Egypte: 11 morts dans les affrontements entre pro et anti-Morsi

La situation devient plus critique.
La situation devient plus critique.

Des dizaines de milliers d'Egyptiens manifestaient vendredi à travers le pays à l'appel des partisans et adversaires du président islamiste destitué Mohamed Morsi, des rassemblements rivaux qui ont fait cinq morts lors de heurts à Alexandrie (nord).

Ce vendredi aura été mémorable pour les Egyptiens qui sont en train de compter leurs morts. C’est le résultat de violents affrontements entre pro et anti-Morsi. Bilan provisoire : 11 personnes tuées et des dizaines de blessés. Les affrontements ont eu lieu au Caire et à Alexandrie. Tout a commencé par des jets de pierre entre les manifestants des deux camps, dans l’est du Caire. Cela a commencé lorsque des manifestants anti-Morsi ont brûlé des portraits du président déchu. La violence est ainsi allée crescendo avec des tirs de chevrotine, faisant 11 mors et près d’une centaine de blessés, dont certains dans un état grave. Pour sûr, le placement en détention de Morsi aura contribué à accélérer cette vague de violence qui risque de se poursuivre dans la nuit et de se faire davantage meurtrière. A noter que l’ultimatum donné par l’armée pour voir revenir l’ordre en Egypte prend fin demain samedi.

La justice a par ailleurs ordonné la mise en détention préventive de M. Morsi, détenu par l'armée au secret depuis sa déposition le 3 juillet, pour l'aide présumée que lui aurait apporté le Hamas palestinien début 2011 pour s'évader d'une prison où il avait été placé peu avant la chute du régime de Hosni Moubarak. Les autorités ont renforcé la sécurité dans tout le pays pour cette journée à hauts risques où les deux camps entendent compter leurs forces, alors que les violences liées aux troubles politiques ont fait plus de 200 morts en un mois.

Cinq personnes ont perdu la vie et une cinquantaine d'autres ont été blessées, notamment par des tirs de chevrotine, lors d'affrontements entre pro et anti-Morsi à Alexandrie, deuxième ville du pays, selon des sources médicales. Dans le quartier de Choubra, au Caire, des manifestants ont échangé des jets de pierres et de bouteilles, faisant une dizaine de blessés. Une dizaine d'autres manifestants ont été blessés à Damiette, sur la côté méditerranéenne, a indiqué le ministère de la Santé.

Les manifestations à l'appel des Frères musulmans, dont est issu M. Morsi, sont parties au Caire d'une trentaine de mosquées pour converger vers les abords de l'Université du Caire, près du centre-ville, et ceux de la mosquée Rabaa al-Adawiya, dans un faubourg du nord-est de la capitale, où les pro-Morsi campent depuis près d'un mois. La confrérie dénonce inlassablement le renversement par l'armée du premier président démocratiquement élu d'Egypte, après des manifestations massives fin juin pour réclamer son départ.

"Soutenir Sissi contre le terrorisme"

"Nous n'avons pas peur de l'armée et nous avons le droit de manifester", a affirmé Magdi Ahmed, venu au Caire de Minya, en Haute-Egypte. Le guide suprême des Frères musulmans, Mohamed Badie, a appelé ses partisans à des manifestations "pacifiques", tout en les exhortant à rester mobilisés face au "coup d'Etat sanglant". Dans le camp opposé, les manifestants anti-Morsi se massaient place Tahrir, site traditionnel des grands rassemblements. Les adversaires du président déchu justifient son renversement en l'accusant de n'avoir gouverné qu'au profit des islamistes et d'avoir laissé le pays s'enfoncer dans la crise économique.

La foule brandissait des drapeaux égyptiens et des portraits du chef de l'armée, le général Abdel Fattah al-Sissi, artisan de la chute de M. Morsi et nouvel homme fort du pays."Nous manifestons pour soutenir Sissi dans son combat contre le terrorisme", a indiqué Mahmoud Abou Hachem venu de Charqiya (nord), assurant que "les terroristes ce sont les Frères musulmans, ainsi que le Hamas".

Morsi en détention préventive

Le général Sissi, également ministre de la Défense et vice-Premier ministre, a appelé mercredi les Egyptiens à descendre en masse dans la rue vendredi pour lui donner un "mandat" afin d'en "finir avec le terrorisme et la violence". Alors que l'ancien président était jusqu'à présent retenu sans charge, un tribunal a ordonné sa mise en détention préventive pour 15 jours renouvelables pour complicité présumée avec des attaques imputées au Hamas. Aucune indication sur un transfert effectif de son lieu de détention militaire vers une prison n'était immédiatement disponible.

Les Frères musulmans ont dénoncé un "retour en force du régime Moubarak", alors que le Hamas a déploré que "le pouvoir actuel en Egypte renonce aux causes nationales (...) allant même jusqu'à leur nuire, à commencer par la cause palestinienne".

Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a appelé "toutes les parties à faire preuve d'un maximum de retenue". A l'instar de Washington et de l'Union européenne, M. Ban a également appelé l'armée à libérer M. Morsi et d'autres dirigeants des Frères musulmans, ou à les juger rapidement et de manière transparente.

Arguant que M. Morsi ne pouvait régler la grave crise politique secouant le pays, l'armée l'a déposé le 3 juillet et a nommé un président civil intérimaire pour conduire la transition avant la tenue de législatives, en principe début 2014, puis d'une présidentielle. Les Etats-Unis ont fait savoir qu'ils ne se prononceraient pas sur la qualification ou non du renversement de M. Morsi comme un coup d'Etat, ce qui dans l'affirmative leur imposerait légalement de suspendre leur aide à l'Egypte -en grande majorité composée de 1,3 milliard de dollars d'assistance militaire annuelle.

Washington a toutefois exprimé son inquiétude après l'appel à manifester lancé par le général Sissi, et suspendu mercredi la livraison à l'Egypte de quatre chasseurs F-16.

Avec AFP

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