Sauver l'Education en Algérie

Le département de l'Education nationale a brillé par son silence sur la fraude au Bac.
Le département de l'Education nationale a brillé par son silence sur la fraude au Bac.

Fait inédit dans les annales du baccalauréat : pour s’insurger contre l’introduction de questions dont le sujet "n’a pas été révisé par certains candidats trompés par les réseaux sociaux", des milliers de candidats à cet examen décisif (filière lettres et philosophie) ont protesté, créant une anarchie ayant perturbé le déroulement des épreuves dans des centres d’examen de plusieurs wilayas. Alors que tous les médias, syndicalistes, administrations société civile se mobilisent pour dénoncer des cas de fraude au bac général, personne n’entend parler d’un autre Bac pour sauver le bac en Algérie.

Une tricherie générale a suivi ces actes de protestation. La manifestation de colère s’est faite dans certains cas «de façon très violente», qui dénoncent la fuite en avant de la tutelle. La question que se pose tout le monde c'est comment et pourquoi on est arrivé à ce stade de tricherie générale, tout enseignant, parent d'élèves, élèves ou simple citoyen à qui vous poserai cette question rira et vous dira que cela a commencé depuis longtemps et que cette année n'est qu'un aboutissement car l'impunité et la fraude qui sont monnaies courantes au niveau de la société viennent d'atteindre l'éducation et le bac, seul examen encore crédible au niveau national.

Comment en sommes-nous arrivés là

La première raison est sans doute la démission des parents qui ne cherchent qu'à voir leurs enfants réussir quelque soit le prix. Après avoir accepté pour leur enfant un seul échec possible l'examen du baccalauréat et cela avec la complicité de tout le monde: administration, enseignants et tutelle les voilà aujourd'hui demandés plus ,ils demandent l'impunité pour la fraude et la souplesse lors de la cet examen. Le résultat s'est répercuté sur leurs enfants qui refusent aujourd'hui de ne pas pouvoir répondre à un sujet car après avoir fraudé depuis les trois années de leur cursus secondaire dans l'impunité ils sont arrivés à menacer leurs enseignants même à l'arme blanche pour frauder. La fraude est maintenant justifiable à tous les niveaux.

La deuxième raison est la tutelle qui a toujours faiblie devant tous les caprices des élèves d'abord en instaurant un seuil des programmes interminables et un choix de sujets non pédagogique. A ces derniers, la tutelle a dressé des lois comme le refus de l'exclusion de l'élève même si ce dernier est perturbateur, les conseil de discipline se font de plus en plus rare ou inexistant. A l'intérieur des établissements, nous voyons circuler tous les maux de la société tel que les cigarettes, les armes blanches, les drogues, des tenues vestimentaires non conformes avec la complicité des parents qui refusent tout reproche à leur enfant, les élèves circulent en écoutant de la musique même en classe et tout cela avec la bénédiction de l'administration et de la tutelle, la discipline a disparue car on a confisqué le devoir pédagogique à l'enseignant. Les enseignants n'ont plus les moyens de contrôler leurs élèves. Dans les établissements nous assistons à des classes sélectionnées où l'on trouve dans chaque établissement des classes dites classes de fils d'enseignants alors qu'en réalité on ne trouve pas uniquement des enfants de professeurs mais aussi ceux des notables villes et villages.

La troisième raison est liée aux cours particuliers. Un phénomène qui au lieu d'aider à développer l'éducation est devenu une gangrène à l'éducation, car mal exploité par l'élève lui- même et les parents. L'élève a beaucoup plus confiance aux cours particuliers non contrôlés qu'à son professeur à l'école et toujours avec la complicité du père. Je ne veux pas ici développer les méthodes mesquines et les conditions de ces cours que tout le monde connait.

La quatrième raison est l'enseignant ; celui-ci est toujours accusé car c'est le noyau faible de l'éducation et sur qui tout repose. Si les résultats sont bons c'est grâce à l'administration s'ils sont mauvais c'est à cause de l'enseignant. Mais où commence et s'arrête sa responsabilité. Ces dernières années nous avons assisté à une ségrégation de classes et de professeurs ; donc certains profs héritent de classes difficiles d'autres non. Tout le monde vous dira qu'il est impossible de donner un enseignement correct à des classes de plus de 40 avec un niveau souvent faible ou moyen. Donc c'est dans des conditions désastreuses que l'enseignant exerce son métier sans aucune assistance. Aujourd'hui il est souvent insulté, agressé et malmené par des devoirs administratifs que la tutelle peut s'en passer. L'enseignant est lancé dans le bain sans aucune formation et le résultat s'est ressenti cette année avec l'augmentation de la violence dans l'éducation.

La cinquième raison est l'élève ; celui-ci a été éduqué à ne pas connaitre l'échec et pour réussir tous les moyens sont bons car il est issu d'une société où la corruption, la fraude et l'impunité sont des faits quotidiens. Alors comment peut-on inculquer à cet enfant les devoirs et les droits ? Pour les droits c'est devenu un champion mais en ce qui concerne les devoirs il les refuse, il trouve comme excuse les représentants du peuple qui ne les appliquent pas et vivent dans l'impunité. Ainsi la tricherie générale du bac cette année en sera la preuve puisque l'impunité pourra être appliquée là aussi.

La sixième raison est la réforme de l'éducation appliquée sans aucune étude ni de moyens adéquat pour sa réussite comme des classes à moins de 25 élèves, des ordinateurs et des calculatrices programmables à chaque élève ; ajoutez à cela la non-formation des enseignants ainsi que le manque de moyens des enseignants pour leur permettre de s'acquitter correctement de leur fonction.

Aujourd'hui, la situation est compliquée et chacun doit se remettre en cause car nous sommes tous responsables au moins par notre silence. L'éducation crie au secours et c'est la moelle épinière de toutes les sociétés développées donc ne lésinons pas sur les moyens et investissons au moins une fois sur l'homme. L'une des premières priorités est de revoir et satisfaire les revendications légitimes sur le statut particulier de l'éducation.

La seconde priorité est celle de la réforme ainsi que celle du baccalauréat. La troisième c'est de rendre la pédagogie à l'enseignant seul apte à enseigner et éduquer. La quatrième est de refonder le système éducatif. La cinquième est de combattre l'impunité dans tout le pays.

Hakem Bachir professeur de mathématiques au lycée Colonel Lotfi d'Oran

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Commentaires (18) | Réagir ?

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Ydyr At Dahmane

Azul,

Mis à part le mérite de soulever l'immense problématique de l'éducation et de l'enseignement, cette contribution prend, à mon sens, le sujet par le mauvais bout.

En lieu et place des facteurs qui ont conduit au désastre éducatif actuel, l'auteur énumère quelques conséquences du "système" éducatif algérien présentés comme étant les sources de cette risée de l'éducation mondiale.

Reprenons ces points à la volée :

- LES PARENTS des élèves et étudiants actuels sont eux même le produit de l'école algérienne "réformée". Les parents d'élève des anciennes générations, non pervertis par ce système et par les valeurs corrompues de l'Algérie indépendante officielle, n'ont plus d'enfants sur les bancs de l'école depuis plusieurs dizaines d'années déjà.

- Inutile d'incriminer LA TUTELLE; ceux qui l'ont mise en place eux même ne lui font pas confiance. Jamais la tutelle de la tutelle ne permettra que ses soient enfants soient soumis à l'institution d'endoctrinement d'abrutissement, d'endoctrinement et de fanatisation qu'ils ont mise en place.

- Il est étonnant d'entendre dire que l'un des facteurs de la situation actuelle de l'"école" est le SOUTIEN SCOLAIRE. Mis à part en Algérie, le soutien scolaire est sensé aider de rares élèves qui, pour une raison ou autre, n'arrivent pas à suivre le cursus normal. En Algérie, c'est devenu une alternative des privilégiés au point que notre contributeur se méprend sur le rôle du soutien scolaire.

- Pour ce qu'est de l'ENSEIGNANT et de l'ELEVE, inutile de dire qu'ils sont tous les deux victimes et produit de ce système et de des valeurs dont le charge de diffuser. L'enseignant qui a été formé dans les schémas les plus tordus de la réformes scolaires, dans une langue étrangère (morte de surcroit) qui venait de remplacer une autre langue étrangère (mais vivante, du moins), ne peut que reproduire les mêmes schémas tordus,... et tout le mépris de sois qui va avec : mépris de sa personne, de son entourage, de sa langue, de sa culture, de ses valeurs, de la sainteté de la terre de ses ancêtres à laquelle il préfèrent les horizons chimériques lointains, ...

- Pur ce qu'est des MOYENS, il est vrai que leur disponibilité est un atout là quand ils sont réellement utilisé pour améliorer l'enseignement. Par ailleurs, comparativement à l'école aux années 1960-70 qui a produit des élites techniques, conscientes de leur rôle dans la société, l'école d'aujourd'hui a vu ses moyens démultipliés mais, paradoxalement, ne produit presque que des tubes digestifs, des déracinés, des manipulables à souhait, quand ils ne versent pas carrément dans le terrorisme repentisme re-terrorisme.

De mon point de vue, il n'y a pas de problème de l'école en Algérie. L'école qu'on a aujourd'hui est celle que ceux qui nous ont privé de la liberté l'été 1962 voulaient; et ils l'ont eu, leur école. Elle n'est ni une malédiction ni le résultat d'un cataclysme. Autrement dit, l'école "algérienne" d'aujourd'hui n'est pas celle qu'ont choisie les algériens (qui n'ont jamais rien choisi). Cette école est celle que les usurpateurs de nos libertés ont choisie, mais pour nos enfants seulement, pas pour les leurs. Et vous comprendraient bien que ces gens ne choisissent que les schémas qui les maintiennent au pouvoir, à long terme. Ces gens se retrouvent parfaitement dans cette école incapable de former des élites qui défendraient les intérêts du pays et des ses peuples contre leur illégitimité, leur voracité et leurs trahisons de plus en plus assumées. Ces gens ne permettront jamais à leurs enfants de s'approcher à 3000 kilomètres à la ronde d'une école algérienne.

Sinon, qu'est ce qu'ils pouvaient bien reprocher à l'école des années 1960, débuts des années 1970 mise à part sa réussite à former des citoyens responsables, conscients socialement et politiquement, compétents dans leurs domaines ? Qu'est ce que les confiscateurs de l'indépendance pouvaient bien reprocher à l'école de ces années là si ce n'est d'avoir commencer à régénérer les élites du pays décimées par les purges de la fin de la guerre anticoloniale, des liquidations de l'été 1962, de la terreur et des crimes politiques benbello-boumedyeniens ?

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Mouloud FEKNOUS

Qu'il y ait fraude ou refus de passer une épreuve sous prétexte que le cours n'a pas été donné, quoi de plus normal?

L'école algérienne est dés le primaire est un centre d'abrutissement, ou l'on apprend plus à ânonner qu'a raisonner, à insulter qu'a débattre, en un mot elle transforme un enfant en un zombie malléable. De plus, elle n'a jamais été conçue pour former et répondre au marché du travail; on dé-forme les esprits, on distribue des diplômes qui n'ont plus aucune valeur; surtout on ne distingue plus les bons éléments des mauvais, ils ne sont pas différenciés et les tocards sont valorisés.

Ma femme qui est prof dans une école d'ingénieurs en France a donné un ZERO à un étudiant venu pour un master "TBESNISS "a vu un conseiller, ou prétendu comme tel, du consulat de Lyon venir lui dire qu'un ingénieur ne peut pas avoir zéro avec une morgue et une suffisance déconcertante.

Dans les années quatre vingt, les boursiers algériens (les meilleurs sont répartis) étaient traités comme des chiens au Ministère dirigé par Mr Brerhi, ils donnaient l'impression de quémander. il est vrai que beaucoup ne pensaient en ce temps qu'au déménagement, une bourse à l'étranger pour beaucoup était une opportunité de se payer une voiture etc.... Tout le système est basé sur du HEFF, du vent !!!!!

L'Université Algérienne et, le diplôme algérien avait de la valeur malgré les insuffisances, le politique qui recherche plus la tranquillité a transformé les écoles et les universités en crèches avec à la clé un titre pompeux certes mais inutile, il n'ouvre aucune possibilité !!!!!

Le cerveau des algériens a été stérilisé même Menguele n'aurait pas réussi ce coup de maitre. Il est donc normal que les candidats au bac se rebiffent, ils avaient l'assurance de sujets faciles, d'une zerda à la clé et advienne que pourra ensuite !!!!! Bled ezzred.

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