Secteur audiovisuel : l’hirondelle Berbère Télévision

Le groupe BRTV fait la différence dans le paysage audiovisuel algérien
Le groupe BRTV fait la différence dans le paysage audiovisuel algérien

Députés et sénateurs ont adopté la loi sur l’audiovisuel. Sans surprise, ils ont cédé au siège que leur a tenu Abdelkader Messahel.

Le dossier est vieux ; pour le pouvoir il était exclu que l’audiovisuel connaisse la moindre libéralisation. Un moment, dans la sempiternelle guerre des clans qui rythme la vie du système, Abdelmoumene Khalifa avait brandi l’arme d’une télévision, mais son toupet n’a fait qu’accélérer une déchéance déjà entamée. Deux expériences vont émerger au sein de l’émigration algérienne. Beur et Berbère TV. Elles n’ont pas le même succès. L’une dépérit jusqu’à ne plus avoir de télévision que le nom. L’autre prospère et fait son bonhomme de chemin au rythme de l’engagement et du dévouement de son personnel et de son propriétaire. Les deux expériences qui ont échoué sont celles sur qui le pouvoir algérien a pu établir peu ou prou une main mise. K TV a disparu et Beur Tv est devenue une chaine cartomancienne.

Alors que l’exécutif a fait un forcing pour que la loi soit "adoptée" sans la moindre modification, le processus de son élaboration s’est accompagné par la mise en place de nombreuses chaines privées. Paradoxe ou processus biaisé ? Comment un gouvernement qui verrouille la discussion d’un texte autorise dans le même temps la création de nombreuses chaines privées ? D’aucuns pensent que ces chaines qui ont émergé en 2012-2013 sont des émanations de secteurs sécuritaires et affairistes issus du système et qui travaillent à son recyclage. À suivre leurs programmes ce sont toutes les thèses des mandats successifs de Bouteflika qui sont déclinées. Par leurs rôles elles sont plus proches de l’action psychologique que de celui de mass médias. Tribunes pour les repentis islamistes, relais de tous les archaïsmes, propension à verser dans la diversion et la provocation, elles alimentent tous les faux débats et en suscitent de nombreux. Avant même le vote des deux chambres du parlement, le ministre de la Communication a renouvelé les autorisations d’exercer de ces télévisions-officines.

En fin de compte, le paysage médiatique algérien connait une masse de chaines publiques et parapubliques au service de l’oligarchie rentière qui a privatisé l’État. Seule sort du lot une chaine qui se distingue par son professionnalisme et la transparence de sa ligne éditoriale. Berbère télévision, pour ne pas la citer, chaîne privée de droit français, se consacre à la préservation et à la promotion de la langue et culture Amazigh. Pourtant elle s’astreint à un respect méticuleux des règles déontologiques. Ouverte sur l’ensemble de l’aréopage politique de France et d’Algérie, de nombreuses voix singulières ou minoritaires ne trouvent d’autres espaces d’expression que son antenne. Auteurs, poètes, militants politiques ou associatifs, chroniqueurs, journalistes, blogueurs… trouvent refuge dans cet espace. Un havre de liberté, assekif n’tmana moderne. Engagée dans le combat identitaire, culturel, démocratique et républicain elle ne peut pourtant pas être prise en faute de parti pris. Rien ne dénote une démarche "partisane". La diversité politico-culturelle de l’Afrique du Nord se reflète dans ses émissions.

Une hirondelle ne fait pas le printemps, mais lorsqu’elle se fait le tâcheron de tous les chantiers essentiels, il y a lieu de lui accorder le doute. Le groupe Berbère télévision s’est fait le prometteur de nombreuses rencontres internationales de promotion de la culture Amazigh. Elle finance des festivals consacrés au livre, au film, au théâtre et à la chanson. Ces rencontres ont bouclé, pour certaines plusieurs éditions. Le groupe médias a assis un partenariat avec la mairie de Paris qui en plus de programmer annuellement la célébration de Yennayer, porte désormais le projet d’un centre de la culture Amazigh à Paris. Un bilan impressionnant qui ne le met pourtant pas à l’abri de critiques, que dire ? D’attaques. À l’heure actuelle, Berbère Télévision et le Congrès Mondial Amazigh sont les éléments les plus tangibles de manifestation de Tamazgha. Ouvert sur toutes les composantes de cet ensemble, ils permettent le rapprochement et la solidarité entre elles.

Dans le paysage médiatique algérien, ce groupe médias dénote par son indépendance, son sérieux, son engagement, sa transparence, pour aborder l’état de ce secteur à l’heure d’une prétendue libéralisation il m’a semblé plus intéressant de rendre hommage à sa seule hirondelle.

Ahmed Ath Oumeziane

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Commentaires (8) | Réagir ?

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Zahar Mahiou

Soyons patients, dans l'avenir proche, peut être, chaque région de l'Algérie même de kabylie aura sa chaine, comme ça tout le monde sera content. Espérons.

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karim haddad

reponse a amnay djenadi

nonmonsieur.. ce que j'ai dit estunconstat fait par la plupart des kabyles de bejaia et de l'est... mayhess beldjemara......

quand a "votre cousin" (?) djenaddi, regardez la pegre flniste (dont bouchahra et zeghwati d'aqbou je crois qui saluent (hier) en direct boutef lika et lui souhaitent de se retablir et de reprendre son 4eme mandat

ce djenaddi evite d'inviter tous les vrais opposants au systeme .. mcb ou autres mais trie carrement les intervenants... vous savez que el xatan.. rebrab sont actionnaire ou associes aussi etmeme lepouvoir la regarde d'un bon oeil car elle contribue cette chaine de.... a anesthesier les jeunes pardes milliers de chansons debiles uneiquementd'amour (c'est la courses des igawawen a qui va chanter.. vieux.. vieilles... ruraux de tout acabits...) en tout cas beaucoup evitent de la regarder sauf quand il ya table ronde politique!!

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