Le sandwich de Tizi-Ouzou: la laïcité d’un acte et non d’Etat

L'acte de déjeuner en plein ramadhan est avant tout un appel à la liberté de conscience.
L'acte de déjeuner en plein ramadhan est avant tout un appel à la liberté de conscience.

Le sandwich de Tizi-Ouzou,à lui seul, n’efface pas l’intolérance religieuse de l’Etat. Le gendarme ou le policier possède constamment le pouvoir d’interpeller un non-jeûneur en toute légalité. Car les lois lui permettent toujours l’interpellation de celui qui porte atteinte à la sacralité du mois de ramadhan. C’est dit noir sur blanc "intihak hourmat ramandan".

Certes, l’acte de manger des sandwichs en public et en plein mois de carême est courageux, voire laïc. Mais devant l’hypocrisie des gouvernants, l’intolérance continuera à étendre ses ravages. Elle demeure de mise car, tout simplement, elle est institutionnalisée. L’intolérance religieuse de l’Etat reste un acte constitutionnellement conforté à travers cet article 2 de la loi fondamentale qui stipule que l’islam est la religion de l’Etat. Ou encore par sa présence dans tous les cycles de l’enseignement à travers ces cours d’éducation islamique. En dépit de l’article 36 de la constitution qui précise que la liberté de conscience et la liberté d’opinion sont inviolables, la connotation islamique de toutes les institutions étatiques y est toujours présente. La conscience est ainsi, forcément violée. Car, dans le subconscient des rédacteurs de la loi fondamentale, l’Algérien n’est autre que musulman. Point de liberté de culte. Et pour rappel, plusieurs chrétiens ont été persécutés à travers plusieurs régions du
pays.

La religion qu’elle quelle soit, est toujours intégriste et fanatique. Dans sa pratique, elle est souvent subjective et déraisonnable. Quant à l’homme religieux, il est dogmatique, rigide, intolérant et autoritaire. Il n’évolue pas et œuvre plus à perpétuer la tradition. Imam, pape, rabbin ou moine bouddhiste, ils se ressemblent tous à travers notamment leurs accoutrements qui renvoient
à des époques très lointaines. Défenseurs zélés de la tradition, ces gens qui s’autoproclament hommes de foi, perpétuent le mythe en pourchassant le savoir, la raison et la logique.

Point de religion n’est savante. Devant le dogme, la science abdique. Devant la doctrine, la conscience lâche. Devant le mythe, la perception s’opacifie. Les idées alors se brouillent et les concepts se mélangent. Il faut ainsi tout un combat pour libérer les consciences et pour remettre de l’ordre dans les esprits. Genre de duel permanent, que se livrent la raison, la conscience contre la croyance et la déraison.

Grave, quand on mêle tout cela à la politique. Alors la débandade s’installe pour brouiller les pistes de la tolérance. Le désordre affecte la conscience et pousse aux actes irréfléchis et répressifs. Ainsi, l’on emprisonne le non-jeûneur, l’on harcèle le non-pratiquant, l’on persécute le non-musulman, l’on voile la femme, l’on tue le démocrate qu’on accuse d’apostat… Tout cela s’exécute hypocritement au nom d’une république démocratique et populaire.

Grave encore quand on se cache derrière la pratique religieuse pour dissimuler son incompétence politique. Pis, quand on implore les soutiens divins pour la réussite économique. La religion, ensemble de croyances plus au mois farfelues, doit rester une affaire privée, individuelle et personnelle. Elle ne peut être ni imposée ni utilisée à des fins politiques, économiques ou autres. Chaque individu a le droit de la vivre tel qu’il la conçoit.

Cependant, continuer à imposer par la répression le dogme religieux ne fait qu’encourager l’ambition de se séparer de l’autre, à s’emparer du désir de vivre ensemble. La tolérance religieuse appelle en conséquences, un Etat laïc et séculier avec une constitution qui bannit à jamais toute référence religieuse dans son texte, ou au mois qui garantie clairement et sans ambiguïté la liberté de culte et de croyance. Mais tout de même, le sandwich de Tizi-Ouzou constitue un acte laïc d’une société libre que l’Etat prisonnier et mystificateur devrait sérieusement méditer.

Zoubir Zerarga

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Commentaires (28) | Réagir ?

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kamel benzine

je vois quelques intervenants depassent meme le pouvoir qui nous prive de ces libertes heuresement ils ont pas ce pouvoir sinon ça va depasser imoralite. le careme c est pas un probleme de manger ou de boire mais ça rentre dans la grande spritualite humain par la foi. je ne sais pas si les non jeuneurs de quoi vous derangent etant donne que vous avez cette foi, mais je pense le probleme chez vous les musulmans, vous avez toujours veçu dans l intolerance et votre intilligence et dans le ventre et le bas ventre. vous etes que des minables.

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aziz maoui

Des marionnettes de service (CIA). NEXT

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