Congo : violents affrontements armés à Brazzaville

Brazzaville dans la panique suite à des combats à l'arme lourde
Brazzaville dans la panique suite à des combats à l'arme lourde

Des affrontements pendant plusieurs heures dans le centre de Brazzaville entre l'armée congolaise et la garde d'un militaire haut-gradé condamné par la justice ont fait six morts et ont créé une panique dans la ville lundi.

Des tirs d'armes lourdes et légères ont été entendus dans la matinée près du domicile du colonel Marcel Tsourou, ancien secrétaire général adjoint du Conseil national de sécurité. Il avait été condamné en septembre à cinq ans de travaux forcés avec sursis dans l'affaire des explosions meurtrières du 4 mars 2012 à Brazzaville (près de 300 morts officiellement) qui avait fortement ému l'opinion.

"Le colonel Marcel Tsourou s’est rendu. Il se trouve présentement entre les mains de l’état-major des forces armées congolaises", a déclaré à l’AFP le colonel Jean-François Ndenguet, directeur de la police nationale lundi après-midi. "Le colonel s’est rendu avec sa femme et trois de ses enfants", a précisé à l’AFP un militaire, sous couvert d’anonymat.

En fin de journée, un journaliste de l'AFP a vu six morts dans la résidence du colonel Tsourou, tués par balles, tous habillés en civil. La façade principale de la maison est tombée, et un baobab à l’intérieur de la parcelle est couché.

Les badauds commençaient petit à petit à venir voir les dégâts, dont des véhicules endommagés par les combats. Aucune explication officielle n'a été donnée dans l'immédiat à cette opération. Selon un adjudant de gendarmerie, interrogé par l'AFP, les militaires avaient "reçu mandat du haut-commandement pour déloger" le colonel Tsourou de "la maison de fonction qu'il occupe", et qu'il devait "quitter" car il n'était plus membre du Conseil national de sécurité. "De gré ou de force, on doit le faire partir aujourd'hui".

Mais le directeur de la police nationale a donné une explication différente. Selon lui, un véhicule ayant participé à l'attaque d'une patrouille policière dimanche soir avait été "repéré au domicile du colonel Tsourou" et une perquisition a été ordonnée.

Mais "les officiers judiciaires (...) ont essuyé des tirs. C'est donc un cas de flagrant délit de constitution de milice, d'où l'intervention de l'armée", a-t-il précisé.

L'épouse du colonel, Charlotte Tsourou, a cependant réfuté ces raisons. "Tout ça, ce sont des faux-fuyants". "Ils veulent à tout prix atteindre mon mari pour des raisons qui leur sont propres", a-t-elle déclaré à l'AFP. Les affrontements ont provoqué une panique dans le centre de Brazzaville. A 10h20 (09H20 GMT), un hélicoptère a sillonné le ciel pendant environ dix minutes pour une mission de reconnaissance, a constaté un journaliste de l'AFP. Vers 10H50, un tir de canon a retenti, suivi de nombreux tirs d'arme automatique. Ces tirs, qui selon un diplomate et plusieurs habitants ont suivi une première fusillade dimanche soir, ont paniqué les habitants.

Commerces, administrations et écoles ont aussitôt fermé. Des habitants sont restés terrés chez eux, d'autres, surpris, ont fui dans toutes les directions. Un gros embouteillage s'est formé. "Même des prisonniers sont sortis de la maison d'arrêt (située à proximité) et ont pris la fuite", selon un habitant prénommé Oscar, interrogé par l'AFP.

Dans l'après-midi, la circulation a repris timidement dans le centre-ville, après la fin des tirs. Mais des habitants, peu rassurés, continuent de sortir de chez eux avec des baluchons pour tenter de se mettre à l'abri ailleurs. Les alentours de la résidence du colonel Tsourou restaient quadrillés par les militaires. Ceux de la garde républicaine, en bérets violets, interdisaient à quiconque de s'approcher de la zone sensible.

Les explosions dans le quartier résidentiel de Mpila, le 4 mars 2012, avaient fait officiellement près de 300 morts, plus de 2.300 blessés et 17.000 sans-abri.

Six militaires ont été condamnés et vingt-six autres accusés acquittés par la justice congolaise dans le cadre de cette affaire. Le colonel Tsourou avait écopé de cinq ans de travaux forcés avec sursis pour complicité d'incendie involontaire et détention illégale d'armes de guerre.

Avec AFP

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