La Piñata algérienne de Bouteflika

Bouteflika
Bouteflika

La Piñata est, à l’origine, une fête mexicaine pour enfants. Elle consiste à briser des gourdes et autres récipients suspendus à un fil pour s’accaparer des trésors de friandises qu’ils contiennent. Un vrai régal pour enfants. Cette fête annuelle, toujours célébrée au Mexique, a été détournée, actualisée et mise à jour au Nicaragua. Et quelle mise à jour ! Jugez-en !

Par Mohamed Abassa

Le président nicaraguayen, le grand socialiste et sandiniste Daniel Ortega, juste avant sa défaite face à la candidate de droite, Violeta Barrios de Chamorro (1990) qu’il savait inéluctable, s’appliqua à donner à la Piñata mexicaine une adaptation et des applications très particulières dans son pays. Un mois avant de quitter le pouvoir, il prit la décision de privatiser les biens publics, auparavant par lui nationalisés, au profit de sa famille, de ses amis et des dirigeants de son parti au pouvoir ; le FSLN. Il s’attribua à lui-même et à sa famille sept fermes d’Etat ; plus de cent mille hectares. Banques, moyens de transports, entreprises publiques, etc… furent généreusement distribués à la famille et aux amis au Cordoba symbolique. Ce que le brave peuple nicaraguayen qualifia sous cape et avec beaucoup d’humour et de dérision de Piñata nicaraguayenne au bénéfice remarqué des seuls grands enfants et ayant droits sandinistes. L’équivalent chez nous de la famille révolutionnaire ; prostituées et proxénètes du pouvoir non compris.

En Algérie, sous Bouteflika, après son accession arrangée au pouvoir, après les différentes razzias connues de Chadli Bendjedid, l’illustre ignorant, donnera de la Piñata mexicaine, des projections et des mises à jour tout aussi cocasses que criminelles. Parfois pitoyables et loufoques comme savent si bien le raconter les Algériens. Souvent atteints dans leur dignité d’Hommes et de Femmes impuissants devant le gâchis et les rapines des voleurs du pouvoir.

En premier acte pressé de la Piñata algérienne, le tout nouveau président nommera dans l’euphorie de sa «victoire» ses petits copains du quartier de naissance, Oujda, aux plus grands postes régaliens c’est-à-dire les plus juteux et les plus proches des trésors à piller ; hydrocarbures en tête :

Sans aucun scrupule ni états d’âme et en toute connaissance de cause, il composera sa tribu régnante dont on rappellera ici les principaux élus:

  1. C. Khelil (Oujda) Energie et Mines
  2. A. Benachenhou (Oujda) Economie et Finances.
  3. A. Temmar (Oujda) Industrie et Privatisation
  4. N. Zerhouni (Oujda) Intérieur et Collectivités Locales
  5. D. Ould Kablia (MALG Oujda) Collectivités locales.
  6. M. Bedjaoui (Tlemcen & Oujda) Affaires Etrangères
  7. T. Belaïz ; (Tlemcen) l’inventeur de la Justice de nuit :Justice et Garde des Sceaux
  8. T. Louh (Tlemcen) Travail et Sécurité Sociale
  9. A. Tou (Bel-Abbes, Tlemcen) Poste et télécommunication.
  10. A. Tebboune (El-Bayadh, Tlemcen) Communication et Culture
  11. Le Cardinal Belkheir (Frenda & Tlemcen) Général Major, Docteur es complots, expert en Rideau d’Annaba : Directeur du Cabinet Présidentiel chargé des messes et sacerdoces du clan. Il régentera et dirigera tout avant d’entrer en conflit biologique et alimentaire avec Saïd, le nouveau nommeur. Il finira ambassadeur chez Sidou, le roi M6 auquel il vouera toutes les platitudes qu’il savait si bien faire. Il mourra dans cette posture qui lui a toujours ressemblé.

Avec cette équipe de chic et de choc, rien n’échappera au clan ; pas un seul baril de pétrole, pas un kopeck du trésor public ; pas un poste stratégique. La grande braderie et la grande distribution de gros et gras bonbons publics aux copains pouvaient commencer. Et en toute impunité et à ciel ouvert. C’est la grande Piñata à la sauce Boutef. La grande Zerda.

Dans cette lancée frénétique, on aura vu aussi l’apparition de postes et de fonctions tout aussi nouvelles que, parfois, amusantes : comme conseiller à l’image TV présidentielle ou, ministre conseiller à la chorba et H’rira présidentielles ou, moins amusants, ministre conseiller chargé du cabinet noir et bien d’autres sales besognes présidentielles inavouables et non publiables. Comme le préposé à la distribution des milliers d’enveloppes aux comités de soutenants et souteneurs du Président. Ou, plus grave, la gestion des milices et barbouzes parallèles. Et, aussi, la distribution de la grosse manne publicitaire publique aux seuls affidés et allégeants du clan présidentiel. Les journaux et télés bidon du pouvoir. A table, la tribu, à table !

Bien sûr, des strapontins bien juteux furent attribués à quelques Kabyles et Chaouis de service égarés, aussi, quelques rares oraniens flottants, analphabètes pour la plupart dont on ne citera personne ici, pas même ces lécheurs professionnels jetables comme cet empailleur de la Souika ou le Doberman de Cassaigne. On n’évoquera même pas ces porteurs de couffins sous Chadli, recyclés et promus par l’Oujdi Président. Ni même ce proxénète que la braguette et la lèche ont rendu honteusement célèbre. Pour compléter la nouvelle curée tribale, on évoquera tout de même l’hystérique Rosa d’Algérie, spécialisée dans les criées politiques publiques avec un seul slogan que tous les habitués de la place du 1er Mai connaissent : "BOUTEFLIKA ! BOUTESRIKA !" Et, c’est ainsi, en lui nettoyant la bouche de ce slogan ravageur "BOUTEFLIKA ! BOUTESRIKA !" que la peu jolie et si peu fréquentable Rosa deviendra, elle aussi, ministre de la grande bouffe bouteflikienne. Au prix de lui faire avaler, à elle et à bien d’autres, des montagnes de dinars et d’euros pour lui faire oublier les douceurs Piñatienne qu’elle aimait pomper quand elle n’était rien. Lui faire avaler le seul slogan que le tout Alger connaissait d’elle "BOUTEFLIKA ! BOUTESRIKA !" Là, redressée et mise au goût du jour par le beau et magnifique Saïd, le nommeur et l’enrichisseur, elle aura appris à dire, publiquement, toute honte bue, Sidna et Sidi Bouteflika, lui baisant la main, les pieds et, sûrement, bien plus si affinité. Les cadres du ministère qu’elle croyait diriger auront déjà décrit publiquement cette dérive ubuesque. Ils – ces cadres – racontent dans le Net, par le détail et la précision comment cette petite aventurière a pillé et détourné à ciel ouvert des sommes colossales au trésor public et aux contribuables algériens. Juste pour avoir renoncé à sa seule spécialité connue de marcheuse et de crieuse inépuisable "BOUTEFLIKA ! BOUTESRIKA !" Pour devenir enfin grande avaleuse de tout : dinars, dollars, euros avec tous les lubrifiants qui les accompagnent pour ces difficiles exercices d’engloutissements auxquels, pourtant, elle était bien préparée. Pour soulager et accompagner le travail compliqué de croqueuse infatigable de fonds et deniers publics dont elle découvrira, avec Saïd & Co, les magies et le pouvoir corrosif.

Pour emplir et garnir les autres strapontins gouvernementaux restants, fort nombreux du reste, Saïd, l’enrichisseur, ira faire ses recrutements dans le grand souk des chahuteurs et persifleurs islamo-berbéro-arabo-gauchistes.

Pour l’agriculture, il prendra un gros et petit médecin flottant qui ne connait rien à rien ; ni à la pomme de terre mais tout des grosses patates. Il jettera des milliers de milliards aux copains et coquins qui n’ont aucun lien avec la terre ou l’agriculture en guise de soutien au monde rural. C’est le plus gros scandale du FNSA et de son plus gros bénéficiaire, M. A Saïdani ; 74 mds de subventions pour des terres et des projets agricoles inexistants. Cet illustre et sinistre monsieur, authentique glaïli et Drebki de son état, n’était rien moins que le Président de la non moins sinistre APN du FLN. L’une des plus grosses Piñata en dinars après celles en € & $ du désormais tristement célèbre ministre du clan, C. Khelil dans son domaine ; Pétrole et gaz.

Saïd ira aussi recruter pour occuper ses strapontins restants chez les islamo-voleurs du MSP et apparentés, des appoints pour compléter son gouvernement: travaux publics (Ghoul) Commerce (Benbada) et pêche (Ferroukhi un peu moins concerné). Résultats des courses : Nous réalisons des autoroutes les plus mal faites et les plus chères au monde ; six milliards de dollars volatilisés dans les surcoûts des commissions et dessous de table ; aucune enquête sérieuse sur le sujet. Que peut faire un petit sergent du DRS contre tout cela ? Rien. Surtout quand son grand chef, tout en haut, trouve parfois son gros intérêt à ce commerce de gros sous.

Notre commerce intérieur et extérieur est l’un des plus désorganisé et le plus mafieux au monde. Tout se vend et tout s’achète en Algérie. Même les consciences. Toutes les ordures européennes et asiatiques, produits de poubelles, produits dangereux pour la santé, articles de contrefaçons, malfaçons, produits périmés ou interdits ailleurs sont massivement déversés et vendus librement en Algérie avec la complicité des inspecteurs, contrôleurs et douaniers payés pour ne rien voir ; doublement payés pour attester «produits sains et autorisés à entrer» On a vu des viandes et des céréales avariées, des médicaments périmés, des laits empoisonnés etc… autorisés à l’entrée en Algérie avec ou sans expertise.

Depuis Chadli et les chippas payés cash sur les ponts des thoniers étrangers, nos thons rouges pêchés par les étrangers finissent tous sur les étals et tables japonaises, chinoises et turques contre de substantielles chippas aux gros gestionnaires du secteur. Un ministre islamiste algérien s’est même rendu jusqu’à Pékin, non pas pour en ramener la science comme le prescrit le Saint Coran, mais pour exiger le paiement sur place de la chippa promise pour avoir autorisé des thoniers chinois à pêcher dans les eaux territoriales algériennes. Il fut tancé et éconduit par ses amis chinois ; un général algérien, bien mieux rodé à la chose, était passé avant lui. Ce cas d’école est bien connu dans les annales peu glorieuses de la petite corruption algérienne. Quant à la grande des Bouteflika, même Dieu n’en sait pas grand chose.

Ne restent alors, pour boucler la boucle et faire entrer les gros chahuteurs de l’opposition dans la Piñata bouteflikienne, que les partis politiques non associés formellement au festin pour obtenir une totale liberté de piller tranquillement la vache et riche Algérie. Facile à faire ; il suffit de transformer par la loi ces grosses gueules d’opposants en grosses bouches de bouffons co-destinataires des milliards de la vieille c'est-à-dire du trésor public. Et le tour est joué. Il sera proposé à tous ces opposants de salons de thés, de mosquées, de hammams, de bars et d’arrières boutiques de devenir lièvres ; oui lièvres présidentiables, c'est-à-dire portés à réaliser des scores de 0,001% de voix avec leur plein consentement et leur pleine adhésion à une telle humiliation publique dans les prochaines élections présidentielles. Mais pourquoi diantre et contre quelle haute récompense ces gros et gras opposants se livrent-ils à plat ventre à l’exacte image de ces hyènes battues se livrant mouillées et consentantes au mâle dominant. Six ou sept milliards par tête de lièvre consentant auront suffi pour placer le frère, Si Abdelaziz, en leader supérieur avec plus de 70% des voix, bien au dessus de tous ces lilliputiens qui se sont bien volontiers offerts à lui. A sept milliards pièce. Oui, seulement sept milliards de centimes et gros avantages périphériques ; Hanoutes, terrains, commerces, licences, passeports diplomatiques, et divers privilèges de favorites. A l’exception soulignée ici de M. Ali Benflis qui n’a jamais cédé, lui, à ces petites et misérables tentations de petits beznassis parvenus.

Bien sûr, vous l’aurez remarqué, je passe ici, sur les détails par lesquels, Saïd l’enrichisseur et nommeur, aura débauché et promu un tas de cancres en fabricant en même temps que des grosses carrières, des cocus consentants. Il aura aussi repêché les gros cancres que les déficiences morales et intellectuelles ont laissés sur le carreau. Parce que spécialement nuls sous Chadli. Comme il maintiendra à leur poste ces gros patrons d’entreprises publiques que leurs silences ont rendu complices du détroussage de l’Algérie meurtrie.

Demain, les lampions éteints, les placards de la République ouverts au grand air, la grande Piñata de Bouffe-teflika terminée pourront-ils tous dire, la main sur le cœur, juré craché, je ne savais pas !

Ça se passe comme à la fête Piñata des BOUFFE-TOUT-LIKA.

M. A.

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Commentaires (12) | Réagir ?

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adil ahmed

merci

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adil ahmed

merci

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