Amazighité : assumer notre identité

La disparition de tamazight est programmée voire organisée par les pouvoirs de la région.
La disparition de tamazight est programmée voire organisée par les pouvoirs de la région.

Voilà, plus d’un demi siècle depuis que nous avons recouvré notre souveraineté sur nos territoires et nous réalisons que l’indépendance ne signifie pas la liberté. L’autoritarisme autochtone s’est substitué à l’autoritarisme étranger.

Sur le plan identitaire, notamment dans le sous-continent nord-africain, nous avons assisté carrément à un viol des consciences. Une identité baathiste s’est substituée par la violence à l’identité historique qu’est l’amazighité. Pendant des décennies cette dernière a été niée, vouée à l’opprobre; ses partisans ont subi les pires sévices, exécutés dans l’anonymat.

Mais la ténacité dans la lutte, l’avancée des principes démocratiques dans le monde laissent entrevoir des perceptions prometteuses. Du moins formellement, elle commence à être reconnue au Maroc, en Algérie, en Libye. Les autorités locales restent très loin de l’assumer. Par contre, ces mêmes autorités font état du caractère impératif d’une démocratisation pour réaliser le développement économique et social de chacun des pays et assurer une forme supérieur de cohésion sociale. Dans cet ordre d’idées, l’amazighité s’avère indissociable de la démocratie qui s’entend comme une somme de valeurs que respecte la communauté et non comme l’organisation de scrutin (vote) qui ne changent rien. Sans démocratie, les attaques au grand jour et le plus souvent sournoises continueront à frapper l’amazighité. On le remarquera, tamazight n’est pas plus officielle dans les faits au Maroc qu’elle n’est national en Algérie.

Partout, aux Iles Canaries, au Sahel, en Egypte et en Afrique du nord, la disparition de tamazight est programmée. Un exemple parmi tant d’autres; il y a un mois à Khenchela (Algérie), on continue à demander des autorisations paternelles aux élèves apprenant tamazight, et l’enseignement se réduit à deux heures par semaine, dispensé de façon éparse, facultatif, quand il fait beau et qu’il y a un budget pour rémunérer l’enseignant.

Sans démocratie, il n’y a pas de citoyen; l’individu, dépourvu de personnalité est réduit à un non être. En réalité, il n’a même pas une identité baathiste, encore moins une identité amazighe laquelle, est perçue comme ennemie intérieure. Dans ce cas, toute élévation du niveau culturel de la population est combattue. Sans démocratie, la promotion identitaire reste problématique. La rente sur le plan économique est consacrée à l’entretien des appareils répressifs et non à la promotion de la rationalité, de la culture. Et c’est l’amazighité qui sera annihilée, sinon réduite à la portion congrue.

Sans démocratie le chaos qui s’annonce partout dans nos contrées est lourd de périls.

Il est fort à craindre que l’amazighité continue à être présentée comme un facteur de division, les pouvoirs en place s’arrogeant la fonction factif d’arbitre et de cohésion nationale. En somme, la reconnaissance pleine et entière de l’amazighité constitue un excellent indicateur de l’avancée et de l’ancrage démocratique dans nos structures sociales, car il est indéniable que sans l’amazighité qui demeure le socle sur lequel est basé nos contrées, la démocratie n’est qu’un leurre.

Nous sommes tous amazighs quelles que soient nos origines à titre individuel. Nous ne sommes ni une race pure, ni une ethnie fermée et portée de dégénérescence; nous sommes le produit de notre histoire, nous n’avons pas à inventer une autre histoire, fut-elle glorieuse. L’amazighité, aujourd’hui brimée, ne peut se comporter en identité meurtrière au sens de Amine Maalouf parce qu’une identité n’est meurtrière qu’à l’extérieure de ses frontières. Nous, nous voulons retrouver nous même et pas agresser les autres.

L’amazighité est un rattachement à un passé « Les hommes libres » se définissaient ainsi par rapport aux sociétés environnantes où l’esclavage était endogène à savoir le long du Nil et le long du Niger, des terres très riches exploitables par une main d’œuvre servile. Chez nous, nos montagnes, aux sols pauvres, nos plaines exigües et nos plateaux parvenaient juste à nous nourrir.

L’amazighité c’est aussi recouvrer une personnalité pour être acteur dans l’histoire, jusqu’à présent a été violée. On a cru peut être bien faire ! Cette dérive a été bien résumée par Alexandre Dumas ’’Il est permit de violer l’histoire à condition de lui faire de beaux enfants’’… Et en Afrique du Nord, accoucher d’un Ben Bella, Ben Ali, Kadhafi, Moubarak et de la nouvelle classe dirigeante issue de la révolte nord africaine qualifiée honteusement d’arabe ainsi que de toute cette panoplie d’hommes politiques marocaine amazighophobes dont la liste a été publiée sur la toile par ‘’Amazigh World’’ n’est pas du tout beau. Sans amazighité, on ne peut parler de démocratie, de participation au cours de l’histoire contemporaine.

Je ne voudrais pas conclure sans citer une pensée de Saint Exupery qui s’intègre dans ce contexte : "Je les ai toujours trouvés pauvres ceux qui ne savaient pas de quoi ils étaient solidaires. Je les ai vus se chercher une famille, une patrie, une religion ; mais ils n’y a d’accueil vrai que dans la racine. Si tu sais le découvrir branche, bien accrochée à l’olivier, tu goutteras dans tes balancements l’éternité". Des oliviers, ce n’est pas ce qui manque chez nous !!!!

Madjid Aït Mohamed

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Commentaires (12) | Réagir ?

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Abdelaziz DJABALI

-TAMAZIGHT A TOUJOURS ÉTÉ UN DIALECTE,

-ET RESTERA TOUJOURS UN DIALECTE !

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mohand tawdect

Ce qui reste d'amazighs (personnes libres) ne demande plus à être reconnu par des colons génétiquement incapables de reconnaître autre chose que leurs nombrils. De ce fait, de guerre lasse, il n'est plus question de demander mais de s'isoler de cette sordide persécution.

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