Que de peines à vivre !

Un voile noir recouvre l'avenir de plusieurs générations d'Algériens.
Un voile noir recouvre l'avenir de plusieurs générations d'Algériens.

Que de peines à vivre ! Ils étaient là, silencieux. Chez nous, dés la tombée du soir, les fourgons qui desservent les villages avoisinants, font défaut. C’est, je crois la même chose partout dans le pays, dans les grandes villes, aussi, les habitants, n’échappent pas aux réclusions…

Aujourd’hui, je suis sorti, vers le centre du bourg, je l’aime tant parfois lorsqu’il se vide des brouhahas et du soleil ardent. Depuis tant de temps, ma vie consiste, toutes les journées, à me taper, le même décor, les mêmes gens et les mêmes routines, ce n’est guère le Pérou…ma vie de tous les jours, depuis mon retour, à renouer avec les complexes, à rester, à l’écart, dans les craintes. Et jamais, à sortir m’aventurer les nuits venues.

Qu’est ce qui nous avait obligés, tous, à rejoindre, toujours tôt, nos maisons ? Durant les années de folie, c’était les violences dans les rues. Et en d’autres périodes, les villes et les villages avaient de tout temps, post indépendance, manqué d’animation. Leurs lumières n’avaient elles été que ténèbres pour nous durant leur siècle de colonisation ? Où, n’étions nous simplement pas réceptifs, aux bienfaits de leurs rapports, de toujours ce fatalisme, qu’on ne sera jamais un jour riches, leurs égaux. Ils enseignent encore, soulignent la prédominance de certains sur les majorités…incrustant cela en nous. L’oubli de nous-mêmes et les fascinations pour eux, qui savent si bien vivre, armés de civilisation !

J’avais fini, par faire partie du décor du village longtemps jamais retrouvé, à vrai dire plutôt comme figurant que comme acteur : des actes que des actes, semblent recommander, même ceux comme moi, qui végètent, chaque jour, dans ces va-et-vient, entre le toit familial et le marché du bourg. Le travail valorise et donne du pouvoir. Mais n’y a-t-il qu’eux et les notables, à mériter le respect et d’exister. Je n’étais pas sot. Qu’est ce qui m’a, donc, cantonné dans l’état de peureux perdant, pendant que nul ne brille de grand savoir. J’ai jamais, et toujours, fais semblant, et ai-je une fois, définitivement, considéré notre milieu des plus ingrats ?

"Toujours dans le même état ! C’est dans la tête", semblent, me dire les occupés, toujours dans leur fuite en avant, et qui semblent ou s’efforcent à nous faire croire, qu’ils n’ont jamais plus la moindre minute, pour eux …

Pourtant, avant, du temps de paix, après qu’ils s’en étaient allés, il y a avait quelques échanges, sur la vie et la nôtre et aussi sur la politique, mais est ce que j’avais vraiment cru à tout cela ? Je n’avais pas, encore, acquis mes libertés. Et je ne savais comment y arriver, comment ne pas trop dépendre des autres ? Je m’étais enfermé, à croire que seuls, les nantis, les diplômés ont droit aux Dires ! Ce que je pense encore consciemment aujourd’hui… Ce n’était pas de ma faute, de n’avoir jamais su être utile ou faire semblant de l’être. Et, que m’avait il prit, lorsque je suis passé à côté de la plaque, de ne plus y croire, absent de toute lutte, pour de meilleures conditions, même si la nourriture si fade dans ma bouche, l’envie d’aimer qui n’est plus ce qu’elle était, m’y aident quelques peu ?

Il est tard, non ? Vous remontez, chez vous au village ?

J’ai apostrophé le jeune, prés de quelques autres, juste un peu éloigné les uns des autres, à se tenir compagnie, ni vraiment indifférents, ni vraiment inquiets, dans l’attente, d’un aléatoire moyen de locomotion

Je crois, me répondit-il, un peu surpris, d’être tiré, de son absence et indifférence, qu’il n’y a plus de transport.

Le jeune homme, habillé simplement m’avait rappelé ce que j’étais un peu durant mon adolescence, un être tirant ses forces de ne rien attendre de la vie…j’avais été très longtemps, toujours plongé dans des questionnements de ce qu’est naître, vivre et mourir ? Le pourquoi de tout cela ? Et de ce cruel départ un jour ou l’autre, à tirer comme tout un chacun ici bas, sa révérence ?

Au fond, je l’enviais un peu, de masquer sa détresse.

Je ne m’emballe pas mais je ne cracherai certainement pas sur le bonheur si une fois, il se présente à moi, dans la vie…

Je resterai sage et quiet, que de me dépenser tels ces enfants gâtés à ruiner ma santé…

L’idéal, est-il de renaître, renouer, avec la vie simple, au milieu des siens ?

"Je n’ai rien, et ma famille, ma mère me font souvent rêver. Je finirai comme mon frère ou ma sœur, adulte marié. Par intuition, je sais ce chemin vers cette destinée, de nous tous, sans moyens mais pas toujours dans les besoins…", semblait me souffler le visage, encore enfantin de l’adolescent.

Le jeune homme, me rappelait les temps, où je vivais sans crainte. Les temps où je croyais naïvement comme lui aujourd’hui, que, j’avais, chaque fois, rien à perdre. Avant de commencer à réaliser tardivement, que la force et la fougue de mes vingt s’en étaient allées. Et en me laissant sage, et démuni de mon langage séduisant, que j’avais appris dans mes courses effrénées à partager leurs compagnies. C’était chez eux, et la mixité, les rapports sains n’étaient pas interdits. Et, par ma faute, de ne plus pouvoir vraiment me supporter, parler, aussi comme culpabilisé chaque fois, devant mes faiblesses d’admirer tant de charmes d’inaccessibles désirées jeunes femmes. Et qu’est ce qui me poussait à écarter, de mon chemin, ces inspiratrices, de quiétudes et de sérénités. L’oubli momentané d’elles, que de se torturer du manque de leur compagnonnage, n’est il point dans le respect qu’on leur doit ? Si l’amour est vraiment, c’est dans le respect de la liberté, de l’autre aussi du sexe opposé !

Je ne me pose point de questions sur qui vraiment, par ici, dirige la baraque. Ah ! Quoi bon ! S’il y avait de la justice et du bonheur, cela aurait fini par me contaminer. J’aurais été, en permanence souriant, que dans cet état d’affligé tout le temps. Comme tant, de jeunes aujourd’hui Et en avais vraiment voulu parfois au monde entier, et aux nantis ? Sinon qui avait donc voulu diriger mes états d’âme, me conditionner ? Car en réalité, la politique restait peu dans mes soucis.

J’avais été jeune et entier, avant qu’on m’apprenne, leurs existences, et qu’on enracine dans nos têtes que toutes ces belles fleurs, d’apparence fragiles, sont si inférieures à nous. Et que nous sommes toujours, plus beaux plus intelligents et plus compétents. Vous passez, certainement, donc comme moi, des années et des années d’union dans de futiles batailles avec vos compagnes, vécues souvent dans l’adversité… Le mariage d’ici, pourquoi dans ma tête avec tant d’entraves ?

Avant qu’on jette l’éponge, pour revenir à notre solitude, quêter notre liberté. Les enfants ont grandi. Et à la veille de cette fin qui ne manquera jamais d’advenir, le besoin de ne pus resté encagé, même si dans le nid douillet, on s’était tant aimé.

J’ai pas tardé. Et sur le chemin du retour, j’ai envié l’adolescent, resté dans les craintes de ne pas voir surgir un clandestin, qui le conduira chez lui.

J’ai tant détesté ma vie réglée de père de famille, mon adaptation à notre mode de vie ancien. Je n’ai pas vu notre société quelque peu changer. Comme tous les pauvres jeunes d’ici qui, secrètement se lamentent de devenir des adultes indépendants, libérés par le travail.

De Boghni, Amokrane Nordine

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