France : les masques Hopis très bien vendus à Drouot malgré les protestations

Les masques hopis
Les masques hopis

Les masques des Indiens Hopis et Apache San Carlos se sont très bien vendus lundi à l'Hôtel des ventes Drouot à Paris, en dépit des demandes des Etats-Unis et d'une association de défense des peuples aborigènes de différer cette vente.

Les 24 masques "Katsinam" considérés comme sacrés par les Hopis ont trouvé preneur à des prix supérieurs aux estimations. Le montant de leur vente a totalisé 520.375 euros (frais compris), a indiqué à l'AFP la société d'enchères EVE, organisatrice de la vente. Lot phare des objets Hopis, un masque heaume de la "mère corbeau", datant du XIXe siècle, a été adjugé au téléphone 125.000 euros avec frais. Il était estimé entre 60.000 et 80.000 euros.

Par ailleurs, trois masques Apache san Carlos, dont la vente était contestée par cette autre tribu, ont été vendus 30.000 euros au total. Les collectionneurs étaient au rendez-vous en salle et au téléphone pour cette vente controversée. Elle présentait environ 150 objets amérindiens, qui ont totalisé 1,167 million d'euros pour cette partie de la vente qui présentait aussi de l'art précolombien. Elle s'est déroulée dans le calme dans une salle remplie, a constaté l'AFP.

Un représentant de l'Ambassade des Etats-Unis à Paris a assisté à la vente pour "montrer sa solidarité avec les deux tribus". "Nous restons préoccupés par cette vente qui s'est faite sans que les tribus Hopi et Apache aient eu le temps d'examiner les objets et leur provenance pour voir s'ils pouvaient les revendiquer", a déclaré à l'AFP Philip Breeden, ministre conseiller aux Affaires culturelles près l'Ambassade des Etats-Unis. "Nous souhaitons engager un dialogue sur ce type d'objets", a-t-il ajouté. Samedi, l'ambassade des Etats-Unis à Paris avait demandé en vain à la maison d'enchères EVE de suspendre la vente. La semaine dernière, l'association de défense des peuples aborigènes Survival International avait tenté d'empêcher la vente en assignant en référé la maison d'enchères EVE devant le Tribunal de grande instance de Paris.

Considérés comme des êtres vivants

Mais vendredi, elle a été déboutée. "Si la vente de ces objets cultuels peut constituer un outrage à la dignité de la tribu Hopi, cette considération morale et philosophique ne donne pas à elle seule droit au juge des référés de suspendre la vente de ces masques qui n'est pas interdite en France", avait estimé le juge. C'était le deuxième échec qu'essuyait l'association en France. Début avril, elle avait déjà tenté, sans succès, de faire suspendre une autre vente qui portait sur 70 masques, organisée également à Paris.

La tribu Hopi de l'Arizona compte environ 18.000 membres. Portés par des danseurs Hopis lors de cérémonies religieuses généralement interdites aux blancs, ces objets "Katsinam" sont considérés comme des êtres vivants par les indiens.

Parmi les lots Hopis, un masque utilisé pour la danse des serpents, a été adjugé 22.500 euros avec frais (estimation 12.000 à 18.000 euros). Un rare masque aux traits humains, avec une coiffure typique à catogan, a été vendu 8.500 euros (il était estimé entre 5.000 et 7.000 euros). L'avocat Pierre Servan-Schreiber, qui représentait Survival International et les Hopis dans cette affaire, était présent dans la salle. Il a acheté l'un des Kastinam pour 16.250 euros (avec frais), peut-être pour un tiers.

Lors de la dernière vente, il avait acheté un masque et l'avait restitué à la tribu Hopi en juillet dernier. M. Servan-Schreiber, qui portait un bracelet et une ceinture Hopi, a regretté la tenue de cette vente. "Ces objets ont une telle valeur pour les tribus qu'ils ne doivent pas faire l'objet d'une vente", a-t-il dit. "C'est encore une bataille de perdue. Mais nous allons continuer notre action". Pour sa part, un collectionneur se félicitait du "bon résultat" de ces enchères. "Il y a de nouveaux amateurs pour ces objets", déclarait-il.

AFP

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