France : offensive tous azimuts contre l'humoriste Dieudonné

Pourquoi ces attaques maintenant contre Dieudonné ?
Pourquoi ces attaques maintenant contre Dieudonné ?

Le gouvernement français a accentué mardi son offensive contre l'humoriste Dieudonné, dont il tente d'empêcher la tournée afin de contrer le "message de haine", selon lui, d'un "antisémite multirécidiviste".

L'humoriste Dieudonné ne fait plus rire les officiels français. Aussi, depuis quelques jours, il est au centre d'une série de mesures d'interdictions de se produire. Le préfet de Loire-Atlantique a signé mardi un arrêté d'interdiction du spectacle du polémiste qui devait se jouer jeudi à Nantes, conformément à la circulaire diffusée par le ministre de l'Intérieur Manuel Valls.

Dieudonné M'Bala M'Bala déposera toutefois un référé devant le tribunal administratif de la ville pour demander en urgence l'annulation de cet arrêté, a déclaré à Reuters l'un de ses avocats, Me Sanjay Mirabeau.

Parallèlement à cette offensive contre les spectacles de l'humoriste, la justice poursuit deux enquêtes ouvertes il y a environ un an contre l'humoriste, soupçonné d'avoir organisé son insolvabilité et d'avoir blanchi de l'argent.

Selon une source judiciaire, Dieudonné fait l'objet d'un signalement pour avoir fait envoyer par des proches depuis 2009 plus de 400.000 euros au Cameroun, pays d'origine de son père. D'après le Canard enchaîné à paraître mercredi, Dieudonné est mentionné comme le responsable d'une société Ewondo Corp créée en janvier 2013 à Yaoundé et immatriculée auprès du ministère du commerce. Avant le préfet de Loire-Atlantique, qui a invoqué un risque de trouble de l'ordre public, plusieurs maires de villes ont pris une décision similaire où étaient sur le point de le faire.

Manuel Valls avait transmis lundi une circulaire aux maires et préfets en vue d'empêcher la tournée de Dieudonné, condamné à de multiples reprises pour incitation à la haine raciale.

Hollande demande la fermeté

Ces derniers devraient interdire au cas par cas les spectacles de l'humoriste, dont la tournée en France - sauf s'il n'obtient pas gain de cause devant la justice - doit démarrer à Nantes, une mesure nationale étant juridiquement impossible. "Je demande aux représentants de l'Etat, en particulier aux préfets, d'être vigilants et inflexibles", a déclaré mardi François Hollande lors de ses voeux aux corps constitués.

Il a souhaité que "nul ne puisse utiliser le spectacle à des fins qui seraient de la provocation et de la promotion de thèses ouvertement antisémites", demandant que les sanctions, dont des amendes, "soient pleinement exécutées car il y a de la crédibilité même de la justice et de l'autorité de l'Etat". Le sujet a de nouveau été évoqué à l'Elysée lors des voeux présidentiels aux autorités religieuses.

"Les mots et les influences peuvent entraîner jusqu'à l'incitation à tuer, donc il est très important que les mots soient pesés et qu'on ne puisse pas dire n'importe quoi", a déclaré à sa sortie Joël Mergui, le président du Consistoire de Paris.

André Vingt-Trois, archevêque de Paris, a dit voir dans cette affaire "un travers de notre société où se développe une culture de la dérision et de la provocation". "Si on veut que ça s'arrête, il faut donner des signaux forts pour dire qu'il y a des choses qui ne se font pas, qui ne sont pas dignes d'êtres humains dans notre pays", a-t-il ajouté.

Jean Germain, le maire socialiste de Tours (Indre-et-Loire), a annoncé mardi qu'il interdisait le spectacle qui devait avoir lieu le 10 janvier au centre des congrès Vinci. Serge Grouard, maire UMP d'Orléans, a annoncé qu'il en ferait de même pour le show prévu le 11 janvier au Zénith de la ville. Le maire UMP de Bordeaux Alain Juppé avait lui aussi décidé lundi d'interdire le show prévu le 26 janvier dans sa ville.

Fermeture de la main d'or ?

Dans le passé, l'humoriste a obtenu systématiquement l'annulation devant les tribunaux des arrêtés d'interdiction de ses spectacles au nom de la liberté d'expression et de réunion. Dans un communiqué, ses défenseurs annoncent le dépôt d'une plainte pour atteinte à la vie privée, de huit plaintes en diffamation, et la saisine de la Cour de justice de la République à la suite des accusations portées par Manuel Valls.

"Le rôle de l'Etat est de garantir l'ordre public et non pas de se disperser pour interdire aux personnes qui le souhaitent de se rendre à un spectacle", écrivent-ils. Le secrétaire national du Parti Communiste, Pierre Laurent, estime que l'interdiction des spectacles "n'est pas le chemin le plus efficace pour combattre les idées" de Dieudonné.

De nombreuses associations juives ou de défense des droits de l'homme appellent de leur côté à mobiliser contre des spectacles qui "sont en réalité des meetings où l'on prêche le négationnisme et la haine des juifs". La ministre de la Culture n'exclut pas une fermeture du théâtre parisien de la Main d'or dans lequel Dieudonné se produit.

Aurélie Filippetti estime mardi dans Le Parisien que Dieudonné "ne peut pas se prévaloir de la création" et qu'il se place "du côté de la propagande d'extrême droite". Priée de dire si elle est favorable à la fermeture du théâtre de la Main d'or, elle répond : "Tous les supports juridiques permettant de mettre un terme à l'entreprise lucrative de M. Dieudonné doivent être étudiés".

Avec Reuters

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Commentaires (1) | Réagir ?

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Khalida targui

Dieudonné a part son racisme anti juif exprime le ras le bol du peuple français vis à vis des politiciens incompetents et corrompus ; voir Hollande feliciter un Bouteflika sur la democratie en Algerie, ça fait rire grave,