Est-ce que tout a changé ?

Est-ce que tout a changé ?

Il est inconcevable pour tout être normalement constitué et, «pourvu quelques peu de moyens intellectuels même modestes» et surtout qu’en son milieu les autres ne brillent pas tous de véritables savoir et savoir faire, oui il est inconcevable de végéter sans travail salarié et rester dans la dépendance des ressources familiales tant qu’il en existe chez les siens.

Durant mon adolescence, j’étais comme tout le monde, dans toujours des "efforts permanents", dans l’espoir d’acquérir ce diplôme ou ce métier juste alimentaire pour vivre un jour ma vie, vivre avec moi, décider seul, comment vraiment la dépenser. M’avait –on poussé pour cela, encouragé à voler de mes propres ailes ?

Etant issu d’une famille nombreuse, né durant de surcroît la période de "terrible" guerre d’Algérie, la promiscuité, générant tant de conflits familiaux, j’en étouffais vraiment… je sais que toute mésentente de parents, n’arrange pas les choses, pour un enfant, d’assister aux violences des siens. Je sais, que les Algériens s’en étaient sortis plus ou moins indemnes, cela suivant leur engagement ou pas, dans les résistances, à ceux considérés tels des exploiteurs venus d’outre-mer.

Quoi qu’il en soit, l’échec après toutes les années sacrifiées afin de s’en "sortir" peut amener l’individu à se cantonner dans les désillusions, celles d’avoir failli à son "devoir" envers lui-même, envers les siens, envers son pays. La chute terrible ! Car en bas de l’échelle, pense-t-on chez les braves gens, souvent à juste raison, il n’y a guère de vie, tant l’insuffisance du maigre salaire, d’un père, par exemple, en Kabylie, il n’y a guère longtemps, les femmes n’allaient ni au travail, ni à l’école, et même l’indépendance du pays en 1962, les avait libéré très mal. Ne sont elle point restées mineures, malgré tant de chemin parcouru ?

Beaucoup de facteurs, avaient contribué à me détourner, de mon idéal, en société savante. Par inintelligence ou inconscience ? Ou plutôt par faiblesses ? Je n’en saurais vraiment pas en répondre exactement, mais l’absence de véritable formation de base ne m’avait pas favorisé, pour les grandes écoles européennes.

Je crois que comme tout jeune, de pays déshérités, franchir déjà "le rideau de fer » est une réussite en soi. Ce qui est loin d’être évident : en société hiérarchisée, la vie ne fait pas de cadeau, car, il faut se détromper, la vie en occident, ce n’est pas toujours, ce qu’on voit dans les télés, la réalité, surtout celle d’aujourd’hui est difficile. Partout et c’est trivial, les inégalités dans les salaires sont énormes. Et, beaucoup de monde trime pour le repos et le bien être des nantis.

Partir, s’exiler, c’est bien, on s’enrichit d’expériences vitales, surtout par exemple lorsqu’on découvre l’amour de la vie des Européens, leur solidarité envers les plus faibles, toutes ces libertés fascinantes, très défendues, dans le vieux continent…

Et mon regard rétrospectif et torturant, en revenant de mes désillusions, c’est la conscience aussi d’être passé, parfois à côté de l’essentiel.

C’est le mektoub, disent ceux qui se gardent ou n’ont pas les moyens (détournés par d’autres) de vivre ici bas. Pourquoi mon dieu, toujours cette impression de n’avoir vécu, vraiment, que le laps de temps de mon exil lausannois. Chez nous, l’égoïsme des nantis, pas du tout bourgeois pour moi, est dévastateur de toute vie, de la leur et de celle des autres…Ils oublient souvent que l’idéal est d’œuvrer toujours afin d’arriver au partage égal, des biens du pays, entre tous, afin de vivre un jour dans les convivialités…

Durant des années et des années, je m’étais confiné dans un état maladif, et resté dans l’impossibilité de rebondir. Je voulais repartir à l’université, mais je ne pouvais pas affronter toutes les contraintes des bus bourrés, la promiscuité des chambres universitaires, l’impossible vie des étudiants dans les pays du tiers-monde. Alors qu’en cité riches d’occident, le manque de fric peut faire perdre son âme, à l’étudiant, dans des sales boulots, peu rémunérés.

De retour d’exil, ne me fallait-il pas accepter ces petites formations, sanctionnées par des "diplômes" que m’avaient suggéré certains. Je sais, aujourd’hui, qu’il fallait pouvoir se défaire de la paralysie de ma tête, afin de se lancer, dans cette quête de sécurité minime et si précieuse…

La vie m’apprend, qu’il faut pour tous un minimum pour vivre, et savoir aussi s’en contenter, même s’ils restent constamment, les décideurs d’ici et d’ailleurs, dans des tentatives de nous faire tant envie de leur vie superficielle et factice. La vie et elles sont aussi décapantes en nos contrées, si l’on arrive à dépasser les tabous entretenus de main de maître par les apprentis –sorciers. Et tous ceux qui nous refusent tout éveil !

Ici, ailleurs et partout dans le monde, il faut se garder de trop ouvrir les mains pour ne point s’amputer, et se garder, des courses en avant qui ne mènent nulle part. Qu’importent tous les échecs et faillites ? L’essentiel est d’être et de vivre, sans jamais, empiéter sur les libertés des autres, ni les juger, et se défendre de leurs excès…..

Aujourd’hui, je suis moins touché, moins perturbé. J’ai appris qu’il ne faut pas exiger quoi que ce soit des autres. C’est dans notre accomplissement, l’effort pour rayonner, qu’on peut leur être utile, espérer donc s’entraider une fois. Ils vous suivront dans votre effort d’être un peu heureux et laborieux. Se défendre des vautours qui se considèrent qu’eux seuls ont des droits, en notre pays et passer outre des regards culpabilisateurs des trous du cul qui vont leur chemin…toujours, dans leur plaisir à vous gêner, à vous nuire, si vous manquez de vigilance à leurs égards.

De Boghni, Amokrane Nourdine

Plus d'articles de : Forums

Commentaires (0) | Réagir ?