Quel est ce maelstrom qui menace Benisaf ?

Beni Saf.
Beni Saf.

C'est la cohorte des fourmis qui, dans les galeries souterraines des bas-fonds de la société, permet à l'économie d'avancer. Citation

Le Benisafien lambda perd sa notion de citadinité, son civisme est mésestimé, son comportement social conteste les normes qui régissent la cité, son esprit se concentre sur l’habitat rural unique occasion pour tranquilliser son âme et pour bientôt l’espoir de son âme sœur. Il récuse la citoyenneté ou plutôt il a été éduqué autrement tout ce qui est luxe le magnétise, l’argent n’est pas une valeur pour lui se n’est qu’un vil prix, qu’il faut l’avoir trop facilement par tout moyen car le métier de dealer seul rapporte gros suivit d’opérations informelles de business. Le chemin du savoir n’est plus cette voie quintessence qui puisse le régenter vers l’exultation morale, matérielle et spirituelle, car la culture sociale préfère se familiariser au conformisme plutôt à l’esprit rationnel, logique, méthodique et manifeste. Son capital individuel se synthétise pour lui en dehors de la prière à la mosquée qui lui forge l’idée d’une collectivité existentielle. La pratique manifeste de la religion sert à donner des assurances, des témoignages et des garanties à la société plus qu’à prescrire et imposer sa conduite qui n’a aucune incidence sur ses comportements. Ces attitudes ne peuvent être que riche en religion, très pauvre en savoir, très faible en logique, un manque de raison et pitoyable dans sa moralité. Sa racine familiale reste un ciment friable pour lui. Il est dérangé dans la rue et dans son esprit, avec l’insécurité de ce qui lui va advenir et la saleté urbaine persistante et grandissante à la fois, l’exode rural effréné. La ville procure aux Benisafiens et autres des revenus interlopes, que la campagne ne dispose pas, pauvreté gênante et féconde ; inflation économique croissante, l’informel fait fi, le chômage reste tout de même une fonction de gardiennage (hittistes) des murs de la ville. C’est toute cette marmelade faite par les ingrédients de tous les remous sociaux et le baromètre des mauvais présages en attente d’un l'avenir incertain, le jugement étant fait que n’importe qui peut devenir n’importe quoi, el-business !, "Tfer-ain !" et "El Kafza terabah" ! peuvent te mener jusqu’aux hautes sphères de l’Etat sinon «el harga», «El-M’harga» deux nouveaux concepts enfantés par «El Hogra».

Le jeune Benisafien lambda est mal-logé dans sa peau, dans sa tête et dans sa maison, manque de pitance, mal fait, souffrant de la déperdition scolaire, sous- estimé par son milieu, sa juste valeur n’est pas homologuée par cette société de ses anciens et nouveaux tabous ayant supportés un héritage d’une éducation déficitaire tant familiale que sociale par beaucoup de défauts, de manque de civilité. Ces circonstances engendrent automatiquement tous les effets propices de la délinquance, au banditisme allant jusqu'à la criminalité qui font exaspérer la ville. Si ces lambdas de Benisaf étaient bien informés ; ils seraient de bons citoyens et c’est parce qu’ils sont mal informés et mal formés, ils sont devenus des sujets qui n’ont aucune prise sur la situation de leur ville dans toutes ses dimensions.

Tout ce qui est bien matériel ou service cannibalise le Benisafien, le système fonctionne avec des médiocres et par-là même pérennise la médiocrité qui ne reconnait ni sagesse, ni sciences, ni conscience, ni raison, ni droit ni équité ni justice. C'est «le Tag ala men Tag» et le citoyen en moto, en voiture, en bus à pied ou assis dans n’importe quel endroit public, fait son tapage en décibel et à plein tube. En voiture, il fait ce que bon lui semble, «brûle» les règles de conduite sociale. Il ne connait point le risque qui fait du mal, pantalon sous les fesses, le gel solidifie, les cheveux en géométrie pour se sentir viril, la cigarette au bec, sur le plan collectif il devient agressive, sabres, couteaux lui donnent cette faculté d’appliquer à sa guise sa loi de sa fausse force, c’est une revanche sociale du manque d’esprit de la citoyenneté que nos jeunes n’ont jamais acquise dans le contexte de leur cité, ni dans l’éducation nationale. L’ex-agent de l’ordre d’antan qui mettait bien de l’ordre dans la cité que ce soit dans la civilité, les règles d’hygiène, les règles d’urbanisme, la politesse, l’amabilité, le savoir vivre, la bienséance, les règles du cadre de vie…. a laissé la place au policier d’aujourd’hui qui ne sait en dehors de la circulation de voitures pas grand chose. Des faux caïds de quartier émergent par de l’argent sale et viennent palier l’absence de l’état en mettant un pouvoir occulte par la ruse et la triche pour essayer chacun de son coté de tirer un avantage, un bénéfice, un gain à mesure que nous nous modelons par le biais d’intérêts, la méfiance nous amène à nous haïr davantage parce que nous savons que nos comportements ne sont guères fameux telle est la conception des notables de Benisaf qui ne sont pas capable de croire qu’une société ne peut se construire que sur la base de la justice, la morale et surtout le savoir. Ces avantages (les avoirs) tirés de cette situation de non- droit, allant même vers l’immoralité et la perversion.

Dans l’esprit du Benisafien, tout ce qui est étatique relève du domaine public ce qui suggère qu’ils peuvent se servir et faire jouir son entourage alliés par intérêt avant même la parenté, les intellectuels Benisafiens ne sont plus ces gardiens de valeurs humaines telles la vérité, la justice l’égalité, la sureté, la propreté et la raison, ils ne sont plus capable de régler par des débats d’idées( savoir) les problèmes de la cité, à savoir la question centrale du modèle de gouvernance et d’entretient au niveau local et du modèle de société que l’on voudrait avoir spécialement pour la cité ; c’est pourquoi les Benisafiens lambdas tentent de trouver des réponses ou bien de résoudre ces problèmes par la violence de toute forme.

Ces contradictions sont importantes pour comprendre les déclics de vengeance contre toute richesse douteuse et problématique la fortune mystérieuse de personnages qui ont émergé du néant, l’Etat (central-wilaya et commune) dépense trop d’argent pour des résultats médiocres ; cela incitent à la formulation de mécanismes servant de moteur pour l’émeute juvénile. Les riches classiques font de la discrétion, ils ont une certaine noblesse, les nouveaux sorties du vide de l’état, font plus de l’ostentation et de la parade sur de leurs impunités, ils défient même l’état avec ses fonctionnaires besogneux, et impécunieux résignés car ce pouvoir local n’est soumis à aucune épreuve de contrôle et de validation à la fois concurrente et complémentaire de l’expression populaire.

La meilleure forme de gouvernance, c'est celle qui comporte le moins de secrets derrière lesquels la malveillance et la méchanceté des hommes peuvent se cacher. Dans les systèmes despotiques, tout est secret. Le fonctionnaire est responsable uniquement devant le potentat. Cela n'est pas le cas dans les gouvernements libres. La société civile en général est trop passive, les forces du droit ne font plus le poids, les tribunes de presses sont trop pressées pour devenir les clients potentiels du système, la rente (manne publicitaire) gratifiée comme rémunération du silence, la morale se désagrège devant la tentation, la rapine se développe et se répand et ses préjudices s’exposent sans vergogne.

La saleté, le laxisme, la médiocrité, la permissivité, la complaisance, la platitude que la minorité gouvernante selon la théorie ou bien la conception "des armes silencieuses de la guerre tranquille" dont le pouvoir se sert à asservir le peuple et à ruiner le pays pour le profit de quelques-uns.

D’autre part la volonté de revoir les normes de la cohabitation en ville, car celle-ci une agglomération urbaine disposant de fonctions administratives, économiques sociales, culturelles et sportives non performantes, mais en général elle ne fait que reculer vers l'avant et avancer vers l'arrière, porté en palanquin par des SMS, le "téléphone arabe", "ils ont dits", des propagandes et des rumeurs que tout va mal, rien ne va et tout est sale, comme «au jeu d’échec se sont les fous qui sont les plus prés du roi» ; l’éclairage public fait grand défaut dans tous les quartiers de la ville, les égouts refont surface et se familiarisent dans le train-train de notre quotidien et les armées de moustiques colonisent les espaces surtout privés, les voieries ne sont jamais remises en leurs états initiaux, quand à l’eau qui tombe du ciel montre le degré de la platitude des œuvres de la collectivité qui émergent en ruines, les nids de poules ressembles aux cratères, tout cette embellie de la cité est plongée dans une saleté ou l’espace ne peut contenir cette quantité d’ordures. Nos élites, nos sages, nos élus et nos responsables de la déconcentration et de la décentralisation ainsi que les composantes sociales de la ville ont renoncé à Benisaf, c’est une malédiction ! L'injustice ou cette fameuse «hogra» qui contamine l'atmosphère de l'entente citoyenne est mise dans la sauce de la manipulation, à son patrimoine, à ses vestiges, à son histoire, à ses symboles à ses espaces verts en un mot au projet des véritables Benisafiens et au progrès matériel, culturel et spirituel.

La coordination et la concertation selon lesquelles les différents secteurs de la ville et les acteurs concernés en l’occurrence ces jeunes, ces retraités, ces intellects, ces moins vieux peuvent œuvrer ensemble pour la réalisation d’une politique de la ville organisée de manière rationnelle et ordonnée à partir des choix arrêtés par les règles de l’état à travers des arbitrages communs le nouveau code de la commune favorise ces actions, bien que certains missions et attributions sectorielles (hydraulique-santé-commerce, transport, habitat-sport-……) sont confiées au niveau local aux représentants de l’état ; les collectivités locales disposent de pouvoirs et d’attributions qui lui sont encadrés par la loi. 

Elle n’est plus cette ville d’antan, attentif aux moindres murmures, c’était un lieu privilégié de l’expression au pluriel de la citoyenneté. La ville, la véritable ville ou chaque Benisafien aspirait avoir pour bien vivre le jour comme de nuit dans toutes ses commodités, la sécurité, il n’était plus besoin de se bousculer le matin pour avoir son petit pain, ou le mécanicien ne cohabitait pas avec le médecin, ou la ruelle d’aujourd’hui englobe l’expert, le vulcanisateur, la superette et le marchand ambulant qui étale sa marchandise sur le trottoir même de la mosquée ou bien du toubib. Benisaf et ses cafés soulés et empiffrés de monde, les Benisafiens causent pour ne rien dire, ou la grande masse parlote très fort mais très peu d’entre eux écoutent, beaucoup savent parler mais bien peu savent faire. La vérité n'appartient qu'à ceux qui savent, les autres ont le droit d'avoir celle qu'ils se sont inventée, le cendrier n’est pas utile le sol est déjà sale, l’atmosphère est fumante. Benisaf avec son centre ville crasseux, la cohabitation saleté, odeurs nauséabondes, marché des fruits et légumes, école primaire et petits bambins, les flâneurs ou plutôt passeurs ne font plus attention à tout ce qui est d’égueulasse.

Cette localité avec ses ordures qui occupent tout les endroits propres même les flancs des falaises dans l’indifférence et l’impunité sociale la plus absolue. Benisaf et ses cabinets de vrais cabinets appelés par ignorance de la langue française ou par décence cabinet d’expert… Benisaf et ses coiffeurs qui ne chôment pas, on se coiffe, on discute, on s’informe, on s’y plait chez le coiffeur faiseur de beauté, et diseur d’histoires, la jeunesse trop désœuvrée devenue une usine de vocabulaire contextuel, oubliant qu’avec deux bras on est plus utile et plus apte à faire ce que la langue actionne dans le vide, la jeunesse est déjà amortie, elle se fatigue bien avant de commencer à travailler.

Benisaf et ses trottoirs mal faits, sont refaits de façon pire de ce qui a été défait, ils sont jonchés d’ordures que les services de la commune oublient le ramassage d’ordures. Benisaf et son hôpital envahi par la souffrance. Benisaf et son aquarium blessé et délaissé au gré de tous les alea jacta est (aléas). Benisaf et ses gargotes qui utilisent les lieux publics comme cuisine, l’odeur qui se dégage des rôtisseries est la nouvelle pub gastronomique ! Benisaf et son port de pèche ou le poisson devient rare, la criée ne fait que poussait les prix vers le haut car la demande est plus importante que le poisson lui-même.

Benisaf et sa salle des fêtes qui ne trouve pas de célébrations, donc pas de culture. La ville de Benisaf pourrait être indiscernable lorsque ses enfants grands et petits seront en mesure d’assurer sa plénitude, sa prospérité dans la pérennité. L’attitude autiste et dirigiste des pouvoirs publics peu créatifs confisque l’acte de création et d’innovation par le biais de la bureaucratie et la corruption. Benisaf avec ses espaces verts, ses pinèdes, ses forets urbaines, les parcs de verdure délaissés, les pistes clochardisées, les jardins détournés, toutes ces forets récréatives représentent les poumons de la ville, ces forets se profanent par la «teigne». Ces espaces de détente et de loisirs sont réduits comme une peau de banane, la gestion de la ville étant compromise par la collectivité qui ne se connait pas, ne dit on pas que «ne rien faire est le chemin de mal faire».

La typologie architecturale de Benisaf propre est déformée. Dans les villes qui savent donner la juste dimension aux différents aspects socioculturels et où l’habitant de la cité n’est pas un sujet mais un acteur qui impose son choix dans le cadre de la civilité de sa cité, la bonne volonté raccourci le temps et l’espace à Benisaf c’est plutôt l’inverse et les responsables de Benisaf imitent bien cette averse qui s’est abattue ce lundi 09/09/2013 qui a inondé la ville mais ne savent pas imiter la source qui ne tarit pas. Telle est la morale d’un Benisafien soucieux et curieux à la fois.

Mohamed Benallal

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Mokhtàr Sàidi

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