Algérie- Benchicou invité au Club des journalistes algériens de France : « Soyons indépendants ! »

Algérie- Benchicou invité au Club des journalistes algériens de France : « Soyons indépendants ! »

Le Club des journalistes algériens et franco-algériens de France a tenu, jeudi à Paris, son assemblée constitutive.
Au cours de cette rencontre, qui a permis à de nombreux journalistes algériens qui se sont perdus de vue de se retrouver, un nouveau bureau provisoire a été constitué.

Lieu de confrontation des idées, le Club s’attellera à traiter des questions relatives aux deux pays — l’Algérie et la France —, leurs relations, leur devenir, mais globalement aussi toute l’actualité internationale et autres questions du monde en mouvement.

« Cela ne suffit pas ! » a déclaré Mohamed Benchicou, directeur du Matin, qui a été invité à prendre la parole devant le Club. « Certes, ce Club est le bienvenu car, nous autres journalistes algériens avons tant à apprendre au contact des confrères étrangers et avons tant à connaître de ce monde en mouvement». «Mais cela suffit-il» s’interrogea-t-il ? «Assurément non.» Et d’expliquer : «Précisément, parce que ce monde est en mouvement, les journalistes algériens ne doivent pas subir un débat aux cadres prédéfinis mais expliquer que ce mouvement concerne aussi l’Algérie, qu’il la traverse à travers ses expressions multiformes et notamment l’autonomie des sociétés, le recul des hégémonies, l’émergence des opinions publiques, celles des sociétés civiles. C’est justement ce contexte particulier où l’Algérie subit et vit ce mouvement, qui voit la naissance du CJAF qui n’échappera pas à sa fonction d’outil de décryptage de la société algérienne vis-à-vis d’une opinion française qui se nourrit de ses propres clichés sur l’Algérie.»

Le combat de la société algérienne qui s’autonomise, qui se bat pour «produire ses propres perspectives en s’inscrivant précisément dans ce mouvement du monde, doit être porté par le CIJAF qui devra en même temps battre en brèche et faire reculer tous les clichés sur une société qui serait asservie à l’islamisme ou au pouvoir». Faire reculer aussi les clichés sur l’immigration «du pain» qu’on limiterait ou éradiquerait avec «la solution confortable du fonds de développement», en expliquant qu’aujourd’hui, le phénomène de l’immigration est la résultante du système antidémocratique lui-même et que son traitement est lié à la démocratisation du pays».

Il faudra aussi, poursuit notre confrère, que le CJAF s’empare de la question de la mémoire «pour démolir les clichés et réaliser que les laudateurs du colonialisme ont réussi le tour de force de faire passer un appareil idéologique des années 1930, 1940 et 1950 du siècle passé pour une nouveauté». La 7e mission du Club devra consister à expliquer qu’en Algérie, une presse libre existe aujourd’hui, mais elle a dû passer par des phases successives La première de 2001 (le nouveau code pénal) à 2006 marquée par la «répression frontale (emprisonnements, suspensions) destinée à la liquidation ou à la domestication de la presse par la force» et la seconde, de 2006 à 2007 au cours de laquelle «répression molle et manipulation dure» ont coexisté pour «corrompre et récupérer la presse comme acteur principal de la comédie du pouvoir, chargé de la représentation médiatique d’une démocratie de façade». Ces deux étapes successives n’ont pas permis au pouvoir d’atteindre ses objectifs.

Aujourd’hui, une presse algérienne libre existe et qui aborde aujourd’hui la phase de consolidation et de consécration de son indépendance. Ce ne sera pas simple, explique encore Benchicou, et le sera moins pour deux raisons : «Le travail de relais indépendant au service d’une société algérienne méconnue sera d’autant plus pénible en cette approche de la présidentielle dans le pays et face ici à une presse française en crise structurelle et éditoriale qui va compliquer l’écoute.» Mais il faudra faire ce travail d’explication et le CJAF peut en être un cadre.

Nacer Kettane est, lui, intervenu pour demander à ce que le contenu de la charte du Club ne soit pas une simple succession de mesures déontologiques, valables pour tous les journalistes quelle que soit leur organisation, mais qu’il devra rendre compte de ce qui distingue les journalistes algériens du reste de la corporation. Le directeur de Beur-FM et Beur-TV a, lors de son intervention, fortement insisté sur un point : «La nécessaire ouverture du champ télévisuel algérien» aux opérateurs privés et publics.

Deux autres confrères, Arezki Metref et Boualem Gueritli, ont pris la parole, pour dire que le Club gagnerait à baliser très clairement ses objectifs et sa démarche pour éviter de s’enliser dans l’actualité immédiate sans approche claire. Tous ont été entendus par les participants qui ont décidé de créer un groupe de travail constitué de Arezki Metref, Nadia B., Fadette Abed, Nacer Kettane, Boualem Gueritli, Nadjia Bouzeghrane, Yahia Belaskri, et Khadidja Baba- Ahmed, animé par Mohamed Benchicou. Ce groupe proposera au nouveau bureau du CJAF, une contribution permettant de situer les objectifs du Club et les lignes directrices de son futur combat.

Khadidja Baba-Ahmed – Le Soir d’Algérie

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Commentaires (5) | Réagir ?

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Reda Hassaine

j'ai juste une question a posee aux membres du Club des journalistes algériens de France.

les journalistes algeriens residants en Grande Bretagne peuvent ils adheres a ce nouveau club? merci

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brahim

un prix nobel avait dit que dans les pays ou il y a une liberte de presse, il n y aura ni calamites naturelles, tremblement de terre, ou inondations ou autres, ni epidemies, ni famine, et surtout ni guerre civile. voila une bien heureuse recette pour certains!et c est simple :parceque les gens qui s expriment librement vont pousser les pouvoirs a ne pas dormir sur leurs lauriers et vont demasquer les negligences de toutes sortes, de telle facon que le contre pouvoir va jouer en faveur de la communaute. mais faut il encore que la presse libre traite et traque toutes les insuffisances. cela suppose quelle sache tout sur le pays, et diagnostique correctement les maux. d ailleurs les medecins sont les meilleures sources. cela suppose une expertise:ecouter les gens, ils savent tout et ont un bon sens pour les solitions. ne restons pas dans les salons, allons un peu plus au fond.

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