Egypte : les chefs islamistes arrêtés et appel à manifester

Les leaders islamistes Mohamed Baie et Khairat Al Chater.
Les leaders islamistes Mohamed Baie et Khairat Al Chater.

L'étau se resserre sur Mohamed Morsi et ses proches. Le président égyptien, renversé par les militaires au cours de la journée de mercredi, a été transféré jeudi 4 juillet à l'aube au ministère de la défense, où il est détenu seul et "de façon préventive", selon un responsable de l'armée.

Alors que plusieurs mandats d'arrêts ont été émis contre des responsables des Frères musulmans, le chef de file de cette confrérie a été arrêté par la police militaire égyptienne. L'opposition, par le biais du Front de salut national, s'est prononcée contre l'exclusion des partis politiques se réclamant de l'islam. Les partisans islamistes de Mohamed Morsi ont appelé jeudi à manifester en masse vendredi contre "le coup d'Etat militaire". Le "Front national de défense de la légitimité", qui regroupe les principales forces islamistes du pays, appelle ses partisans à se rassembler "pacifiquement" au cours du "vendredi du refus".

Le chef des Frères musulmans arrêté

La police militaire égyptienne a arrêté Mohamed Badie, le guide suprême des Frères musulmans égyptiens, mouvement dont est issu Mohamed Morsi, a annoncé jeudi une source au sein des services de sécurité.

La justice avait émis des mandats d'arrêt à l'encontre de Mohamed Badie et de son adjoint, Khaïrat Al-Chater. Cet homme d'affaires fortuné est considéré comme son principal stratège politique. Il était le premier choix du mouvement islamiste pour l'élection présidentielle de 2012, mais des antécédents judiciaires l'ont contraint à s'effacer au profit de Morsi. Mohamed Badie et lui sont recherchés pour incitation à la violence dans l'enquête sur les heurts qui ont fait huit morts cette semaine devant le siège cairote de la confrérie.

D'après le quotidien Al-Ahram, pas moins de 300 mandats d'arrêt ont été lancés contre des membres des Frères musulmans. Des responsables politiques de l'organisation, dont Saad El-Katatni, le chef du Parti liberté et justice (PLJ), et l'adjoint du guide suprême, Rached Bayoumi, ont d'ores et déjà été interpellés.

Les autorités militaires ont également fait fermer trois chaînes de télévision favorables à Mohamed Morsi, dont Egypt25, la chaîne officielle des Frères. Selon l'agence MENA, les directeurs de cette dernière ont été arrêtés peu après l'annonce de la destitution. Les forces de sécurité ont également fait irruption au siège de l'antenne égyptienne d'Al-Jazira, dont cinq journalistes ont été emmenés. Quatre d'entre eux ont ensuite été libérés.

Après les violences qui ont émaillé les rassemblements organisés depuis le 26 juin, qui ont fait 47 morts, le ministère de l'intérieur a averti qu'il répondrait"fermement" aux troubles et des blindés ont été déployés au Caire, bloquant les voies menant aux rassemblements pro-Morsi. Les seules violences de mercredi ont fait 32 morts, selon un dernier bilan fourni par la chaîne Nile TV.

Des partisans de l'ancien président ont attaqué des bâtiments de la sécurité dans le nord du pays. Sept d'entre eux ont péri dans des heurts avec les forces de l'ordre à Marsa Matrouh et Alexandrie. Avant son arrestation, M. Morsi a appelé ses partisans à résister paciquement à ce qu'il considère comme un coup d'Etat militaire.

Adli Mansour, président par intérim, a prêté serment

En fin de matinée, le président du Conseil constitutionnel, Adli Mansour, a prêté serment en tant que président par intérim. Ce dernier, un juge passé par l'ENA, a promis de "protéger le système républicain" et a rendu hommage à l'armée, "conscience de la nation". Désormais, il fait face à une tâche délicate à la tête du pays : les consultations pour la formation du prochain gouvernement – qui regroupera "toutes les forces nationales" et sera "doté des pleins pouvoirs" selon l'armée – ont débuté, a annoncé l'opposant Amr Moussa.

L'armée a promis qu'elle "resterait éloignée de la politique" par la voix de son chef, Abdel Fattah Al-Sissi. Le général, nouvel homme fort du pays, a détaillé, avec les chefs religieux chrétiens et musulmans du pays et le représentant de l'opposition Mohamed El-Baradei, une "feuille de route" qui, selon ce dernier, "répond aux revendications du peuple".

L'armée, qui avait pris les rênes de l'exécutif durant seize mois entre la chute d'Hosni Moubarak et l'élection de M. Morsi, n'a pas précisé la durée de la transition avant des élections générales. L'ensemble des formations politiques, y compris les salafistes du parti Nour, ont approuvé la feuille de route des militaires. Le grand mufti de la mosquée Al-Azhar, plus haute autorité sunnite, et le patriarche de l'Eglise copte Theodore II ont apporté leur soutien à cette intervention.

Avec AFP

Plus d'articles de : L'actu en Algérie et ailleurs

Commentaires (0) | Réagir ?