Ahmed Benbitour : "Je suis prêt à des présidentielles anticipées"

Ahmed Benbitour, candidat à la présidentielle 2014.
Ahmed Benbitour, candidat à la présidentielle 2014.

Dans un entretien accordé mardi 28 mai, à la web radio Maghreb émergent, Ahmed Benbitour a déclaré qu’il était prêt pour l’éventualité d’une élection présidentielle anticipée, tout en renchérissant que le plus tôt s’est, mieux cela vaudrait pour le pays.

Dans cet entretien, Ahmed Benbitour considère que la probabilité que les élections puissent se tenir, en 2014, est relativement faible. Il estime qu’il est souhaitable qu’elles se déroulent par anticipation au courant des mois de novembre ou décembre 2013. En avançant l’argument que l’on ne peut plus continuer à faire fonctionner le système tel qu’il est en train de fonctionner, c’est-à-dire sur la base d’une vacance du pouvoir, qui dure depuis plus d’un mois déjà ! Dans cette perspective, il précise que cela est même profitable pour le pays car, pour le changement du système de pouvoir, le plus tôt serait le mieux, même s’il considère que l’idéal, pour sa candidature, serait que les présidentielles puissent se tenir normalement, comme prévu, en 2014. En s’appuyant sur la même logique qui anime sa mise en garde contre le danger qui guette notre société si l’on ne change pas le système de pouvoir dans l’immédiat. Une mise en garde, qu’il ne cesse de répéter inlassablement à chaque occasion, que ce soit face à la presse ou à ses auditeurs dans les conférences débat, qu’il est en train de dispenser tout le long de son périple dans les villes, à travers le territoire national. Il dira en substance : "Nous avons des preuves scientifiques que le pays est en train d’aller à la dérive, si le système de pouvoir ne change pas au plus tôt."

Sa mise en garde va aussi aux tenants du pouvoir, qu’il exhorte de partir le plus tôt possible, dans leur intérêt, pour leur propre sécurité et de faire en sorte que le changement se fasse sans violence, de façon organisée, en saisissant l’occasion des élections de 2014, qui se présente comme une fenêtre d’opportunité pour tous. Pour le sauvetage de l’Algérie, en premier lieu, de tous les dangers qui la guette : la dérive qui tendrait vers la déliquescence pour mauvaise gestion et la corruption qui gangrène ses finances, pouvant provoquer son effondrement à court terme. Ensuite, le danger qui guette la paix civile et le lot de destruction et de violence qui s’en suivra, par une très probable implosion de la société, si la situation reste dans l’état. Et surtout, pour leur propre sauvetage, car le monde aujourd’hui a changé et ils n’auront plus d’espace de repli pour s’y réfugier, s’ils seront amenés à fuir le territoire national en cas où la situation se dégrade, ainsi que pour les avoirs qu’ils ont placé à l’étranger, dont ils ne pourront pas compter bénéficier, car acquis illégalement. Par ailleurs, s’appuyant sur les expériences des révolutions arabes, il précise que le fait nouveau est, que lors d’un soulèvement populaire, les forces de répression soient elles se mettent dans une posture de neutralité positive, soit, elles se mettent carrément du côté du peuple. Cela implique le fait que la peur aujourd’hui est du côté du pouvoir et non du côté de la population. C’est pour tout cela, qu’ils auront intérêt à partir avant qu’il ne soit trot tard pour eux et pour l’intérêt de la Nation.

Il considère, qu’il n’y a pas une autre alternative possible pour le sauvetage de cette situation de dérive, qui devient de plus en plus intenable. Car, la situation politique, telle qu’il l’a présente, "se caractérise par l’émiettement du pouvoir d’un côté et l’émiettement de l’espace politique de l’autre, donc, il ne faut pas s’attendre de l’espace politique actuel un quelconque changement." Dans cette perspective, il ne s’agit pas de changer le personnel politique, mais il y a urgence à changer tout le système de gouvernance. Car, le changement ne peut venir ni du système, ni de tout ce qui est sous son contrôle, c’est pour cela que le recourt à l’innovation est l’unique solution. Dans sa vision, il s’agit de construire un nouveau mouvement politique, sur la base de l’innovation en matière d’organisation du travail politique. En précisant que, pour réaliser le changement, trois facteurs sont nécessaires : une mobilisation pacifique de la population pour réclamer le changement, une alliance stratégique entre les forces qui appellent au changement, et de s’appuyer sur un facteur déclencheur, comme les présidentielles de 2014 par exemple. 

Il est allé dans cet entretien, au dévoilement de sa stratégie dans les moindres détails. Il dira en substance : «pour l’organisation du changement du système, on a besoin de trois données fondamentales : la 1° est une large mobilisation de la population, d’abord pour soutenir le programme, ensuite d’être là pour travailler à sa réalisation, 2° il faut s’assurer d’avoir les meilleurs instruments, les meilleurs outils et les meilleurs mécanismes pour la mobilisation pour arriver au pouvoir, ensuite pour la réalisation du programme, 3° élément important, c’est la sécurisation du processus contre le reflux et contre le statu quo.» Pour rendre plus crédible encore sa démarche, il fait appel à des personnalités d’appuis, c'est-à-dire des personnalités qui représentent une caution morale dans la société, localement et qui soient d’accord avec le programme et avec l’équipe qui veut le réaliser. C’est ce qu’il est en train de faire en sillonnant tout le territoire national. Détaillant encore plus son action, il précise que "nous avons créé des cercles de soutien dans les wilayas, dans les communes et dans les quartiers, qui seront le fer de lance de la mobilisation." Aujourd’hui, il est entré dans la phase de formation d’un certain nombre d’agents pour savoir contrôler le processus du scrutin, du vote lui-même, et d’être capables de donner les vrais résultats. En considérant, qu’avec une notoriété, une mobilisation de la population, s’il y aura une fraude, cela posera de vrais problèmes à ceux qui ont procédé à la falsification, si celle-ci est dénoncée sur la base de preuves indéniables. L’étape prochaine de sa stratégie consiste à mobiliser les moyens pour entrer dans la campagne électorale lorsqu’elle sera ouverte officiellement. Par la modestie que l’on lui connaît, Ahmed Benbitour se garde de tout triomphalisme, en mettant en garde ses collaborateurs et ses soutiens, que "si nous arrivons à notre objectif en 2014, tant mieux, dans le cas contraire, le mouvement politique ainsi créé sera toujours là pour défendre le programme du changement et de défendre les moyens pour réaliser ce programme sur le long terme, pour les échéances à venir. Parce que le programme ce n’est pas une personne, c’est tous ceux qui y adhèrent."

Contre le doute de savoir si le peuple est vraiment disposé à se mobiliser pour participer au changement ! Sa réponse fut sans détour : "Bien sûr, les gens veulent le changement, mais on ne leur proposent pas des perspectives sérieuses de changement. C’est pour cela que nous insistons, que nous voulons mobiliser la population autour d’un programme et non autour d’une personne. Lorsque l’on parle d’un programme, il faut définir un objectif, des moyens pour le mettre en œuvre et il faut mobiliser les gens autour de cela, c’est ce que nous sommes en train de faire." En fait, c’est en 2009, qu’il a commencé à travailler sur le projet de changement du système de pouvoir avec ses collaborateurs, en créant le site Jazaïr Al Izdihar, pour innover en matière d’organisation du travail politique, en s’appuyant sur l’internet et les réseaux sociaux comme moyens de mobilisation de la jeunesse. Toute sa perspective de conquête du pouvoir repose en fait sur la mobilisation de la population. C’est pour cela qu’il est confiant, s’il est amené à agir en conséquence d’une annonce précipitée des élections. Parce qu’il estime, que le fait qu’il a commencé à se préparer avec ses collaborateurs depuis longtemps déjà, cela lui a donné une avance sérieuse. Car, son dispositif avec ses cercles de soutien est déjà là et il travaille.

Cependant, la difficulté que peut rencontrer cette alternative de changement du système de pouvoir, qui se déploie devant nos esprits, tel un rêve éveillé, serait de faire croire à la population algérienne que le changement est possible. Surtout lorsque l’on n’a jamais connu autre chose depuis cinquante ans. Comment peut-on s’imaginer vivre dans un véritable Etat de droit, sous un régime démocratique, lorsque l’on a vécu pendant cinquante ans sous un régime autoritaire, totalitaire, centralisé, en somme, une dictature militaire ? Surtout après s’être émancipé d’une situation coloniale qui durait depuis 132 ans et qui nous confiné dans un statut infra-humain. C’est comme si l’on transposé ces questions à l’aube du XX° siècle et se dire : comment aurait-on pu croire que l’on puisse un jour voler, alors que l’homme était figé au sol par la force de l’apesanteur depuis la nuit des temps ? Pourtant, d’autres y croyaient et s’acharnaient à faire voler des engins mécaniques, qu’ils essayaient de construire avec la force de leur détermination, leur volonté et leur ingéniosité. Et, pourtant ils ont réussi à atteindre leur rêve et faire voler l’Humanité. C’est vers l’accomplissement de notre rêve de liberté et de prospérité, qu’Ahmed Benbitour, avec son projet de changement du système de pouvoir, voudrait nous faire voler. La tâche la plus difficile cependant, à laquelle il se trouve confronté, c’est de nous convaincre de l’accompagner vers cet objectif commun. De faire barrage ensemble à tous les ennemis de la liberté et de la justice de nuire à son programme. Faire barrage à ces ennemis de la prospérité du peuple, ceux-là qui sont agrippés comme des charognards autour de la rente, sans vergogne, ni dignité.

Youcef Benzatat

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Commentaires (11) | Réagir ?

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MasNsen

Bonjour,

est-ce un oubli ou délibéré?

J'ai fait une réponse le 1er jour de la parution de cet article et je constate qu'elle n'a pas été publiée!! (?)

Cordialement,

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Mokrane Chelghoum

Pour gouverner l'algerie il faudra être un compétent pas un HAAR ; il faudra maitriser les trois langues populaires de l'algerie : le kabyle berbère est fondamentale ; l'arabe classique est important ;mais également la langue de moliere (françaouia). Car, dans le cas contraire vous etes manipulé par les uns et les autres, la partie berberophone vous indique la direction de SAINT AUGUSTIN ; les arabophone vous attirent ou vous orientent vers l'orient musulman ; sans oublier les manipulateurs francophones qui vous dirigent vers PARIS ET L' Elysée. Boumediene avait perdu la tete , il ne savait pas où aller ! Bouteflika c'est pareil ; ne comprenant pas le kabyle il se fait manipuler selon les interets de certains. La bagarre a commencé bien avant l'independance de l'algerie ; les tetes pensantes revolutionnaires et competentes ABBANE RAMDANE, AMIROUCHE, ET autres ont été executés dans la confusion et l'opacité generale par une horde de fanatiques mediocres soient disant nationalistes ; cela ressemblerait à ce qui s'est produit pour les moines de Tibihirines executés par des malades charlatants se pretendants musulmans ; quelle honte de faire ça ; c'est un crime de l'ignorance et de la barbarie. L'algerie mon pays souffre de la maladie de l'ignorance aveugle, ce qui fait des charlatants de tout genre executent à tour de bras l'intelligensia algerienne. Nous sommes gouvernés par des charlatants fanatiques ne connaissant rien aux données de la société algerienne ;Boumediene ou bouteflika ou chadli sont incompetents ;ils ne savent pas la langue kabyle et par consequent ils sont manipulés pour tuer ou arreter l'intelligensia kabyle. Ils ne veulent pas rehabiliter la memoire de abbane et amirouche et autres combattants de la liberté parce que ils ignorent completement le monde kabyle. Ils confondent tragiquement l'islam comme religion et philosophie avec le nationalisme arabe et l'artabité ; l'algerie a besoin de son intelligensia competente pour corriger toutes les injustices de son histoire ;il faudra donner le pouvoir aux algeriens competents.

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