Le drame des tailleurs de pierres de T’kout

Le drame des jeunes tailleurs de pierre est ignoré des autorités.
Le drame des jeunes tailleurs de pierre est ignoré des autorités.

Me Kouceila Zerguine a saisi les instances internationales pour les alerter sur la terrible situation que vivent les tailleurs de pierres des Aurès.

T’kout, petite commune de 12 000 âmes enserrées entre les gorges ocres du mont Zalatou dans l’Aurès méridional, ploie en silence depuis des années sous le poids du dénuement et l’acharnement de la silicose, cette maladie qui sévit parmi les jeunes tailleurs de pierre a fait plus de 100 morts. Située dans l’arrière-pied chaoui, la région est l’une des plus pauvre d’Algérie, éternelle oubliée des projets de développement économique, les habitants de la région et surtout les jeunes chômeurs sont contraint le plus souvent sans protection à exercer ce "travail de forçat" pour subvenir aux besoins de leur famille au risque de s’exposer à la poussière de cilice qui détruit irrémédiablement leurs poumons.

Alors qu’il y a pas moins de 300 malades atteints de la silicose dont une vingtaine sous respiration artificielle, les autorités publiques continuent de faire la sourde oreille et de se complaire dans l’immobilisme malgré les appels réitérés des militants des droits de l’homme pour inviter l’Etat algérien à prendre sa responsabilité pour éradiquer cette maladie et stopper hécatombe. Cette situation est dénoncée par Me Kouceila Zerguine, défenseur des tailleurs de pierre de T’kout depuis des années, il appelle l’Etat algérien à prendre sa responsabilité. Membre de la Ligue algérienne des droits de l’Homme, Me Kouceila Zerguine a décidé de porter l’affaire devant les instances internationales, au nom de quatre clients atteints de la silicose (Mohamed Ghezel, Abdelmadjid Benchouri, Adel Beldjarraf et Brahim Atmani) ; l’avocat a introduit deux appels urgents, le premier auprès de M. Anand Grover, rapporteur spécial auprès des Nations unies (ONU), et le deuxième auprès du groupe de travail sur les Droits économiques, sociaux et culturels de la Commission africaine des droits de l’Homme et des Peuples à Banjul (Gambie).

Dans sa lettre Me Kouceila Zerguine rappelle que l’Etat algérien a ratifié la charte africaine des droits de l’homme et des peuples qui stipule que les Etats signataires "s’engagent à prendre les mesures nécessaires en vue de protéger la santé de leurs populations et de leur assurer l’assistance médicale en cas de maladie". Me Zerguine appelle également ces instances à une intervenir en faveur de ces clients pour une prise en charge médicale urgente, (une greffe de poumon comme seule solution à cette maladie incurable)... Et d’inviter l’Etat algérien à garantir d’une manière effective le droit à la santé pour cette catégorie de personnes et l’application effective de la législation relative à la protection des tailleurs de pierres au milieu professionnel".

Jugurtha Hanachi

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