Libye, la sécurité tributaire de la chariâa ?

Les milices islamistes entendent imposer leur loi.
Les milices islamistes entendent imposer leur loi.

Décryptage. Lundi, Ansar chariaa, le principal groupe salafiste jihadiste libyen, dont le QG se trouve à Benghazi, auteur de dizaines d’attaques et d'assassinats dans l'est du pays, a affirmé que la sécurité en Libye était "tributaire" de l'application de la loi islamique.

Par Hassane Zerrouky

"La quiétude et la sécurité sont tributaires de l'application de la charia", a affirmé le groupe dans un communiqué, cité par l’AFP. De plus, il a précisé qu’il ne reconnaissait pas les institutions de l'Etat ni ses services de sécurité, les qualifiant d'apostat et de "Taghout".

Eh bien, le vœu d’Ansar chariâa est sur le point d’être exaucé. La réponse n’a pas tardé. Jeudi, les autorités libyennes ont annoncé qu’elles envisageaient une révision des lois et réglementations nationales afin de les rendre conformes aux dispositions de la chariâa. Le texte annonce la création d'un "comité chargé réviser la législation existante et de proposer des amendements de manière à ne pas contredire les dispositions et règles fondamentales de la loi islamique". Toujours selon ce document, ce comité, composé de seize membres nommés par le ministère de la Justice sur proposition de la Cour suprême et du mufti, la plus haute autorité religieuse libyenne, sera présidée par un juge comprendra aussi des professeurs d'universités islamiques, selon le document. Et ce, en attendant l’adoption de la nouvelle Constitution en cours d’élaboration dans laquelle la chariâa devrait figurer en bonne place, lois amendées seront ensuite présentées pour adoption au Congrès général libyen (CGN), la plus haute autorité législative du pays. Il faut savoir qu’au lendemain de la chute du régime de Mouammar Kadhafi), l’abolition de la loi interdisant la polygamie a été la première mesure prise par les "amis" de BHL. Bonjour les dégâts !

Si ces concessions sont destinées à satisfaire les groupes djihadistes salafistes, il n’en reste pas moins que le gouvernement du Premier ministre Ali Zeidan, l’ami (personnel) de BHL, n’est pas au bout de ses peines. Vendredi, une manifestation de centaines d’habitants de Tripoli scandant "nous ne voulons pas de milices armées" a tourné au drame quand des miliciens de Misrata ont tiré sur les protestataires, provoquant l’intervention d’une milice rivale. Bilan 32 morts et près de 300 blessés. Il faut savoir que les tripolitains protestent régulièrement contre la présence de factions armées les accusant de s'adonner à tous les trafics, de torturer, de kidnapper et tenir des centres de détention secrets. Le tout, sous le regard impuissant d’un gouvernement qui s’est borné à lancer un appel désespéré au "calme" et "au cessez-le-feu".

Ces faits, qui ne sont pas les premiers du genre, sont symptomatiques de la situation d’un pays où les affrontements inter-milices sur fond de rivalités tribalo-religieuses, tendent de plus en plus à structurer le champ politique. De plus, ils interviennent dans un contexte de crise sociale et identitaire sans précédent. Des tribus, des milices ou des membres de la minorité amazighe (pas si minoritaire que l’on croit) se sont emparés depuis l'été de la majorité des ports et gisements pétroliers de Libye pour faire valoir leurs droits. La communauté amazigh exige rien de moins que la langue berbère soit reconnue dans la future Constitution. Toutefois, pour ne pas rajouter à la situation prévalant à Tripoli, les protestataires amazigh ont levé leur sit-in sur le complexe gazier de Millitah près de la ville de Zouara (100 kms à l’ouest de Tripoli) sur intervention du Conseil local et des dignitaires de la région. « Le haut conseil des Amazighs de Libye a expliqué dans un communiqué que la levée du sit-in était une réaction aux « événements déplorables qui ont eu lieu vendredi soir à Tripoli ». Sage décision, certes, mais espérons que les Amazigh libyens ne se fassent pas "blouser" !

Il y a sans doute une autre explication. Les occupations des ports et gisements pétroliers, pas seulement par les Amazigh, ont coûté près de 5 milliards d’euros l’économie libyenne. Et dans ce cas de figure extrême, hormis des groupes djihadistes, personne n’a intérêt à un chaos généralisé.

H. Z.

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Commentaires (5) | Réagir ?

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Khalida targui

la republique de la charia existe dans tout le monde arabe surtout en Arabie Saoudite et c'est calme chez eux grace à la base americaine, en Lybie on va donc couper les mains du voleur et lapider pas la femme adultere, et tout le monde sera cool et top, bravo !

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amazigh zouvaligh

Je m'adresse à nos frères amazigh de Libye, vous avez des atouts de dissuasion;qui sont les armes qu'ils ne faut jamais déposer et les vannes des hydrocarbures, ce sont des atouts majeurs, ne vous faites pas avoir par des sentiments trompeurs, qu'ont vécus vos frères kabyles qui avaient supporté le poids de la révolution de1954 et qui se sont fait avoir par les mêmes ennemis que les vôtres, les arabo islamo baathistes, tantôt, ils vous feront sortir leur pseudo nationalisme d'une Libye une et indivisible, tantôt leurs thaouabites rétrogrades et archaïques qui ne sont pas les vôtres!Vous allez vous faire blousés, et croyez moi, qu'on est bien placés pour vous ouvrir les yeux, car tous les régimes d'Afrique du Nord, se sont bien entendus sur la tête des amazigh s, leur culture, identité et civilisation qu'ils veulent faire disparaître à jamais, C'est à vous de vous imposer et d'imposer votre langue et civilisation plusieurs fois millénaires aux autres et non l'inverse, quant aux barbus qui ont été crées, ce sont les saoudiens, qataris, avec la bénédiction des vôtres, mais c'st toujours contre votre cause qu'ils ont été crées!Faites attention, ne leur faites jamais confiance, ne déposez pas vos armes et gardez les vannes fermés, jusqu'à ce que tout soit clair, et écrit noir sur blanc sur votre constitution qui doit stipuler la primauté de tamazight sur tout le reste!

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