Les hydrocarbures algériens : cette énergie retournée contre soi

La rente est utilisée pour acheter la paix sociale, pas pour relancer l'économie du pays
La rente est utilisée pour acheter la paix sociale, pas pour relancer l'économie du pays

Malheur aux pays qui s'accommodent avec la corruption et qui retournent leurs ressources contre eux-mêmes.

Voici l'état des lieux pour cet été 2013. Un pays figé et promu a la désolation. Un pays qui, malgré les efforts soutenus de quelques uns, semble en panne d'idées et d'initiatives. Des citoyens désolidarisés, presque politiquement indifférents mais amalgamés cycliquement entre abuseurs et abusés. Des partis politiques dont la plupart ne sont que des caisses de résonnance et de propagande en faveur du pouvoir. Des hommes politiques dont la majorité ont été dressé en charognards pour être aux aguets d'une quelconque opportunité. Leurs caractéristiques: l'incompétence, l'arrogance, la prétention, l'ignominie, et la mesquinerie. Un pouvoir improductif mais glouton. Il est constitué de lobbys prédateurs dont une des fonctions de base est la négociation permanente des parts provenant des ressources naturelles et extérieurs. Les hommes au pouvoir sont devenus de vrais stratèges non pas pour le développement du pays mais dans le développement d'une économie souterraine qui consiste à s'accaparer des méga-centres commerciaux, du partenariat avec les entreprises étrangères, de l'importation de véhicules, de médicaments et de produits déclassés de tout genre, de trafic d'influence de toute sorte, de transfert et de placement des devises ailleurs, etc.

Devant cette passivité générale, avec ou sans président, avec ce président ou un autre président pris dans le même lot de pseudo-politiciens déchus et/ou vomi par l'histoire; on continue et on recommence. On vote et on ne vote pas. Aucun bilan. Pas de compte à rendre. On continue, puis on recommence.

Pourtant les problèmes sont nombreux, et les challenges aussi. Tous les problèmes qui s'accumulent et empoisonnent la vie du citoyen sont le résultat du système politique en place et ce depuis l'indépendance: le logement, le chômage, l'improductivité, les conditions de travail, la santé, le malaise psychologique, le sentiment de vie gâchée, l'éducation des enfants, la formation, la recherche, la bureaucratie, l'injustice, l'urbanisme, le système financier, le transport, l'électricité, l'eau, le baccalauréat, les accidents de circulation, etc.

Même la liberté d'expression; outil principal du changement et qui bénéficie des systèmes modernes d'interaction multimédias comme Internet et ses réseaux sociaux; semble inopérante et essoufflée. Elle se trouve endommagée par la persistance et l'indifférence du pouvoir qui consiste à dissuader les citoyens en leur faisant croire que dénoncer ou s'offusquer de cette situation n'apportera aucun changement. Pire encore, elle pourra être retournée contre soi en guise de représailles. Et pourtant, elle est très chère la liberté d'expression, et comme les piles Varta, elle ne s'use que si l'on s'en sert pas.

Par ailleurs, la situation a particulièrement dégénérée depuis une douzaine d'années par suite de l'utilisation d'un curieux modèle de gestion politique qui semble en usage dans les pays du golfe. Il est très simple dans son principe. On s'adosse a une puissance économico-militaire. On fait pomper les hydrocarbures par des entreprises étrangères. Une partie des rentrées est utilisée pour négocier le minimum de paix sociale sans respect du citoyen et de sa qualité de vie. On transfère la grosse part dans des pays considérés plus stables. On envoie sa progéniture s'amuser dans les casinos prés du lac Léman, a Monaco ou a Las Vegas. That's it. Quel beau programme pour ruiner les pays les plus riches !

La technique est tellement géniale qu'elle a été apparemment appliquée par les américains. La preuve, il ya quelque temps, Wikileaks révélait et c'est plausible, que pour affaiblir la Russie, les services secrets américains ont tenté de promouvoir des personnes incompétentes et corrompues dans les centres de décision politique et économique; ce qui aurait pour effet d'auto-saboter le développement de la Russie. Dans notre pays, nul besoin d'agents extérieurs, c'est le pouvoir lui même qui se charge de la sélection, de l'élevage et de la protection des corrompus.

Mais curieusement, dans ce sommeil profond, on nous parle de temps à autre du problème de l'énergie, des énergies renouvelables, de la gestion des hydrocarbures, du gaz de schiste, du développement durable, de la protection de l'environnement, etc.; tant de thèmes a la fois modernes et intéressants. Ce que l'on ne nous dit pas c'est quels sont ces experts et ces bureaux d'études qui se chargent d'orienter et de proposer les choix stratégiques dans ce domaine comme dans d'autres domaines. Et si jamais on oserait nous le dire, il faudrait dorénavant préciser le contexte et demander d'étaler l'argumentaire. Sans cela, j'ai peur que tous ces sujets ne soient une fois encore que des spéculations stériles synonyme d'exploration de nouvelles voies pour le profit et la corruption.

Maintenant, analysons la situation des hydrocarbures sous un autre angle. D'abord, compte tenu de l'absence d'industries, l'Algérie n'est pas un pays à forte consommation énergétique. Jusque-là, les hydrocarbures servent surtout pour compenser les besoins et la balance commerciale des importations et de la corruption. De même, puisque il s'agit d'une ressource non renouvelable, elle a tendance pour la prochaine décennie a s'épuiser. Pour ces raisons, l'exportation des hydrocarbures devrait être impérativement freinée. Il faut se résoudre a établir la balance commerciale hors hydrocarbures par le développement d'une véritable économie basée sur la production compétitive des biens et des services. De plus cette énergie appartient aussi aux générations futures, c'est le concept du développement durable. Malheureusement, ce sont les corrompus de ce pouvoir qui l'ont compris très tôt. Depuis l'indépendance, ils exploitent ce principe en transférant les sommes qu'ils peuvent vers l'étranger pour assurer l'avenir de leurs descendance sur plusieurs générations. 

Une autre raison encore est que pour les pays fortement ensoleillés, l'énergie solaire est en passe de devenir rentable et compétitive vis a vis des hydrocarbures. Récemment, les entreprises Chinoises ont cassé les prix des cellules photovoltaïques au point de perturber sérieusement la vision et les investissement en matière d'énergie a travers le monde. La quasi-totalité des entreprises européennes qui manufacturent les cellules photovoltaïques n'ont pu soutenir la compétition et sont déjà en faillite. Le prix proposé par la Chine est de l'ordre de 0.60 USD par Watt (proposition public des prix) contre quelques USD en Europe. Une aubaine pour les pays a fort ensoleillement ou un investissement conséquent dans ce sens pourrait être avantageux, surtout avec des contrats privilégiés avec la Chine. Cela permettrait encore de baisser les prix.

D'autre part, le meilleur choix énergétique pour l'Algérie et d'autres pays du même contexte serait l'exploitation de l'énergie hybride à base de ressources renouvelables prioritairement et en compensation par les énergies classiques. Ce choix favoriserait aussi l'indépendance énergétique des citoyens par rapport a des entreprises qui n'ont d'état que le qualificatif. Contrairement à ce que l'on pourrait croire, les énergies renouvelables comme le solaire photo-thermique, les éoliennes, les biotechnologies pour la production du méthane, sont technologiquement parfaitement maitrisable pour être conçues et réalisées localement.

Voici encore une autre raison pour freiner l'exportation des hydrocarbures. Le 03 novembre 2008, lors d'une visite en Algérie de M. Yves Chauvin, Prix Nobel de chimie 2005, et expert en pétrochimie ; j'en profitais de sa disponibilité pour aborder avec lui le sujet concernant l'exportation et l'utilisation abusive des hydrocarbures dans l'industrie. Il ressort de notre discussion que la meilleure façon d'exploiter les hydrocarbures est de réduire leur usage. L'avantage est que dans le futur les hydrocarbures constitueraient un réservoir privilégié pour la fabrication de nouveaux produits (médicaments et autres produits) qui ne seront pas facile à fabriquer avec d'autres matériaux. 

Enfin, il est aussi important de réduire la vente des hydrocarbures pour la protection de l'environnement à cause du réchauffement climatique planétaire (Global Warming). En effet, le réchauffement climatique ne connait pas de frontière. Ainsi, les rejets générés aux USA ou en Chine peuvent être ressenti n'importe ou sur la planète. Dans ce sens, j'ai été particulièrement impressionné par un exposé présenté lors d'une conférence sur le Global Warming à Istanbul en juillet 2012. Le Prof. Michael Oppenheimer de l'université de Princeton, a montré que pour le 21e siècle, la fréquence des désastres va s'amplifier tant en fréquence qu'en intensité. A titre d'exemple, si par le passé, on avait un désastre moyen tout les 25 ans, on prévoit un désastre moyen tout les cinq années pour ce siècle. J'ai particulièrement apprécié son exposé du fait que ces travaux sont soutenus par les lourds moyens d'observation de la NASA et ses recommandations servent de base aux USA pour la gestion et la lutte contre les désastres. La lutte contre les désastres se fait au moyen d'instruments et des méthodes de prédiction, et par la mobilisation rapide et la coordination des moyens appropriés. Cela s'appelle "Situation Awareness" qui je traduirai par "situation de vigilance".

Mais remettons les pieds sur terre et revenons dans notre pays ou pour obtenir un simple document administratif du genre acte de naissance, on doit patienter devant de longues chaines, et attendre plusieurs jours sans être sûr qu'il sera correctement rédigé. Alors, que pourrions nous faire devant des désastres imprévus du type hurricane, extrême et brutale sécheresse, tsunamis, épidémies, et autres. Que ferait ce pouvoir ? Ce n'est sûrement pas leur habilité dans les transactions commerciales qui nous sauverait. Il est grand temps que ce pouvoir change, sinon, il est et constituera sérieusement le plus grand désastre pour l'Algérie.

Abdelouahab Zaatri

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Commentaires (8) | Réagir ?

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adil ahmed

merci

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Abdelouahab zaatri

A Messaoud,

En effet, l'université de constantine1 est a l'image des autres institutions du pays. Un groupe s'est accaparé de sa gestion. Il en a fait sa propriété privée, en profite des privilèges et se comporte comme si elle a été léguée par leurs parents.

A la faculté, c'est un plaisir de prendre un pot chaque fois que de telles personnes se trouvent déchues. Par ailleurs, ils se passent bien le flambeau.

De l'avis de quelques enseignants, il est nécessaire qu'un syndicat autonome soit crée pour freiner les appétits de cette espèce de rapaces car les révélations dans les journaux concernant la corruption et d'autres questions dans cette université sont ahurissantes. Il y'a de quoi chercher a s'épiler les cheveux au Laser.

Abdelouahab Zaatri

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