Fin de règne pour le patron du DRS ?

Bouteflika ne répond qu'à son agenda.
Bouteflika ne répond qu'à son agenda.

Si l’information sur la neutralisation du général Hassen se confirme, il est fort probable qu’on assiste très rapidement à la fin de la partie engagée entre Bouteflika soutenu par l’armée contre le patron du DRS.

Bienvenu au Bouteflikistan. Ainsi donc l’Algérie passerait bientôt de l’Etat DRS à celui de la mafia de l’argent et de l’affairisme. C’est à ce scénario que s’emploie depuis des mois le clan Bouteflika et à rien d’autres. Le pays va tomber de Charybde en Scylla. Il y a eu quelques mois l’élimination des généraux Djebbar, Attafi, Tartag et quelques autres officiers de second plan. Et El Khabar nous annonce une nouvelle fournée d’officiers supérieurs du DRS et de la gendarmerie en voie d’être envoyés à la retraite par le président. Un sacré coup de maître dans un pays qui essaye de s‘affranchir depuis un demi-siècle de l’emprise des militaires, aurait applaudi les républicains. Seulement, l’enjeu n’est nullement de rendre le pouvoir aux civils, mais de mettre l’Algérie entre les mains des puissances de l’argent, des hommes corrompus jusqu'au trognon, ceux-là même qui ont été éclaboussés dans d’innommables affaires de corruption ces dix dernières années. 

Déconstruction de l'ancien appareil du DRS

Depuis son retour du Val-de-Grace, Bouteflika et son clan avaient deux fers au feu : le lancement de la campagne pour un mandat à vie et la méthodique entreprise de débarquement des plus proches responsables du général major Toufik. Les deux ont largement avancé depuis sans aucune réaction notable pour le moment. 

La parade est cousue de fil blanc. Le clan de Bouteflika veut faire croire aux Algériens qu’il entend remettre le pouvoir aux civils et de fait, renvoyer le DRS à ses missions de défense et surveillance de l’Algérie devant les menaces extérieures. Sauf que le même DRS ou une partie de l’armée semble avoir perdu la partie dès 2004. Rappelons-nous le défunt général Lamari poussé à la retraite par Bouteflika. Autre signe : les enquêtes diligentées par le DRS dans le cadre des affaires de corruption de Sonatrach 2 visant les proches de Bouteflika ont vite été étouffées, et les équipes chargées de cette mission renvoyées à d’autres missions.

Dans ce prolongement, la dernière charge d’Amar Saadani contre le DRS est à prendre avec beaucoup de prudence et sérieux. De deux choses l’une : ou le clan présidentielle sent que l’hypothèse d’un quatrième mandat est en train de lui échapper - pour une raison interne au système ou pour cause d’aggravation de la santé du président – et donc il rue dans les brancards pour forcer le passage. Ce qui est peu probable, car on connaît la couardise de ses membres, on se dit que s’ils grognent autant, s’ils menacent, c’est qu’ils ont des assurances fermes. La seconde hypothèse est que le clan s’estime assez puissant pour passer à l’action et agir comme bon lui semble. Jusqu’à aller à s’attaquer frontalement à un patron du DRS, l’inamovible Mediene. L’arrestation d’une manière expéditive du général Hassen, chef des troupes spéciales du DRS, vient signifier la fin de partie pour les puissants du DRS. Gaïd Salah vient de donner un signal au général Toufik. "Le patron c’est moi", veut dire Gaïd Salah.

Une présidentielle pliée

Disons-le tout de suite, le clan du président n’est plus à une contradiction près. Depuis 1999, les Algériens ont compris les ressorts machiavéliques du système mis en place par Bouteflika. Ce dernier l'a montré à maintes reprises, il ne répond qu'à son agenda. Ses manoeuvres pour durer. N'a-t-il pas déclaré qu'"il est plus difficile d'arriver au pouvoir que d'y rester" ?

Car encore une fois malheureusement, bien naïf celui qui croit à une présidentielle transparente. Les signes d’une fraude généralisée sont légion. L’affaire est même plus que jamais pliée. Le 17 avril, ce ne sera certainement pas les électeurs qui désigneront le président de la République. A moins d’une aggravation extrême de son état de santé, Bouteflika restera au pouvoir dès le premier tour. A la faveur d’un plébiscite à la soviétique ! Comment cela pouvait être autrement quand on entend Amar Saadani parler de la révision de la constitution juste après la présidentielle ? Comprendre : le vote est une simple formalité. L’administration, les partis croupions, les consulats sont déjà actionnés pour y arriver. 

Un constat cependant aux lendemains de la charge qu'a mené Saadani lundi dernier contre Toufik, le patron du DRS. Amara Benyounès et Amar Ghoul ont tenté d’arrondir les angles et aller jusqu’à presque se ranger au côté du patron du DRS. A la nuance près qu’ils sont pour un quatrième mandat. Tout l'art de se réserver une porte dérobée au cas où ... Louisa Hanoune, autre soutien zélé de Bouteflika, a étrangement pris quelques petites distances. Opportuniste en diable, la patronne du PT navigue toujours dans le sens du vent. 

Ghardaïa, la sacrifiée

Pendant qu’à Alger, le pouvoir s’entredéchire, les Mozabites subissent la loi des nervis. A Ghardaïa, la sécurité est loin de revenir. Des bandes de criminels tuent, s’en prennent aux Mozabites et à leurs lieux saints sous l’indifférence des renforts de policiers et gendarmes. Cinq Mozabites tués, des crimes filmés, sans aucune réaction énergique de la part des autorités. Aucun responsable n’a été débarqué, ni le wali, ni les chefs de daïras. Qui tire les ficelles des graves affrontements à Ghardaïa ? Y a-t-il réellement une volonté de mettre un terme à la violence et aux assassinats dans cette contrée paisible ? Rien n’est sûr puisque ni le premier ministre, ni son ministre de l‘Intérieur n’y ont réussi à ramener le calme. Faudra-t-il qu'il y ait une centaine de morts comme en Kabylie en 2001 ?

Yacine K.

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Commentaires (19) | Réagir ?

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Guel Dring

Il y a une fin à tout tant qu'il y a un début et le DRS, le clan présidentiel ou tout autre élément ne peuvent échapper à cette règle. La différence fondamentale est qu'il y a une fin dite heureuse et une autre qu'on qualifie de malheureuse pour ne pas dire tragique. Faire le bien est une garantie de finir un crépuscule de la vie plein d'espoir, causer du tord à autrui, c'est d'abord se causer du tord à soi-même avant de connaitre les affres de la malédiction de l'Eternel, sauf repentir express.

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Guel Dring

Il y a une fin à tout tant qu'il y a un début et le DRS ou le clan présidentiel ne peuvent pas faire exception à la règle. La différence est cependant fondamentale : une fin peut être heureuse ou malheureuse et l'option répond à des critères aussi fondamentaux qui font le principe de la vie d'ici-bas. Tant qu'on fait du bien, l'issue ne peut être que réjouissante. Si par contre l'on abuse de ses privilèges pour causer du tord à autrui la sentence ne peut déboucher que sur la malédiction. Sauf repentir express.

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Aksil ilunisen

Tout comme probale que la fin de l'Algerie arabo-musulmane est pour bientot! On a vecu 51 and dans une Republique bananiere

- Sans constitution reflectant l'ame et la morale de la societé algerienne

- Sans President élu democratiquement depuis 1962

- Sans vivre la Culture vraie du pays

- Sans le moindre signe du progres

- Sans liberté des ecoles et des université

- Sans justice sociale

- Sans libertes individuelles et collectives

- Sans le moindre bout de terre pour lequel nous avons sacrifié 1 million et demi de marthyrs

- San travail, sans famille et sans avenir pour la majeure partie de notre jeunesse!

- Sans et sans et sans... alors a quoi bon de continuer a blasphemer l'ame de marthys morts pour une fausse ALGERIE Algerienne, alors que celle-ci a tout sauf d'algerienne?!.... A quoi bon?

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