eux seuls peuvent assurer et garantie la liberté dans le pays, au minimum obtenir leur neutralité lors des manifestations, le peuple ne suit pas le mouvement en nombre, parce qu'il a peur des coups de matraques de ces militaires.

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urfane

"je n’oublierai pas de rendre, encore, hommage au professionnalisme de nos policiers qui furent à la hauteur depuis notre arrestation. " Je voudrai bien partager votre optimisme sur l'appareil répressif du régime algérien mais, hélas, les faits vécus depuis 1/2 siècle me laissent très dubitatif. Leur attitude est dictée par les "tontons Makouts" qui jugent inutile, cette fois-ci, de muscler leur réponse face à un mouvement qu'ils assimilent à un tohu-bohu sans lendemains de jeunes éberlués et en mal d’existence. La fonction de policier est, de par le monde, drapée de lâcheté de servilité et d'indignité mais cela reste un avis personnel. Néanmoins, je suis solidaire avec cette intiative qui, sans aucun doute, va se généraliser à l'echelle nationale car, cette fois-ci justement, la coupe est pleine.

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