Militants et martyrs de la cause amazighe : comment les honorer, leur rendre hommage ?

Aabdel Krim Lkhettabi (le fondateur de la première République Amazighe au Maroc),
Aabdel Krim Lkhettabi (le fondateur de la première République Amazighe au Maroc),

Comme je l’ai proposé dans mon précédent texte, il est important, utile, nécessaire, juste, par reconnaissance, par devoir, d’instaurer, au moins une fois par an, symboliquement, dans toute l’Amazighie, un Jour de Mémoire Amazighe.

Par Smaïl Medjeber

Et ce, pour commémorer la révolte du peuple Amazigh contre le criminel déni identitaire et linguistique qu’il a subi et continue de subir, un crime commis par les pouvoirs dictatoriaux nationaux; pour rendre hommage à toutes les victimes de la répression ; pour se donner une tradition, de nous rappeler les noms de ceux et celles qui ont donné de leur vie, de leur jeunesse, de leur sang ; ceux et celles qui ont combattu, par leurs actes ou par leurs écrits, pour cette noble cause identitaire et culturelle amazighe.

Cependant, je voudrais le préciser, il ne faudrait surtout pas utiliser ce Jour de Mémoire Amazighe comme fonds commerce, financier et politicien.

Je voudrais proposer ceci :

- Continuer le combat de nos militants (tes) et martyrs (yres) et soutenir ceux et celles qui ont pris intègrement et courageusement la relève de ce même combat.

- Soutenir ceux et celles qui font sortir notre langue de l’oral vers l’écrit : les écrivains qui écrivent en amazigh. Et, pour cela, je souhaite, qu’il y ait, parmi nous, au moins, un millier d’acheteurs de leurs ouvrages, afin de les encourager. Car il faut, pour un livre, au moins, un millier d’exemplaires de vendus pour que son éditeur ou son auteur puissent récupérer les frais d’édition et d’impression. Ma proposition n’est pas commerciale. Ceci serait un acte militant. Car acheter un livre amazigh est un soutien important et vital pour la survie de notre langue.

- Soutenir les producteurs de films et de pièces théâtrales en langue amazighe en remplissant fidèlement les salles de spectacles ; également, les artistes-peintres et sculpteurs qui modernisent et valorisent l’art amazigh, en achetant leurs belles œuvres. Ce seraient, aussi, des actes militants.

- Il ne faut jamais cautionner ceux et celles qui utilisent les noms et les dates d’assassinats ou de décès des martyrs de la cause amazighe, pour se faire valoir, se faire connaître, pour devenir célèbre et se faire élire. Leurs dates d’assassinats et de décès doivent rester des jours de deuils et non pas être utilisés comme jour de fêtes. Les défunts Muhand n Aabdel Krim Lkhettabi (le fondateur de la première République Amazighe au Maroc), Antonio Cubillo, Mouloud Mammeri, Kateb Yacine, Mohamed Haroun (mon compagnon de combat), Abderrahmane Bouguermouh, quelques noms que je cite comme valeureux et modestes exemples, n’accepteraient sûrement pas cela. Surtout pas, Matoub Lounés ! Et c’est son Ameshbus iw, son Mon Prisonnier, de sa chanson, qui l’affirme haut et fort.

- Il faut arrêter de seulement chanter et danser, de faire la fête, de faire des continuels spectacles. En faisant cela et seulement cela, on replonge notre langue, notre culture dans le statut archaïque, seulement oral. Même certains chanteurs doivent en avoir marre d’être utilisés – et j’ai entendu, récemment, l’un d’eux le dire clairement sur une chaîne de télévision.

- En pensant aux militants (tes) qui vivent ou plutôt survivent dans l’extrême besoin, dans la précarité, devenus gravement malades, handicapés, démunis et délaissés, après leur sacrifice, suite aux tortures et aux injustes emprisonnements qu’ils ont subis – j’en fais partie –, de même qu’aux veuves, aux orphelins et orphelines des martyrs de la cause amazighe, afin de pallier à cette vérité et réalité, j’allais proposer de créer un Fonds de solidarité Amazighe à leur égard. Après réflexion, j’ai hésité et j’hésite encore. Je crains que cela ne devienne, par détournement, par utilisation frauduleuse, un fonds de commerce, que le malheur des uns fasse le bonheur des autres. Comme il est dit dans ce proverbe : "Asmi yedder yectaq ttmer, asmi yemmut aaleqen as  aardjoun." (De son vivant, il n’avait pas les moyens de se payer ne serait-ce qu’une seule datte, après sa mort, on lui offre – on lui fait porter sur son dos - une grappe de dattes !) ;

J’espère ardemment que mon message sera entendu, que mes propositions seront acceptées et dignement appliquées. Dans toute l’Amazighie.

Amazighement vôtre,

S. M.

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Commentaires (8) | Réagir ?

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fateh yagoubi

merci

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departement education

merci pour le partage

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