Par Bachir Dahak

Désormais, à chaque fois que des citoyens algériens veulent exprimer ce qu’ils pensent de la corruption, du népotisme, de l’affairisme ou de l’incompétence de leurs institutions ils se trouvent face à ces réseaux de vassalité qui surenchérissent inconsidérément à propos des qualités de notre gouvernance. Et à chaque fois ce ne sont pas les institutions algériennes elles mêmes qui réagissent puisqu’elles savent pouvoir compter sur ces soldats errants, dont Mme Rech est un parfait exemple, qui ne comprendront jamais le mal qu’ils font aux algériens en applaudissant les autorités  et en couvrant d’opprobre ceux qu’ils désignent avec dédain « les opposants ».

Mais diable pourquoi donc les Algériens, comme tous les autres peuples du monde, n’auraient pas le droit d’adopter la posture de l’opposition pour attirer l’attention sur les dérives de leurs gouvernants ? Pourquoi critiquer leurs attitudes morales et honnêtes lorsqu’ils assistent, impuissants, au dépeçage de leur pays par des clans qui ne se préoccupent pas de l’avenir immédiat de leur peuple ?

Pourquoi vouloir reproduire le schéma des années soixante lorsque les partis de gauche et les syndicats français critiquaient si peu les nervis de l’Amicale des Algériens en Europe qui, pourtant, terrorisaient les travailleurs algériens s’ils se rapprochaient des groupes de l’opposition algérienne ? C’est ainsi qu’à Marseille, Paris, Lyon ou Montpellier les opposants algériens rencontrent immanquablement ces « idiots utiles » qui s’interdisent toute critique de l’Algérie et vont jusqu’à devenir plus royalistes que le Roi y compris lorsque tout, absolument tout, justifie la critique et l’indignation.

Je ne veux pas revenir encore une fois sur ce malheureux retraité algérien qui s’est fait agresser dans les locaux de notre consulat mais je veux le retenir comme un symbole vivant de ce soliloque dramatique auquel se livre le pouvoir algérien, comme un signe révélateur d’un non État de droit érigé en système.

Ce sont ces situations inhumaines qui salissent l’honneur de mon pays et de mon peuple et c’est pour cela que vous ne m’empêcherez pas, Mme Rech, de clamer ma colère.

Continuez donc à défendre l’Algérie officielle, continuez à chérir celle des officines et des coulisses mais prenez garde à ne pas être encore une fois en retard de quelques guerres. Mais de grâce, Mme Rech, laissez-nous croire encore au grand soir malgré l’âge, laissez-nous croire que dans un temps proche, les Algériens puissent voir défiler devant la justice de leur pays la longue liste des corrompus, des corrupteurs, des voleurs, des parrains, des commanditaires mais également des larbins minables que vous fréquentez assidûment, qui abusent de leur pouvoir  en creusant, chaque jour un peu plus, le fossé qui les sépare des citoyens.

Pour ne pas vous laisser sans réponse à propos de qui semblait vous préoccuper plus que l’agression d’un chibani algérien, je tiens à votre disposition plusieurs photos du stand de Tlemcen désespérément vide et fermé. Et puis pourquoi ne pas vous rappeler enfin que lorsque vous étiez face au jus d’orange de Carrefour et la boîte de dattes tunisiennes, je participais à la manifestation organisée par l’Association France-Palestine (AFPS 34) pour condamner l’attitude honteuse de la mairie de Montpellier qui voulait stigmatiser la ville de Bethlehem en refusant de hisser  le drapeau palestinien comme celui des autres villes jumelées.

J’avais même adressé une lettre au maire de Tlemcen lui demandant d’annuler sa participation si le drapeau palestinien ne flottait pas au même titre que celui des autres villes jumelées.

Vous voyez bien, chère Mme Rech, que nous ne risquons pas de nous entendre.

B. D.

http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2012/07/25/article.php?sid=137108&cid=41