Algérie : de la corruption des grands à la tricherie des petits

Des scandales de corruption impliquant Kellil et nombre de pontes du régime à la triche au Bac : des signes d'un Etat délètère.
Des scandales de corruption impliquant Kellil et nombre de pontes du régime à la triche au Bac : des signes d'un Etat délètère.

Chacun est responsable de tout devant tous." (1)

Comment être classé juste avant l’avant-dernier pays le plus corrompu au monde et jouer les vierges effarouchées face à la triche du bac 2013. D’après les classements internationaux, on peut remarquer que c’est les pays les moins corrompus au monde qui ont les meilleures écoles. Cela implique en plagiant La Palisse, les élèves les mieux éduqués puisque l’école est censée éduquer avant d’enseigner. Et sans surprise on retrouve comme toujours à la place d’honneur les pays nordiques et du déshonneur qui vous savez. L’étonnant dans cette histoire c’est la mention "a triché".

Un eurêka national qui fera date. Imaginons le bac sans surveillants avec des correcteurs experts dans la traque des tricheurs. Ni vu ni connu, de l’encre rouge sur la copie d’un cancre de plus en plus névrosé. Les coupables ne seront que plus nombreux : celui qui a copié ; celui qui n’a pas copié, mais a laissé faire par affinité ou manque de courage ; enfin l’inconscient, celui qui n’a rien vu trop occupé à noircir ses feuilles. Le bac doit être aussi transparent et honnête que le vote. Il est loin le temps où on n’avait pas besoin de tricher pour l’avoir puisqu’on pouvait le rater et se retrouver professeur de sciences exactes, de sciences naturelles, de sciences islamiques, de langue nationale et internationale. Oui, la triche c’est halal ou haram comme la nuit du doute, ça viendra toujours d’en haut. En bas, l’ignorance et la crasse. Et comme on n’est pas habitué aux éboueurs, on se demande quelle mouche anti tsé-tsé a piqué les responsables pour sévir illico. Ils auraient dû réactiver leur concorde civile pour ces petits imprudents après tout le ministère de l’Education et de l’Enseignement a vu pire en pardonnant les yeux bandés à ses ouailles. Fuites des sujets à grande et petite échelle, livres scolaires bourrés de fautes en tous genres, bacs offerts trafiqués achetés inexistants, des concours leurres, des compétences-leurres, du piston à tous les niveaux, du diplôme bidon malgré la vraie sueur et les vrais billets dépensés etc. Ajoutons la pression sadique des parents et surtout les grèves cycliques des enseignants et leurs sempiternelles revendications mercantiles du salaire aux primes en passant par toutes les caisses sociales sans oublier les logements sociaux "asociaux" indemnités grade notation échelle etc. Et ce n’est pas fini, rebelote avec les deux poids deux mesures de la cerise empoisonnée sur le gâteau pour fissurer l’honorable corps déjà bien détraqué. On se demande quand ces pauvres enseignants ont le temps pour penser à autre chose par exemple à leurs élèves. Tout ce tourbillon infernal aurait dû pousser les lycéens au suicide, à se "talibaniser".

Les petits écervelés se sont contentés de calmer leur colère avec une triche en philo dans un programme arabo-islamisé. Au fond, on doit être fier d’eux, ils ont fini par nous ressembler, pas un milligramme de bon sens. Dès 1988, on voyait bien qu’il n’y avait pas seulement le grain de sable, mais que toute la machine était coincée dans les sables mouvants. Bien sûr sur le coup, on a pensé à une réforme centrée sur l’enfant, mais en 1989, à peine une année après le «chahut de gamins», les dinosaures aux commandes ont repris leurs esprits et l’ont enterrée définitivement pendant qu’en Tunisie et au Maroc on l’adopta avec humilité. Nos dirigeants ont horreur du couteau sur la gorge, s’ils cèdent à chaud, ils se vengent à froid serrant les boulons en les multipliant. La bête a de la ruse et de la bêtise à revendre. Un jour, ils iront là-bas rejoindre leurs enfants qu’ils ont pris le soin de scolariser loin chez les autres dans une école qui trahit point par point l’école qu’ils ont concoctée pour nos rejetons. Ils iront vivre peinards dans leurs résidences dorées, mais après avoir détruit saccagé corrompu drogué la masse et poussé les récalcitrants vers le cimetière ou l’exil. Cachés dans leur bunker, ils ne réaliseront jamais leur rêve de rentrer dans l’histoire ni par la grande porte ni la minuscule lucarne. Et pour nous, c’est l’histoire à répétition sans aucune leçon à tirer que les cadavres à enterrer. C’est incroyable comment ces Égyptiens, dont on se moquait hier, gèrent leurs nerfs. Un seul message subliminal hante les manifestants : tout sauf le clonage avec le virus algérien ! À chacun ses Frères et tout le monde sera content. Les deux plus célèbres enseignants de l’école algérienne, les leaders du FIS, n’avaient à l’époque qu’un seul dossier déposé au ministère de l’Education : la suppression de la mixité. En Egypte, le conseiller du Vatican sunnite, El Azhar, manie avec brio la langue de Molière et celle de Shakespeare sur les plateaux occidentaux sans provoquer le réveil des momies.

 Certes beaucoup de choses restent à faire, mais l’essentiel est que tout le monde parle de l’Egypte, tout le monde veut aider l’Egypte même les pays arabes qui ont soutenu les Frères hier. On a beau critiquer, nous sommes nombreux à regarder les télés égyptiennes mais quel Égyptien regarde la télé algérienne ? Pour faire de l’Algérie ce désert lunaire ce triangle des Bermudes, il fallait commencer par l’école. L’arabisation n’a jamais été par amour pour une langue, mais par jalousie par haine envers une élite seule apte à faire décoller le pays. Le poète libanais affirme que c’est au sommet de la montagne qu’on commence à monter, mais quand on est nul en escalade c’est au bas de la montagne qu’on commence à gratter. Au lieu de saisir l’occasion pour se pencher sérieusement sur cette école qui broie de l’innocence en sacrifiant les générations à venir, on crie à la paresse au scandale à la démission parentale. Pauvres familles "entachées", si au moins il y avait parmi elles les rejetons de flen ou felten, non, comme les familles des "disparus" que des parias. Il ne leur reste que la clémence et la justice de l’immaculé sérail. À la prochaine grève des enseignants, l’ennui ne sera pas au rendez-vous, on parlera de triche avant d’aborder salaire et avantages. Et à la prochaine réforme, on réformera les surveillants sans oublier de gâter un peu plus les correcteurs. La culpabilité du bouc émissaire soulage la conscience et remonte le moral. Avec des lycéens terroristes puis tricheurs voilà de quoi penser aux commandos dans les classes au lieu de les laisser à l’extérieur. Les sociologues estiment à 70% les élèves qui trichent ou essayent de le faire.

En Chine où le compliqué est toujours simple, les caméras de sécurité sont omniprésentes, fouille, détecteurs de métaux et brouillage des communications pour traquer les petits malins. Le bac est devenu un vrai casse-tête, il pose de plus en plus de problèmes de surveillance avec les gadgets sophistiqués qu’on invente tous les jours : téléphone portable, Smartphones, tablettes, oreillette intra- auriculaire, lunettes équipées de caméra… On a réussi à faire communiquer par télépathie deux souris séparées par des kilomètres en leur greffons une puce au cerveau. Imaginons l’expérience au niveau humain, un gosse de riches relié à un autre cerveau pour affronter zen ses épreuves. Cet examen est appelé tôt ou tard à disparaitre, car il devient de plus en plus politisé et de plus en plus coûteux pour finalement pas grand-chose. Bac plus 5, on peut se retrouver chauffeur caissière même en Chine, pays ayant la plus grande croissance du monde. Quant aux USA, la dette des étudiants est estimée à plus de 1000 milliards de dollars pose déjà problème et la question : cela en valait-il la peine ? En plus cet examen a un côté loterie, que vous soyez cancre ou génie, votre disponibilité physique durant les épreuves doit être totale et hélas nul n’est à l’abri d’une maladie d’un accident d’un malaise d’un trac d’une rage de dents pour rater son année et peut être tout son avenir. D’après des travaux de D. Oget, si on remplaçait le bac par un contrôle continu, les résultats finaux seraient bien différents… 

Ce qui est surprenant c’est qu’il existe des enfants qui croient à l’école algérienne qui s’accrochent au point de faire n’importe quoi pour accéder à une université qui, question prestige et éthique, est pire que leur lycée. Et des parents qui les poussent ne lésinant devant aucun sacrifice. D’après le dictionnaire, tricher c’est tromper, mentir sur la valeur, la quantité de quelque chose, enfreindre les règles d’un jeu, d’un sport pour gagner. Dans l’Algérie, République Démocratique et Populaire, il y a déjà trois tricheries. L’Algérie n’a jamais été une république encore moins une démocratie quant à populaire, il faut d’abord trouver le peuple. Avant de condamner les petits tricheurs, il faudrait commencer par condamner la triche des grands qui est infiniment plus grave et plus urgente à stopper. Dans l’éducation, on est né plus sourd qu’aveugle donc ça ne sert à rien de forcer l’enfant à suivre nos conseils si notre comportement ne suit pas. En Finlande où il y a la meilleure école du monde, on ne donne aucun conseil à l’enfant encore moins des constantes à avaler. On le laisse libre de choisir une matière ou de la rejeter, il est livré à lui-même la plupart du temps. Personne ne croit à l’utilité des punitions à la discipline imposée, les parents divorcent autant que le reste des Européens et ça marche parce que l’exemple que donnent les grands est fiable, honnête. En un mot l’enfant finlandais s’auto-éduque en copiant ses parents ses enseignants son directeur son maire son ministre son président et tous les adultes qu’ils voient autour de lui. Et les chiffres sont là, d’après l’Unesco, le taux brut de diplômés de fin secondaire est de 51 % en France contre 92 % en Finlande, le taux de diplômés du supérieur est de 38 % en France contre 74 % en Finlande.

À le voir chaque matin se lever et se préparer pour retourner naïvement à cet antre qu’on appelle école, le petit algérien est déjà un miraculé pour n’avoir pas pété les plombs avant d’arriver au lycée. Aucune réforme ne marchera aucune sanction ne sera efficace si l’exemple à suivre est justement l’exemple à ne pas suivre. "L’ancien se meurt, le nouveau ne parvient pas à voir le jour. Dans le clair-obscur, surgissent les monstres". (2)

Mimi Missiva

(1) Dostoïevski

(2) Gramsci (philosophe et politicien italien)

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elvez Elbaz

Document exclusif : comment a été détourné l’argent du pétrole

Si le nom de Réda Hemche est sur toutes les langues, celui d’Azzedine Madi n’apparaît nulle part dans le dossier sulfureux de Sonatrach. Pourtant, cet homme, inconnu du grand public, a joué un rôle clé dans cette affaire dans laquelle sont impliqués les plus hauts responsables de la compagnie, voire du secteur de l’énergie et des mines. Le système rentier parallèle mis en place est complexe. Il implique des dirigeants de la compagnie nationale et des hommes de main qui agissaient en marge de la sphère officielle et étaient chargés des liaisons entre les différents acteurs de cette machine à dollars dont les ramifications dépassaient les frontières. Comment fonctionnait le processus ? Azzedine Madi – parfois orthographié Mady – était le représentant de la FCPL, First Calgary Petroleums Ltd, une compagnie canadienne spécialisée dans l’exploration et le développement des gisements de pétrole et de gaz en Afrique du Nord et au Moyen-Orient, auprès du premier responsable du secteur en Algérie. Il était également en contact direct avec l’ancien vice-président de l’activité amont, Belkacem Boumediene, actuellement en prison. Madi rendait compte directement au PDG de FCPL, Richard Anderson, et Shane O’leary qui avait rejoint la compagnie en 2006 et accéda au conseil d’administration en 2007, avant d’être nommé PDG l’année d’après. Parmi les contacts importants de l’intermédiaire algérien, un ressortissant russe installé à Londres et répondant au nom de Michael Kroupieev, homme de confiance de son compatriote Yuri Shafranik, ancien ministre sous Boris Eltsine et actionnaire majoritaire de FCPL. Lorsque ce dernier décida de se passer des «services» de Madi en 2008, Chakib Khelil chargea son fils de servir de relais entre lui et les responsables de FCPL. Ce qu’il fit jusqu’à ce que cette mission fût échue à un Canadien répondant au nom de Claude Courtemanche, qui occupait le poste de vice-président à la FCPL et était basé à Hassi Messaoud. Recherché par les services de sécurité, Courtemanche quittera le territoire national clandestinement. Les pièces du puzzle étant reconstituées, il reste à comprendre comment tout ce beau monde avait tissé une toile d’araignée qui aspirait une partie de l’argent du pétrole algérien par mille et un subterfuges. Un contrat, dont Algeriepatriotique détient une copie (voir facsimilé dans Documents), stipule qu’Azzedine Madi devait percevoir 5% sur les profits nets réalisés par la société canadienne sur les blocs 405b et 406a à Hassi Berkine. Cet «avantage» accordé à Madi est une «juste récompense» qui fait suite à un premier versement de 10 millions de dollars pour avoir facilité l’accès à FCPL à ce gisement, après que la société canadienne eut reçu des garanties que ces deux blocs étaient commercialisables, donc riches en hydrocarbures. Autrement dit, FCPL n’a pas versé un centime pour la prospection et n’a donc pris aucun risque avant de se voir offrir sur un plateau d’argent ce gisement techniquement et économiquement exploitable. Il va sans dire que Madi, actuellement installé aux Emirats arabes unis et qui aurait amassé 150 millions de dollars grâce à cette opération, selon certaines indiscrétions, ne pouvait pas agir sans l’aval des hautes autorités de l’époque qui avaient substitué aux grandes firmes pétrolières étrangères intéressées par l’investissement dans l’exploration pétrolière en Algérie une multitude de petites entités, plus facilement malléables. En 2008, la FCPL, qui était financièrement incapable de développer son activité en Algérie, sera vendue à la compagnie italienne ENI, après une réunion «officieuse» qui s’est tenue à Milan et à laquelle avaient pris part l’ancien ministre de l’Energie, son fils et Azzedine Madi.

C’est à juste titre que l’ancien vice-président de Sonatrach, Hocine Malti, a rappelé, dans une interview parue dans Le Soir d’Algérie de lundi dernier, que «l’énergie pétrolière et gazière a permis aux gens du pouvoir de s’enrichir». Malti explique que la manne pétrolière, qui se chiffre en milliards de dollars, «a été exploitée à des fins personnelles par tous les régimes qui se sont succédé en Algérie, mais particulièrement par les responsables du pouvoir actuel qui l’exploitent beaucoup plus que leurs prédécesseurs». «Cet état de fait impose que l’information reste dans un cercle restreint. Pour pouvoir contrôler, dominer, il faut restreindre la diffusion de l’information», révèle l’auteur du Pétrole rouge. On comprend, dès lors, les raisons qui empêchent le comité supérieur de l’énergie, qui devait être présidé par le président de la République et dans lequel un certain nombre de ministères devaient être représentés, d’établir la politique énergétique du pays dans un cadre élargi et concerté. «Les décisions en matière de politique énergétique ont toujours été prises par le cercle de personnes initiées», a encore indiqué Hocine Malti qui résume, ainsi, tout un système mafieux érigé en doctrine.

Le traitement de l’affaire par le ministère de la Justice et la signature d’un mandat d’arrêt international à l’encontre de Réda Hemche, en fuite en Turquie, par le nouveau ministre Mohamed Charfi, laissent présager que le procès ne s’arrêtera pas en si bon chemin. Ces quelques éléments nouveaux fournis par Algeriepatriotique pourront servir à faire avancer ce dossier dont les éléments d’information, nous apprend une source bien informée, se trouvent entre les mains de Belkacem Boumediene. Mais, se demande notre source, comment les plus hauts responsables peuvent-ils ignorer ces manigances lorsqu’un simple vice-président sait tout ?

Le secteur de l’énergie et des mines n’étant pas le seul à être gangrené par cette caste des voleurs de la République, Algeriepatriotique continuera de mettre à nu les affaires de corruption avec, à chaque fois, documents et preuves à l’appui.

M. Aït Amara

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mohamed boudebza

c'est une analyse pertinente qui nous fait penser à ces milliers de professeurs qui protestaient contre le système de triche et qui sont liquidés bêtement par le système pour être remplacer par des obeissants qui le font perdurer

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