A quel agenda répond le président Bouteflika ?

Bouteflika
Bouteflika

Abdelaziz Bouteflika a fait parler de lui. Car autrement, personne ne l’a entendu faire cette déclaration dont toute la presse commente pensées et arrière-pensées.

Le président ne s’adresse plus directement aux Algériens. Pour communiquer, il utilise de tiers personne pour faire lire ses déclarations. Officiellement, il est convalescent depuis son AVC d’avril 2013. Soit presque une année. Il ne voyage plus depuis des années, sauf pour se faire soigner. Pour les grandes messes, il se faire représenter par le premier ministre ou le patron du parlement.

Les conseils de ministres se comptent sur les doigts d’une seule main depuis trois ans. Le dernier, en décembre, a soulevé moult interrogations. Selon certaines sources, il n’a duré que le temps de la signature de la loi de finances et de la photo. Deux mois plus tard, aucune réunion ministérielle. Le président continue d’apparaître et de disparaître, ne répondant qu’à son agenda.

Depuis janvier une grave crise politique agite le marigot algérois. Son origine ? Des déclarations à l’emporte-pièce d’Amar Saadani, patron controversé du FLN, contre le patron du département des renseignements et sécurité (DRS). Dans une charge sans précédent, Saadani met directement en cause le général Toufik et le DRS dans de nombreuses affaires, comme l’assassinat des moines de Tibhirine, l’attentat de Sétif pendant la visite de Bouteflika, etc. Le propos a produit un cataclysme en ce sens qu’il venait d’un fidèle serviteur du président. Ce qui de fil en aiguille suggérait une lutte au sommet entre Bouteflika et Toufik. Une conclusion auquelle était arrivée de nombreux commentateurs et journalistes algériens. Comment se pouvait-il être autrement quand on sait que l’homme obéit au doigt et à l’œil de clan du président, celui-là même qui l’avait installé à la tête du FLN au mépris de la justice ?

S’ensuivit une levée de boucliers. Une partie de la presse a été la première à se lancer plume au clair contre Saadani. Une partie de la classe politique réputée proche du DRS se joint à la curée. Un climat de veille de guerre s’était installé. Alger bruissait de complots. Un ancien général, Hocine Benhadid, s’en prend à Gaïd Salah. Et de confirmer ce qu’écrivent nombre de journalistes depuis un an : «C’est Saïd Bouteflika qui gère le pays et donc son seul adversaire est le DRS».

Tout le monde retint son souffle. Bouteflika, lui, garda le silence. Méprisa la situation, jusqu’à cette déclaration qu’il fit lire par le ministre des Moudjahidine à l’occasion de journée du chahid, car rares ceux qui l’ont entendu prononcer un mot depuis un an. Mais alors qu’a-t-il fait dire ? Que s’attaquer à l’institution militaire est un sacrilège. "Nul n'est en droit d'attenter aux fondements de l'édifice républicain ni aux acquis. Nul n'est en droit, quelles que soient ses responsabilités, de se placer au dessus des dispositions de la Constitution et des lois de la République" Pan sur Saadani !!! Ou encore que «les conflits fictifs fomentés entre les structures de l’Armée nationale populaire relèvent d’un processus de déstabilisation bien élaboré par tous ceux que le poids de l’Algérie et son rôle dans la région dérangent", etc. Sa cour a voulu y voir une mise au point à ceux qui tentent de déstabiliser l’Algérie. Voire ! D'autres s'interrogent sur ce lâchage de Saadani et les louanges lancées au DRS.

Il faut observer malheureusement que le ver est déjà dans le fruit, car personne ne s’explique pourquoi il a attendu que la situation pourrisse à ce point pour pondre une déclaration absconse. Cousue de fil blanc. L’argument de l’étranger est encore convoquer pour justifier une situation dans laquelle il est le premier responsable. Avec cynisme, il poursuit la fuite en avant, éludant toutes les problèmes auxquels sont confrontés les Algériens.

Est-ce nouveau ? Non. En vrai, le président a pris l’habitude de prendre en otage son gouvernement, ses soutiens et au-delà l’Algérie. Il ne répond qu’à ses desiderata.

Enfin, l’une des questions qui occupent l’actualité ne trouve pas sa réponse dans cette déclaration fleuve. A moins de deux mois de la présidentielle, on se demande pourquoi le président entretient le flou sur sa candidature et laisse d’autres s’exprimer à sa place. Va-t-il encore attendre la dernière minute pour se représenter ou va-t-il encore démentir les Ghoul, Saadani et Benyounès partis en campagne avant le premier concerné ?

Yacine K.

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Commentaires (5) | Réagir ?

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B. Tonton

Tentative de décryptage de la déclaration du Président

La déclaration-fleuve (16 270 signes et espaces), lue au nom du Président, peut être comprise à deux niveaux.

Primaire : chacun saisira ce qu’il a envie de retenir. C’est pour cela que nous trouvons des déclarations et des analyses contradictoires.

Secondaire : cela nécessite le dépouillement du texte de tous les éléments superflus. Là, le message dévoile sa nature, son but, sa stratégie : défricher l’autoroute qui mène vers le 4e mandat en se présentant au-dessus de la mêlée, assurer une élection exemplaire afin de bénéficier d’une légitimité à l’étranger, jouer au pyromane-pompier.

Des trois « grandioses réalisations » (embellie financière, « moussalaha », stabilité), seule cette dernière est privilégiée. Le bilan financier est complètement occulté, la « paix retrouvée » juste effleurée : « La nation, grâce à son engagement patriotique […] et à imposer les valeurs communes de paix et de réconciliation nationale […] ».

La « stabilité », c'est-à-dire le statu quo, est présenté sous la menace de plusieurs « adversaires » qui font croire à des dissensions au sein des institutions de l’État :

La démocratie : « […] la diversité de nos obédiences […] affaiblir nos capacités de défense… ».

Des personnalités (M. Hamrouche ?) : « […] pas encore inhumé les chouhada […] des déclarations irréfléchies de certaines hautes personnalités publiques […] ».

Conflits personnels : « Nul n’est en droit de régler ses comptes […] au détriment des intérêts suprêmes de la nation tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays. ».

La « main de l’étranger » : « […] ceux que le poids de l’Algérie et son rôle dans la région dérangent. ».

Ces agissement sont favorisés par : « le comportement irresponsable des uns et le manque de maturité des autres […]. ».

A deux mois de la Présidentielle, règne la confusion qui suscite l’appréhension des citoyens redoutant le pire. Suite à cela, M. Bouteflika sonne la fin de la recréation : « Je demande, en vertu de mes pouvoirs de président de la République, ministre de la Défense nationale et chef suprême des armées, à tous les citoyens […} ».

Il appelle à nous focaliser sur l’élection présidentielle du 17 avril : « qui constitue une nouvelle étape censée permettre de consolider les acquis », c'est-à-dire continuer le travail entamé voilà quinze années. Sachant que les jeux étant déjà faits, il exprime sa confiance pour le choix des Algériens : « Je tiens à lui dire toute ma confiance en sa maturité, sa clairvoyance et en la justesse du choix qui sera le sien. ».

En conclusion. M. Bouteflika se présente comme le pompier qui vient éteindre le feu de la « fitna » en mettant tous les protagonistes sur le même pied d’égalité (moi ou le chaos). Il ne veut pas nommer le vrai pyromane que tout le monde connait : le « chef » du parti FLN, car c’est un de ses plus fidèles homme de main. Il évoque la confusion, alors qu’il en est le plus grand semeur : discours confus, silence sur le 4e mandat, etc. Le résultat : tout le monde parle de lui en oubliant l’avenir des Algériens et de l’Algérie.

En nous promettant un scrutin transparent, on oublie que la fraude a commencé depuis quinze ans : fermeture du champ politique et médiatique ; utilisation des deniers publics à des fins de propagande : « réalisations » flanquées des portraits géants du Président, propagande TV…

En tenant compte de l’actuelle classe « boulitik », s’il se présente, la meilleure riposte est l’abstention.

Mais tout ce qui précède n’est que suppositions : l’avenir infirmera ou confirmera ces observations.

Boudjema Tirchi

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Guel Dring

Tout est suspendu à l'Heure Universelle, l'Heure cosmique, l'Heure fatale. " Tout ce qui est à venir est proche " a annoncé le Prophète (qssl) - c'est toujours une question de temps) . 2 questions à éviter pour se sentir "léger" :

1. Pourquoi ? Parce qu'en réalité c'est un évènement qui - tant que c'est arrivé - devait arriver.

2. Comment ? Parce que Dieu est Omnipotent et que ses voies sont impénétrables. N'est-ce pas que le coeur a ses raisons que la raison ne saisit pas.

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