Tab-j'nanou contre Rab-Dzaïr ou l'incroyable légereté des monarques

A-t-on oublié les fanfaronnades de Bouteflika ?
A-t-on oublié les fanfaronnades de Bouteflika ?

Au-delà du caractère hasardeux que sous-tend cette surenchère de joutes verbales entre les défenseurs de El-hadj Toufik et ceux des pro-4e mandat pour Bouteflika, depuis la sortie tonitruante de Saâdani, c’est tout l’édifice pervers de «la maison de verre» qui est révélé au grand jour.

Jusqu’ici, on nous avait habitués à accepter l’insolence de Bouteflika sans coup férir, mais nous étions loin d’imaginer que ces sorties malsaines, souvent immatures, représentent la signature d’un apanage collectif qui s’étale jusqu’aux hommes de l’ombre. À cet égard, cet épisode pitoyable, nous révèle une incurie éblouissante aux multiples éclats. Nous pensions que ces sorties retentissantes étaient compensées par une aura de sagesse de l’ombre dont ce fameux Toufik était l’ultime gardien, en charge de veiller à certains équilibres avec maturité! Mais force est de constater que, dans l’ombre ou dans la lumière, notre destin repose sur une légèreté de l’être des plus immorales.

Comment se faire à l’idée et trouver quelconque adhésion au fait qu’il a suffi d’une assertion aussi naïve qu’incongrue «il sait dribbler !» à propos de Bouteflika pour initier un consensus en faveur de ce dernier pour lui confier les rênes du pays pendant 15 longues années? Comment ne pas se laisser envahir par des vagues de fiel et de rage géantes quand on découvre que les rapports de force se font sur des tons de chamailleries enfantines et de comportements qui ne s’éloignent guère de ceux des rixes de récréations dans des écoles primaires? Les seuls endroits où les «Ana Rab Dzaïr !»* sont énoncés en guise de tout argument pour s’imposer auprès de ses camarades par la force du verbe menaçant. Mais que de tels postulats enfantins soient stipulés pour imposer des décisions qui engagent l’avenir de tout un pays, cela fait froid dans le dos!

En termes de comportements pervers, Bouteflika nous en a montré bien d’autres, en pire, et les militaires, autant que les civils, se sont accommodés, sans broncher, de toutes sortes de pitreries malsaines :

"Je me sens plus proche des islamistes que des démocrates !"  Une telle assertion n’aurait-elle pas dû déclencher l’ire de l’armée, du Général à l’homme de troupe ? Se ranger ouvertement du côté des islamistes, que les militaires ont  combattu pendant 10 ans, n’était-ce pas faire preuve d’irresponsabilité et d’inconscience, voire de trahison morale envers ceux qui ont empêché la république de sombrer, à l’irréversible, dans les ténèbres islamistes ?

"Le peuple ne s’est pas battu pour son indépendance, on lui a offert l’indépendance !". Offense gravissime portée à l’endroit du million de "Chouhadas" tombés au champ d’honneur ! Offense envers le FLN historique, envers l’ALN, et tous ceux qui ont combattu le colon corps et âme,  et bien évidemment envers nous tous, les vivants sous un ciel de liberté que nos ancêtres, dans leurs souffrances, avaient tant rêvé pour nous. A-t-on vu quelconque association, quelconque ligue des droits de l’homme, quelconque homme politique, quelconque militaire, s’insurger contre de telles offenses? Comment dès lors s’étonner que l’islamisme rampant, chassé au prix de 200.000 morts et de dizaines de milliers de victimes collatérales, se permette de revenir sur la scène politique et que l’on laisse encore des imbéciles comme Ali Belhadj sortir d’une tanière que l’on aurait jamais dû lui permettre de quitter pour venir exiger, avec moult fanfaronnades, le retrait d’un dossier de candidature à la présidentielle ?

En ces heures d’incertitude et de grand cafouillage, il est pour le moins surprenant que la plupart de nos hommes politiques, ministres inclus, se terrent dans un silence assourdissant, sauf sous le sceau de l’anonymat, pour certains. Preuve, s’il en fallait une de plus, que tout ce beau monde qui gravite autour de l’assemblée et des ministères ne sont mus que par l’appât du gain facile. Pourquoi courir le risque d’afficher ses positions quand le vainqueur n’est pas encore connu ? Même si la position n’est pas toujours confortable, avoir le c…entre deux chaises permet de mieux assurer ses arrières et réajuster son derrière au moment propice pour le mouler dans un confort douillet.  Voilà comment fonctionnent nos vénérables politiques!

A propos de l’information, je me permets de relever et de dénoncer une pratique journalistique qu’il est temps de remettre en question. Il ne m’appartiens pas de dicter «onques» éthiques à une corporation qui a payé le prix fort pour arracher cette liberté d’expression tant désirée, et qui nous invite au débat, nous les citoyens lambda, mais continuer à déverser des informations capitales, sous prétexte d’une course au scoop devenue gage de réussite, en les attribuant à «des sources généralement bien informées» participe d’avantage à diluer l’information qu’à l’étayer, tout en contribuant à transformer la lâcheté et l’immoralité de leurs auteurs en performances prodigieuses! Des "sources" qui n’ont pas le courage d’assumer leurs affirmations n’ont rien à faire en politique! La politique est affaire d’hommes et non de couards!

De plus, le spectacle affligeant  auquel nous convient les hommes politiques de haut rang est amplifié par une surenchère de prises de positions, pour le moins irréfléchies, de la part de la presse. Car, comment ne pas se laisser envahir par le sentiment d’outrance provoqué par certains organes peu soucieux de l’art et de la manière journalistique en poussant la dérive jusqu’à afficher des manchettes vulgaires en titres ‘à la une’ sur les pages de leurs quotidiens ? Qui de Toufik ou de Saadani est l’homme et qui est «l’homellette» (pour reprendre, à ma façon, un titre insipide et indigeste de la presse nationale) n’intéresse pas les Algériens!

Ce qui nous intéresse et nous angoisse à la fois c’est de voir ce linge sale, crasseux, nauséabond à l’asphyxie, étalé aux yeux du monde, d’autant que  comme toujours on exigera du peuple de jouer aux blanchisseuses et d’en supporter les conséquences! Nos Frères du M’zab en payent déjà une bonne part puisqu’ils se meurent dans l’indifférence générale de ces loubards de la politique, trop préoccupés qu’ils sont par des luttes farouches pour les dividendes!

Dieu que c’est dur d’assister impuissant à tant de folie, à tant de soif, de pouvoir et de biens! Aux dernières nouvelles, et de source très bien informée, le p’tit Saïd l’accessible pousse le galvaudage des deniers publics jusqu’à la pire des indécences: consommer des bouteilles à 6000 euros l’une, à Paris. Quand on pense que Nelson Mandela trouvait son salaire trop élevé et demanda qu’on le réduise! Mais, me diriez-vous, le cœur et l’âme de Mandéla étaient en phase avec ceux de  son peuple. Ces malotrus qui nous gouvernent ont-ils un cœur, on-ils une âme? Il est permis d’en douter !

En tous cas, s’il y a une chose que les militaro-FLiN-tox ont réussi à faire, c’est de créer un vide politique sidéral autour de leurs médiocres prestations tout en devenant le sujet unique qui nous préoccupe tous ! Je ne sais pas si cela fait partie d’un plan diabolique, toujours est-il qu’ils ont réussi à focaliser toute l’attention sur eux! Saadani, le sanglier drebki, devenu le centre de gravité de la politique! Mais c’est quoi ce délire? C’est quoi ce cauchemar qui n’en finit pas de continuer? Faut-il attendre la prochaine extinction de masse pour espérer enfin nous débarrasser de cette meute insatiable? La prochaine n'est que dans quelques millions d’années !

Plus que 15 jours à attendre et nous serons fixés sur le sort que nous réservent les R’boub Dzaïr. Benflis, candidat déclaré, il faudra attendre le 22 février, jour du meeting national où 5000 jeunes baltaguias  FLiN-tox sont attendus à la coupole Mohamed Boudiaf. Nom de Dieu, quelle offense de faire abriter des milliers de corrompus sous l’aura d’un tel symbole, de ce monument anti-corruption! C’est à croire qu’ils font exprès d’ainsi verser dans la provoc envers le peuple. Ils l’ont assassiné et ils salissent sa mémoire en l’utilisant à leur avantage! Ya eddine Oukavach !

Si la candidature du «zombie» est confirmée le 22 février, il faut s’attendre à une campagne à couteaux tirés. Nous verrons alors qui, entre les pro-Toufik et les pro-Bouteflika,  sont les «zhommes» et qui sont les «zhomelettes»! Pourvu qu’ils entre-tuent! Mais il est à parier qu’ils ne entre-tueront point car ils sauront trouver le consensus idéal, comme ils ont toujours su le trouver, pour faire perdurer le système afin de continuer à partager et savourer bien d’autres bouteilles à 6000 euros, à Paris, New-York ou Philadelphie! Abki ya messkine!

De toute façon, si ce n’est pas Bouteflika, ça sera Benflis, son frère de lait. À croire que "Azguer ya3kal gh’mass" (Slimane Azem), à moins que Yasmina Khadra ou ce farfelu de Nekkaz  ne crée la surprise ? Voilà à quoi nous en sommes réduits, disserter et supputer sur des petits garnements de la république, au lieu de cultiver notre jardin commun, ces "thivhirines" souillées par moult envahisseurs obscurs, soutenus par des serviteurs aussi zélés qu'attardés!

Kacem Madani

(*) Affaire "Sonatrach 2" : Hocine Malti écrit au général Mohamed Mediène

Plus d'articles de : Algérie

Commentaires (13) | Réagir ?

avatar
khelaf hellal

Des fanfaronnades usurpées à l'aura révolutionnaire du peuple Algérien tout entier , le peuple Algérien qui a mis fin à un système immonde et abject , le système colonial un ersatz du nazisme hitlérien. Des fanfaronnades usurpées qui vont au fil du temps s'abimer et se lover dans les bras de Siadhoum qui leur expédient des contenaires archi-pleins de produits finis et de denrées alimentaires. Des fanfaronnades de bourgeois Mamamouchi qui ont tout à apprendre de leurs maitres-chanteurs, des bourgeois Mamamouchis qui se distinguent par ce que les autres (Siadhoum) font pour eux, fabriquent et conçoivent pour eux.

avatar
Massinissa Umerri

A si Kacem - Je pense que tu te prends la tete pour rien.

Tu parles de republique et de peuple, ce qui me pousse a me demander si t'as jamais penser aux deux notions. Crois-moi que ma famille, tout comme mon village et tout l'arch, ont ete decime's par l'arme'e francaise. Les degats auraient ete moindres, si l'arme'e francaise etait eparpaille'e a travers le gigantesque territoire, que je n'apelle pas ou plutot PLUS pays. La raison est qu'il y a pas de peuple justement mais des peuples.

La these "du peuple qui a fait la guerre" aussi est discutable. La conclusion de "la bataille d'Alger", le film qui [dicte] "la nation algerienne algerienne est !", ressemble un peu ou est-ce totalement? a la declaration de eb bella "nous sommes arabes. " - Le "nous" reste toujours indefini. La seule chose qui aurait unifie' la population d'un certain territoire et les peuples qui y vivaient (qui y meurent maintenant), c'est la vision coloniale, et rien de plus. Vu la distance qui nous separe de ces evenements, et par soucis de franchise, condition d'honnetete', il y a bien lieu de dire "la population a subit la guerre" plutot que fait la guerre - ce qu'elle continue de faire jusqu'a aujourd'hui - ton billet en temoigne.

De peuple en algerie, je n'en connais de fait que le mien, le Peuple Kabyle, son Etat en exile et sa son Etat nie'. Les autres, n'ont a mon sens que change' de reperes. Nous essayons, avec difficulte', de tracer les notres. Nous peinons meme a finir l'esquisse, mais cela est normal. La qualite' de la republique qui en sortira en depend. D'ailleurs, c'est mon probleme avec ceux-la qui y voient une "atteinte a l'union nationale" - De quelle nation parle-ils ? Ils se positionnent deja pour nous la soutirer, tout comme ils l'ont fait a l'independance de la france.

Ceci dit, je n'ecris pas ce que j'ecris pour le plaisir de te contredire du tout, mais pour insister sur l'ecartement du taboo d'une discussion de telle importance. Le taboo est la guarantie des status quo, c. a. d. la continuation, or s'il y a un sujet qui emerge de cette grande techektchouka dite "presidentielle", c'est la remise en cause de la dite "republique. " et sa fondation necessaire - Un Peuple. Toute republique a besoin de ses valeurs premieres, qu'elle se doit de puiser dans la population. Il y a 2 facons de proceder:

Trouver un ensemble Union-iste ou commun-iste. c. a. d. un ensemble qui inclus les valeurs de tout le monde, c. a. d. toutes les valeurs, ou restraindre cet ensemble a un minimum - celui des valeurs deja partage'es par le monde. A mon avis, ce qu'il faut c'est la restriction a un ensemble de valeurs universelles, qui incluerait celui de jouir d'un particularisme en prive'.

Les probleme de l'algerie post-france, c'est la presence de la gestion de la rente petroliere dans les guaranties dites citoyennes dans la republique actuelle. Un dogme plus fort que celui qu'on a destille' a la population. N'est-ce pas ceux-la meme qui nous cuisine' "la religion d'etat" les seuls a avoir l'existence-meme d'un seul rab, juste et omni-present en tout et tous ? D'ailleurs, meme ici aux etat-unis, "nation unie et indivisible sous dieu" ne continue d'exister que grace a la reconnaissance que dieu est est tous et en chacun.

C'est une question de choix de la doctrine d'inspiration, il s'en apparente. La trilogie (Augustinienne) v. la dichotomie (Mohamedine) - Car apres tout, que ce soit Jesus, Augustin ou Mohamed, ce ne sont que des hommes, qui se sont implique's dans la misere de leurs societe's respectives. Jesus s'eest avere' bon [our les hebreux, Mohamed aussi bon pour les Arabes, et helas pour Augustin, son peuple precheur de la libre volonte', son peuple l'a abandonne'.

Bref, le personne algerienne est considere'e moindre par rapport au baril de petrole. Les gestionnaires de la rente, viennent de se rendre compte que leurs privileges vont tres bientot couter un bassin de sueur du citoyen-docile, ou une piscine de sang de l'opposant.

Les Kabyles ont eut a le constater, les Mzabs et Touaregs y sont, et les autres - leur tour viendra eventuellement. Je suis partisan de valeurs communes, et cette realite' est une a partager. L'exception Oranaise et environs entre 54 et 62, et ce qui fait defaut a cette republique qui ne veut naitre, qui refuse de sortir. Ce rab exceptionnel, qu'on dit Kabyle et qui n'a rien de tel, a appris a marcher a l'ouest, au rythme du MALG. Il est temps qu'il prenne la scene, que tout le monde apprenne a dancer comme un rab, que tout le monde en devienne un.

Je crois bien que c'est la mission du drabki - le debusquer ! tans mieux. Le vieux nain, est de toute facon fini. l'AVC, je crois bien n'est qu'un pretexte, d'aller plannifier loin de la surveillance, et biensur de renouveler les clefs de cripttage. Le grand probleme du rab est a mon avis la - Toute la machinerie russe de decryptage n'arrive pas a casser la clef maitresse, malgre' qu'ils soient maitre en la science. Le 1er cryptographe etait bien Russe d'origine, les rab de la statistique aussi.

avatar
Kacem Madani

Tu sais aghma, je ne me fais guère d’illusions quant à la portée de tous ces cris de colères déversés çà et là sur le net. Mais, bon c’est la seule façon d’évacuer un peu de cette tension qui broie souvent le moral des exilés! Si tu en connais d’indemnes, montres les moi que je puisse leur offre le verre du moral de fer !

avatar
Massinissa Umerri

Je comprends biensur, mais ce n'est pas mon cas. Je n'ai aucune colere et envers personne. Je suis indigne' de ce que subissent les miens (les Kabyles biensur) et je le crie sur tous les toits. Bien fait a ce toutou de mes deux, ou le qbayli qu'ils doivent l'avoir classe' depuis sa naissance, l'idiot. Sinon, ce saadni, il n'a qu'a en faire une khfafa et et le blancer de l'autre cote de la frontiere - toutes les autres canniches comprendront, et vite !Il ne s'est rappele' qu'il est Kabyle, que lorseque les barbus allaient l'agenouiller, ce qu'ils auraient du faire... Il se dirait une rabette, ce qu'il est vraiment... Sinon, depuis quand avons-nous fait menage avec khrabs ?

visualisation: 2 / 10