Mohamed Saïd : 80% de la pub va à la presse privée !

Le ministre de la Communication.
Le ministre de la Communication.

Le ministre de la communication, en homme averti, vient de tenter de remettre les pendules à l'heure après le débat sur la manne publicitaire et le rôle de l'ANEP.

Le limogeage du colonel Fawzi, le Monsieur Presse du DRS, a au moins un mérite : susciter le débat sur la formidable manne financière de la pub et ses bénéficiaires. Nerf de la guerre par excellence, elle a toujours servi de moyen de pression pour (c'est selon) étouffer un organe de presse trop curieux ou indépendant, ou bien renflouer les caisses d'un canard boiteux mais aux ordres des puissants. 

Dans ce maquis de déclarations sur qui bénéficie de quoi de la part de l'ANEP, Mohamed Saïd, le ministre de la Com, est monté au front pour défendre la presse publique. Selon lui, la presse publique ne bénéficie que de 22% du marché publicitaire de l’Agence nationale d’édition et de publicité (ANEP). 

"Seulement 22 % du marché publicitaire de l’ANEP vont à la presse publique, alors que 78 % vont au secteur privé", a-t-il affirmé dans une déclaration à la presse au terme de sa visite à Sidi Bel-Abbès. Le ministre tente une précision. Voire une demi-vérité. Mohamed Saïd a de fil en aiguille ajouté que le journal El Moudjahid vient en 6e position des journaux qui bénéficient du marché publicitaire de cette agence publique. Le ministre ne souligne pas le nombre de lecteurs de ce canard, car une cinquième position pour ce journal que le commun des Algériens ne lit plus est plutôt honorable. Par ailleurs, dans sa lancée, le ministre de tutelle ne nous dit pas qui sont ces cinq journaux privés qui captent l'essentiel de la pub. A qui appartiennent-ils ?

L’ANEP couvre simplement 66% du marché publicitaire national, ajoute le ministre. Heureusement pour tous ces journaux comme Le Soir d'Algérie, malgré un tirage respectable, devenus les mal-aimés des véritables patrons de l'ANEP. Sans les quelque 40 % du marché publicitaire qui échappe à cette agence, et donc bénéficient aux privés, ces quotidiens auraient mis la clé sous la porte depuis longtemps.

Dans ses réponses, le ministre se garde d'expliquer aux citoyens pourquoi des journaux sans audience et dont le tirage frise le ridicule bénéficient de la générosité de l'ANEP ? Car, dans un marché normal, où la pub n'est pas un levier de soutien, ou une monnaie pour magouilleurs en diable, ce sont les journaux les plus lus, donc à gros tirage, qui captent l'intérêt des annonceurs, car l'objectif premier et unique d'une publicité c'est qu'elle soit vue par le maximum de lecteurs. Mais tout est dit dans cette déclaration d'Abdelaziz Rahabi à El Watan : "Il s’agit d’une manne qui enrichit des gens indûment. Des titres sont créés pour recevoir de la pub et pas pour informer. On crée un titre, on lui donne 20 ou 30 millions de dinars par mois, il ne paye pas la rotative, puis disparaît au bout d’une année ou deux. Multipliez ça sur dix ans, vous avez au moins 1 milliard de dollars de pub passés par l’ANEP. Aujourd’hui, le budget de l’ANEP est estimé à 120 et 130 millions d’euros." 

S'il y avait une réelle volonté d'assainir le monde de la presse algérienne, le marché de la pub aurait été le chantier le plus urgent. Devant l'importance de la manne pubilcitaire, la question de la carte de la presse est en l'espère anecdotique.

Hamid Arab

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Commentaires (3) | Réagir ?

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salah bela

merci pour les information

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hocine amari

et 80 % du petrole est sous la coupe de la corruption

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