Gouvernement Sellal : statu quo ou changement par de l’innovation ?

Le gouvernement Sellal n'a pas montré des capacités pour bâtir des institutions plus justes.
Le gouvernement Sellal n'a pas montré des capacités pour bâtir des institutions plus justes.

Les mutations technologiques et économiques ont conduit à une nouvelle vague d’innovations sociales insoupçonnées, frappant les organisations relatives aux institutions et aux entreprises sur tous les plans. Ainsi, de nouvelles formes d’organisations ont émergé et qui se démarquent sensiblement des organisations classiques.

Ces dernières sont aux prises avec un nombre considérable de contradiction, des coûts sociaux et une rigidité qui les rendent anachronique dans le contexte moderne contemporain. En effet, jamais les dirigeants algériens n’ont vu un aussi rapide et gigantesque changement tel qu’ils l’expérimentent aujourd’hui. Ce changement altère leur manière de penser et menace leur statut quo comme jamais auparavant. Ils se retrouvent soudainement en relation avec des choses qui, il y a quelque temps, ne constituaient pas une problématique à leur façon de faire et de vivre. La configuration de l’état actuel des organisations qu’ils dirigent en est une qu’ils trouvent assez confortable. S’en est une pour laquelle ils ont travaillé toute une vie pour l’obtenir. De plus, c’est une situation pour laquelle ils dépensent le plus d’énergie pour la maintenir. Pourquoi? Car, ils la connaissent très bien et ils savent ce qu’elle représente pour eux. Essayent-ils de l’améliorer ? Oui, bien entendu, ils essayent toujours d’améliorer les choses pour le bien être ses citoyens et la prospérité du pays, mais les petits changements qu’ils apportent sont fait pour ne pas perturber leur confort et leur sécurité que l’état actuel de la situation assure. Voulent-ils quitter cette situation pour une autre complètement différente et qui leurs est inconnue? Dans plupart des cas la réponse sera effectivement non. Ont-ils besoin d’avoir une raison pour quitter la situation actuelle? Ont-ils besoin d’être insatisfait avec la situation actuelle? Même si ces raisons ne sont pas suffisantes, souvent ils veulent demeurer dans la même situation combien même elle est inconfortable. Cela est dû à la peur de l’inconnue. Ils résistent au changement car ils ne sont pas convaincus soit de la rationalité de la nouvelle configuration ou, ils ont des intérêts à sauvegarder ou carrément cela va à l’encontre de leurs croyances.

Étant humaniste, et croyant à la valeur humaine, je ne peux imaginer quelqu’un qui va détruire la performance dans le cadre de son travail, quel que soit le niveau du poste qu’il occupe. Ainsi, la problématique ou le mal du mode de gouvernance des institutions algériennes réside dans les vieilles croyances ou paradigmes qui conditionnent les actions et les prises de décision des dirigeants. En effet, ces vielles croyances conditionnent les politiques informelles, en termes de culture organisationnelle, et les politique formelles en termes de stratégies. De plus, les vielles croyances qui sont tayloriennes, déconnectent les éléments fondamentaux d’un système dans les actions et les prises de décisions relatives aux solutions d’améliorations. En termes plus précis, les vielles croyances institutionnelles et industrielles ne font pas le lien de causes-à-effets entre les matrices fondamentales d’un système soient, les aspects humains, les aspects techniques et les aspects organisationnels. Et, par déploiement, elles ne font pas de liens de causes-à-effets entre ce qui est juste, ce qui est noble et ce qui est honorable, ou bien entre la stratégie, la tactique et l’exécution. Ainsi, les effets pervers de ce mode de pensée de gouvernance sont le territorialisme, la corruption, le clientélisme, le défaut de moralité, la déliquescence de la société, l’abus de pouvoir, le passe droit, le non respect des valeurs humaines, la gestion de la rente au lieu de la gestion de l’intelligence, le manque de courage, la stupidité et la médiocrité.

Les vielles croyances constituent des cartes de terrains qui ont profondément changés, essayer de se guider sur ces nouveaux terrains avec des vielles cartes, c’est l’échec programmé. Pour diriger dans un monde en perpétuel mouvement, qui s’apparente à une jungle des temps actuels, essayer d’établir une carte qui permet une rupture avec le passé n’a qu’une valeur limitée. Ce dont les dirigeants ont besoin, c’est d’une boussole morale : un "sens". L’importance du sens dans la vie (personnelle et professionnelle) devient de plus en plus grande, car le changement s’accélère dans des domaines techniques et technologiques. Ce «sens» est basé sur «des principes justes» qui sont comme des boussoles : l’aiguille montre toujours la bonne direction. Si nous savons la lire, nous ne serons pas perdus, perturbés, trompés par des directions et des valeurs en opposition. Les principes sont des lois naturelles évidentes et se valident eux-mêmes. Ils ne bougent ni ne changent, mais ils nous montrent le nord magnétique de nos prises de décisions, et de notre vie, lorsque nous naviguons en suivant les différents courants de notre environnement.

Ainsi, les dirigeants actuels pensent que le changement et l'amélioration doivent cheminer de l'extérieur vers l'intérieur plutôt que l'inverse. Pourtant, cela fait quatorze siècles que nous savons que le changement doit cheminer de l’intérieur vers l’extérieur. Même s’ils identifient en eux-mêmes le besoin de changement, ils pensent d'habitude qu'il leur suffit d'acquérir de nouvelles compétences plutôt que de faire preuve d'intégrité face à des principes fondamentaux. Mais des avancées significatives sont souvent la conséquence de ruptures internes avec des manières traditionnelles de penser. J'évoque ce processus en parlant de changement de paradigme. L’efficacité est fondée sur certains principes immuables - les lois naturelles et humaines sont aussi réelles, aussi pérennes que celles de la pesanteur dans le domaine de la physique. Ces principes sont imbriqués dans le tissu de toutes les sociétés civilisées et constituent la racine de toute famille ou de toute institution qui perdure et prospère. Les principes n'ont pas été inventés par nous ou par la société. Ce sont les lois de l’univers qui se rapportent aux relations et aux entreprises humaines. Ils sont partie intégrante de la condition humaine, de la conscience. Selon que les gens admettent ou non les principes fondamentaux tels que l’équité, la justice, l’intégrité, l’honnêteté et la confiance et vivent en harmonie avec ceux-ci, s'orientent soit vers la survie et la stabilité soit vers la désintégration et la destruction. "Le leadership axé sur les principes" est fondé sur le fait que nous ne pouvons pas violer ces lois naturelles en toute impunité. Que nous y croyons ou non, elles ont été efficaces à travers les siècles de l'Histoire humaine. Les hommes sont plus efficaces et les entreprises et les institutions sont plus responsables quand elles sont guidées et gouvernées par ces principes éprouvés. Ce ne sont pas des solutions miracles aux problèmes personnels et interpersonnels. Ce sont plutôt des préceptes de base, qui, appliqués avec constance, deviennent des habitudes de comportement permettant une transformation fondamentale des individus, des relations, des institutions et des entreprises.

Pour survivre à l'évolution des transitions, les entreprises et les institutions dans le monde sont de plus en plus guidées sur la base de principes justes. Les principes, à l'inverse des valeurs, sont objectifs et externes. Ils opèrent selon des lois naturelles sans tenir compte des conditions. Les valeurs sont subjectives et internes (des voleurs ont des valeurs, ne pas se dénoncer, mais n’ont pas de principes car ce sont des voleurs.) Les valeurs sont comme des cartes; ce ne sont pas des territoires, mais simplement des tentatives subjectives de représentation des territoires. Plus nos valeurs ou nos cartes sont en harmonie avec des principes justes - avec les choses telles qu'elles sont, les réalités du territoire -, plus elles sont exactes et utiles. Cependant, lorsque les territoires changent constamment, lorsque les besoins des citoyens et des acteurs économiques évoluent constamment, toute carte devient vite obsolète. Par ce fait, il est de la nécessité de donner un «sens» existentiel aux institutions algériennes. Ce «sens» est défini par des principes qui s’appliquent à tout moment et en tous lieux. Ils se manifestent à travers les valeurs, les idées, les normes et les enseignements qui anoblissent, épanouissent, responsabilisent et inspirent les hommes. La leçon de l'Histoire est que, lorsqu’un peuple fonctionne en harmonie avec les principes justes, il a toujours prospéré. À la base du déclin des sociétés, on retrouve des pratiques irresponsables qui violent ces dogmes. S’il y avait eu un véritable engagement social envers les principes justes on aurait évité les actuels désastres économiques, les conflits interculturels, les mascarades politiques et la guerre civile durant les années 90. Par ces faits, il est impératif de rompre avec le passé, et chaque avancée significative sera à l’origine d’une rupture courageuse avec les modes de penser traditionnels relatifs au leadership. Pour assurer le succès, les dirigeants doivent commencer, en premier, par examiner leurs propres valeurs et croyances et leur propre sens de l'identité. C’est leur leadership basé sur les principes qui constitue «leur vision de la réalité» et la lorgnette - relative aux politiques aux mesures et aux performances – à travers laquelle ils perçoivent notre environnement. Ainsi, les changements dans le système réfèrent à une carte désuète, par contre le changement de système réfère à une boussole qui indique toujours le nord magnétique.

Pour conclure, je dirai qu’il est de la nécessité de donner un "sens" existentiel aux institutions algériennes. Il faut du leadership basé sur "des principes justes" pour assurer un remodelage du management et des tâches des travailleurs et les comportements des citoyens. Le dernier défi du président et des prétendants sera de construire une nouvelle organisation qui répondra aux changements rapides du contexte économique, technologique et socioculturel. Le pouvoir doit être l’énergie fondamentale nécessaire pour lancer et soutenir une action ou, autrement dit, la capacité de traduire l’intention en réalité et de soutenir l’action en gérant la mobilisation grâce à une puissante vision capable de faire découvrir aux autres des horizons qui leurs étaient jusque-là inconnus. Car, la personne qui suit la foule n’obtiendra rien de plus que la foule, par contre, la personne qui marche seule découvrira probablement des lieux où personne n’avait jamais été auparavant. La créativité dans la vie ne va pas sans difficultés, qui se distingue engendre le dédain. Et ce qu’il y a de fâcheux pour toute personne en avance sur son temps, c’est que, lorsque les gens réaliseront en fin de compte qu’elle avait raison, ils proclameront que c’était évident dès le début. Il n’existe qu’une seule alternative dans la vie : se fondre dans le courant dominant ou se distinguer. Pour se distinguer il faut être différent. Pour être différent, il faut être ce que personne d’autre ne peut être. 

Ammar Hadj-Messaoud, Ing.; M.Sc.A

PDG/Expert Principal

SCIQUOM CONSEIL

Ammar Hadj-Messaoud est Ingénieur et maître en sciences appliquées. Il dirige les opérations de Sciquom Conseil, firme spécialisée dans l’amélioration des capacités compétitives des entreprises et des institutions. Il dispose d’une longue et riche expérience en gestion des opérations. Il a occupé les plus hauts postes de gestion au sein de plusieurs entreprises multinationales au Canada. Ses principales responsabilités consistent à diriger les orientations et les stratégies en gestion des opérations et à fournir le soutien pour l’application des politiques et directives de gestion des différentes fonctions opérationnelles. Il est consultant auprès de plusieurs entreprises dans l’implantation de processus d’amélioration continue.

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Commentaires (7) | Réagir ?

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adil ahmed

merci

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chilmoune

Tous les ministres assis sauf le président debout ! Bled miki ! Dans tous les pays du monde, meme vivant à la préhistoire n'accepteront ce type de gouvernance.

il y'a un minimum de dignité quand on est ministre, juge, député, maire, haut militaire, intellectuel.... on doit etre logique avec ses idées et défendre la vérité quel que soit le risque.

Mais en algérie ce sont tous des chiyatines les gens d'en haut et ça ne changera pas tant que le peuple dort. Atass atass mazal el hal. Bonne nuit à tous.

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