Liban: les kamikazes présumés de l'attentat devant l'ambassade d'Iran identifiés

Un des deux kamikazes
Un des deux kamikazes

Les autorités libanaises ont annoncé samedi avoir identifié les deux auteurs présumés du double attentat suicide meurtrier devant l'ambassade d'Iran à Beyrouth, des proches affirmant qu'ils étaient des sympathisants d'un cheikh sunnite radical hostile à Téhéran.

Le double attentat de mardi, qui a fait 25 morts et des dizaines de blessés, avait été revendiqué par un groupe lié à Al-Qaïda, Abdallah Azzam, qui avait affirmé avoir agi en représailles à l'implication du Hezbollah, parti libanais chiite parrainé par l'Iran, dans les combats contre les rebelles en Syrie aux côtés du régime de Damas.

Il s'agissait de la première attaque contre des intérêts iraniens depuis le début du conflit syrien en mars 2011, dans lequel Téhéran soutient le régime de Bachar al-Assad. L'implication de ce pays à majorité chiite dans la guerre provoque l'ire des sunnites en Syrie et au Liban, en majorité partisans des rebelles.

L'armée libanaise et un juge en charge des dossiers de terrorisme ont annoncé samedi avoir officiellement identifié l'un des deux kamikazes présumés comme étant Mouïn Abou al-Dahr, un Libanais de 21 ans originaire de Saïda, la grande ville à majorité sunnite du sud du Liban.

Un membre de sa famille a affirmé à l'AFP que le jeune homme avait téléphoné à son père en utilisant un numéro syrien quelques jours avant les attentats, "lui demandant pardon pour quelque chose qu'il allait faire". En soirée, l'armée a en outre confirmé dans un communiqué qu'à la suite de tests ADN, un Palestinien résidant au Liban, Adnane Moussa al-Mohammad, était considéré comme le deuxième kamikaze.

Mouïn Abou al-Dahr a été identifié par comparaison avec l'ADN de son père, selon le commissaire du gouvernement auprès du tribunal militaire, le juge Sakr Sakr.

Sur la page Facebook présentée comme étant celle de Mouïn Abou Dahr, qui semble avoir été désactivée samedi, le jeune homme, apparaissant sur une photo avec une barbe noire, exprimait son admiration pour Al-Qaïda et Ahmad al-Assir, un cheikh radical sunnite et opposant farouche au régime syrien et à ses alliés, comme l'Iran et le Hezbollah.

Ce cheikh est en cavale depuis des affrontements meurtriers cet été entre ses partisans et l'armée libanaise. Sur cette page, Mouïn promettait de "venger" ce cheikh, très médiatisé mais qui ne bénéficiait pas d'un large soutien au sein de la communauté sunnite.

A Saïda, dans le quartier où vivait le jeune homme, et le choc était visible chez les voisins, sa famille se refusant à parler à la presse. "C'était un homme poli, qui m'encourageait tout le temps à aller prier. Je ne m'attendais pas à ce qu'il commette un tel acte", affirme à l'AFP Ahmad al-Yaman, qui habite en face de l'immeuble où résidait Mouïn. Un jeune se présentant comme un de ses amis très proches a affirmé de son côté à l'AFP que le kamikaze avait beaucoup changé après un voyage en Suède, où il avait été pris sous l'aile d'un imam.

"Depuis qu'il est rentré de Suède, il me parlait du martyre et estimait que sa famille n'était pas assez religieuse", a indiqué cet ami.

Lorsque l'armée a pourchassé le cheikh Assir qui l'accusait de complaisance à l'égard de l'implication du Hezbollah en Syrie, le jeune homme était en colère, "estimant que les sunnites du Liban étaient injustement traités".

A Beissariyé, à 10 km de Saïda, chez la famille du deuxième kamikaze présumé, c'est également le choc. "Mon fils était pieux et allait régulièrement à la mosquée (...) je n'arrive pas à croire que mon fils ait commis ce crime effroyable", affirme la mère, en tremblant.

"Les gens du village ont alerté le père que son fils participait à des rassemblements du cheikh Assir à Saïda", raconte l'oncle. "Il a tenté à plusieurs reprises de l'en dissuader, mais son fils a refusé et il a quitté la maison... depuis des mois, on ne savait rien de lui, jusqu'à ce que son nom soit mentionné dans l'attentat".

AFP

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