Tunisie: qui des deux caciques du pouvoir remplacera Larayedh ?

Ennahda soutient un candidat âgé de 88 ans.
Ennahda soutient un candidat âgé de 88 ans.

Les pourparlers entre les islamistes tunisiens au pouvoir et l'opposition sur le futur Premier ministre indépendant vont se prolonger pendant "un ou deux jours" faute d'accord samedi, date limite que la classe politique s'était fixée pour résoudre une profonde crise.

Aucun point d'achoppement pour le moment entre le pouvoir et l'opposition. Les dernières négociations s'avèrent ardues. Et aucun bloc n'entend baisser la garde. Le comble ? La tunisie se dirige droit vers une gérontocratie avec des candidats tout droit sortis des années 1960.

"Nous ne sommes pas parvenus à un consensus sur le Premier ministre (...) nous allons continuer les discussions pendant encore un ou deux jours pour arriver à un consensus", a indiqué Ameur Larayedh, représentant des islamistes d'Ennahda, après une douzaine d'heures de négociations samedi.

Selon des politiques interrogés par l'AFP, les négociateurs ne parviennent pas à départager deux candidats: Mohamed Ennaceur, 79 ans, soutenu par l'opposition et Ahmed Mestiri, 88 ans, soutenu par Ennahda et ses alliés. Il s'agit de vétérans de la vie politique qui ont été ministres du premier président et père de l'indépendance, Habib Bourguiba. "Nous considérons que Mestiri est l'homme de la situation. Il est à égale distance de tout le monde", a dit à l'AFP, le porte-parole d'Ennahda, Zied Laadhari.

Une position rejetée par l'opposition qui le juge trop vieux et trop faible. "Mestiri n'est pas apte (physiquement) à accomplir la mission d'un Premier ministre", a jugé Mourad Amdouni, un élu de gauche. Le dialogue national entamé il y a une semaine doit déboucher sur un gouvernement d'indépendants pour succéder à celui du Premier ministre islamiste Ali Larayedh pour conduire la Tunisie vers des élections.

Mais M. Larayedh a conditionné son départ à l'application stricte du calendrier des négociations, qui prévoit aussi la mise en place d'une législation et d'un calendrier électoraux ainsi que le lancement de la procédure d'adoption de la Constitution, en cours de rédaction depuis deux ans. Sa démission formelle ne doit d'ailleurs pas intervenir avant la mi-novembre.

Retard pour la commission électorale

Outre la question du Premier ministre, le calendrier des négociations a aussi pris du retard sur un autre front: l'élection des membres de la future commission électorale par l'Assemblée nationale constituante (ANC), prévue pour samedi, a été reportée. Un tribunal administratif a en effet notifié à la Constituante qu'elle devait attendre la promulgation de la loi créant cette instance et sa publication au journal officiel. La présidence a annoncé samedi matin que la loi avait été promulguée par le chef de l'État, Moncef Marzouki, selon l'agence officielle TAP.

Le "dialogue national" en cours vise à sortir la Tunisie de la profonde impasse dans laquelle elle est plongée depuis l'assassinat le 25 juillet du député d'opposition Mohamed Brahmi, attribué à la mouvance jihadiste.

Les négociations ont pu débuter le 25 octobre avec la promesse d'Ennahda de céder le pouvoir à des indépendants. Mais parallèlement, les heurts impliquant des groupes armés se sont multipliés, culminant mercredi avec des attaques contre deux sites touristiques, pour la première fois depuis la révolution de janvier 2011: l'un a été visé par un attentat suicide qui n'a pas fait de victime et l'autre par une tentative déjouée à temps.

Durant le seul mois d'octobre, neuf gendarmes et policiers ont été tués dans des affrontements. Si aucune revendication n'a été annoncée, le gouvernement a attribué les attaques à des groupes liés aux salafistes d'Ansar Ashariaa, mouvement accusé de liens avec Al-Qaïda.

L'opposition taxe Ennahda de laxisme face à l'essor de ces groupes armés et des violences. L'incertitude politique et l'essor jihadiste continuent en outre de déprimer l'économie, déjà anémique avant la révolution de 2011 en raison de la pauvreté et de la misère.

Arrivés au pouvoir en octobre 2011, les islamistes ont été considérablement affaiblis par la multiplication des crises politiques, les assassinats de deux opposants, les heurts avec les jihadistes et les polémiques sur leurs tentatives supposées "d'islamiser" la société tunisienne.

R.N./AFP

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Bachir ARIOUAT

Pourquoi, ne pas réorganiser un nouveau scrutin pour dégager une nouvelle majorité dans le pays, pour virer ces barbus qui empoisonne l'Afrique du nord, renvoyer les chez ceux qui les soutiennent puis basta.