Le pouvoir algérien ou l'autopsie d’une trahison

L'hospitalisation de Bouteflika dans un hôpital militaire français prouve l'incapacité du pouvoir de construire des institutions viables en toute souveraineté.
L'hospitalisation de Bouteflika dans un hôpital militaire français prouve l'incapacité du pouvoir de construire des institutions viables en toute souveraineté.

Qu’allons-nous retenir de cette hospitalisation du président dans un pays qui était un jour et arbitrairement notre colonisateur ?

Un président censé être le premier défenseur de la souveraineté nationale, ce responsable à qui est incombé l’auguste rôle de prémunir la dignité algérienne, on assiste à une autre réalité plus âcre, après 50 ans d’indépendance. Les discours hypocrites nous font croire que l’Algérie est autonome, libre, l’hypnose du verbe a englouti la naïveté du peuple. De la maladie du président aux scandales multiples de corruption, l’Algérie gémit encore sous les flagellations d’un régime qui ne cesse de sucer la substance algérienne en matière de nationalisme.

La récente révolte des Algériens a révélé l’omniprésence certaine d’un vide multidimensionnel, résultat d’une politique rétrograde édifiée pour maintenir la pâmoison populaire. Les événements qui ont secoué le pays ont sondé la profondeur du défaitisme au sein des révoltés. La spontanéité qui caractérise vraisemblablement cette révolte explique sans ambages l’absence confirmée d’une prise en charge des soucis du peuple. La question identitaire est considérée comme étant le déflagrateur de cette insurrection. Le mépris, la mal-vie et l’exclusion ont alimenté le courroux de la population de la région. Les fausses prévisions du pouvoir, qui affiche d’ailleurs son indifférence criminelle quant aux besoins de la nation en matière de droit, ont abouti à cette explosion. Cet écrit répond franchement aux multiples menées des décideurs qui veulent réduire le message, pourtant intelligible, de cette révolte à un autre chahut de gamins.

La répression, reconvertie en code pénal puis adoptée par la lâcheté de nos élus, éclaircit la volonté de Bouteflika d’instaurer une république à la manière hitlérienne à travers ses discours hybrides, ne cessant de tendre la main aux fondamentalistes, sous prétexte de préserver les constantes nationales dont la langue arabe devenue, par le suintement démesuré de l’ânerie, symbole de la régression culturelle du pays. L’étrange avancée de l’oppression ne fait qu’interpréter le projet de nos autocrates d’étouffer cette démocratie encore mineure, voire frêle. L’urgence d’une solidarité s’impose, c’est à nous qu’incombe la mission de structurer notre force, d’organiser ce mouvement pour ne pas nuire à l’espoir déjà en gestation, celui d’une Algérie éminente. La crise qui émaille le quotidien algérien ne cesse de se muer en cataclysme qui ronge notre statut de nation. À vrai dire, la responsabilité de cette course à l’abîme, dont tout le peuple est victime, n’est imputée qu’aux détenteurs du pouvoir depuis l’indépendance.

L’histoire de notre mise en émancipation du joug colonial décrypte clairement ce retour graduel et effrayant vers une dictature préméditée qui s’enracine davantage. Une histoire comblée d’intrigues politiques avec comme moyen l’usage latent de manœuvres qui visent à liquider tous les hommes intègres, compétents, ceux qui ont planifié la victorieuse chute du mythe français. Une espèce de mise en scène se répète pour nous faire croire en une Algérie libre, neutre, loin de toute dépendance. Un nationalisme travesti se manifeste lors des discours officiels, des oraisons funèbres, des allocutions destinées à dévoyer l’opinion nationale en imposant une doctrine qui stimule la haine patriotique, consolide le tribalisme. En se référant au narcissisme individuel, une grave fissure déchire le tissu social, altère les rapports humains pendant que la méfiance s’installe pour devenir une monnaie très répandue entre frères d’une même famille.

Ainsi, l’union s’est reconvertie en une valeur virtuelle, voire impossible. Le recours au jésuitisme accorde à nos oppresseurs le titre de penseurs sans idées. Un génie en matière de la désinformation est importé d’outre-mer pour falsifier l’historicité des événements, en réduisant le volume de l’ancestral patrimoine du pays à de simples archives dont certaines sont interdites aux citoyens. La peur de la vérité historique astreint nos despotes à déclarer une guerre, à titre posthume, aux héros de la patrie, les qualifiant de traîtres, en affichant une rancune aiguisée par un complexe d’infériorité. La volonté de s’immortaliser au siège du pouvoir motive les brillantes fraudes de chaque suffrage. Ces pratiques qu’exerce notre ploutocratie procurent au pays le qualificatif d’une forêt où la démocratie signifie la disponibilité des uns à dompter les autres. Le principe fondateur de la pensée unique est basé sur l’exclusion formelle de toute idée rénovatrice ainsi que le bannissement continuel de la critique et le musellement illégal de la presse. Afin d’opérer un ravinement spirituel au sein de la société, nos décideurs ciblent l’école en prenant la connaissance universelle en otage, choisissant l’enfant comme sujet déteint par les lois pavloviennes dans le dessein de générer une réelle paralysie de l’intelligence voire une inévitable infection des consciences.

Le choix des programmes ne répond ni aux aspirations du peuple ni aux normes mondiales de l’éducation. Une culture mâtinée fut mise, intentionnellement, en place où la religion accapare un volume horaire massif au détriment des matières scientifiques afin de pervertir l’intellect algérien. La prédominance quantitative des leçons religieuses dans les programmes a favorisé l’émergence de phénomènes extrémistes abyssaux, dont les conséquences ne font que concrétiser le plan désuet des islamistes. La médiocrité reste la seule condition exigée pour accéder au haut rang de la hiérarchie administrative. Les postes de responsabilité sensibles dotés de prérogatives sont répartis en fonction des obédiences politiques, d’autres selon l’appartenance aux réseaux de corruption qui permettent aux faibles instituteurs de se voir promus aux postes de directeurs après s’être prosternés devant leurs inspecteurs. Le mouchardage demeure une recette efficace pour plaire aux responsables dans le milieu scolaire, une recette qui prémunit les enseignants bricoleurs contre d’éventuels contrôles pédagogiques. Des félicitations d’obligeance sont destinées à ceux qui fuient les inspecteurs par la fenêtre des classes pour avoir failli à leur devoir. Putréfiée est la situation de l’éducation, cette noble fonction est réduite au bâclage sous les auspices de vigiles qui prennent garde afin que le savoir devienne un brasier qui consumera le crédit de l’école algérienne. Les enseignants qui importunent par leurs mérites sont condamnés à être des cibles particulières des directeurs qui, pour compenser leur défaillance intellectuelle, inventent des styles de harcèlement administratif approuvés par le soutien suiviste de leurs clans. Le sens d’abnégation qui évolue chez les enseignants consciencieux les prédispose à tous genres de malheurs, de dangers dont les conspirations quotidiennes motivées par une jalousie meurtrière qui exhibe un néant transparent en culture.

Chekri Rachid, enseignant-écrivain

Akbou

Plus d'articles de : Forums

Commentaires (8) | Réagir ?

avatar
karim haddad

personnellemnt je pense (et les algeriens doivent en prendre conscience!) que ceux qui ont detenu et detiennent encore le pouvoir obeissent a un plan de destruction de l'algerie en tant que pays et "nation"... il suffit de regarder avec le recul que tout est fait et entretenu a des fins de deculturation, depersonnalisation, arabetisdation massive, islamisation-obscurantisée, gabegie et imeperitie, dilapidationvoulues et entretenus.. l'un des pays les plus riches au monde ou meme un ane baté aurait pu mieux geré sans se fatiguer, on a tous les secteurs cqui prennet eau de toutesparts.. oui mes amis, nous sommes sur un bateau que les"rais" sabordent de facon consciente et premeditee!!!

avatar
karim haddad

a dhi rham rebbi el waldinikh a monsieur chekri.... un adage algerien dit ceci:

ne crains pas le repu si un jour il devient affamé

mais carins surtout l'affamé si jamais un jour il est repu et.. detiens le pouvoir!!!

et c'est ce qui est arrivé a l'algerie où de minables cretins ignares, gueux et affamés ont detenu le pouvoir de 1957 et surtout 1962/1965/1980/1999 a cejour.... $.. maitre ali yahya a dit un jour que l'algerie avait plus de 15000 docteurs d'etat mais qu'aucun president n'avait son bac!!

tout est la en plus des harkis devenus generaux que degaulle a laissé en algerie au niveau des deux frontieres!!

visualisation: 2 / 7