Benchicou au quotidien Libération : "Je crains que la pièce prenne un tour tragico-burlesque"

Mohamed Benchicou.
Mohamed Benchicou.

Mohamed Benchicou, revient, pour le journal français Libération, sur les scénarios d’un après-Bouteflika et explique le silence des autorités.

Pourquoi, selon vous, n’arrive-t-on pas à savoir ce qui se passe dans l’entourage du Président ?

Il s’agit d’une communication entièrement tenue par Saïd, son frère. Rien ne transpire, rien ne sort. C’est le silence. On ingère, pour expliquer l’Algérie, des schémas utilisés dans les démocraties occidentales. Mais l’Algérie n’est pas une démocratie. C’est une autocratie, et dans une autocratie il n’y a pas de transparence.

Pensez-vous que les Algériens attachés à la République sont amers devant cette fin de mandat qui tournerait au népotisme familial ?

Certainement, mais ce ne sont pas les hypothèses vers un plus de démocratie qui se dessinent. Je lis des propos, des schémas, des constructions, dont je doute de la réalisation, car nous ne sommes pas en état d’alternance. C’est un silence qui s’explique. Car le président n’est pas choisi par le peuple.

Pourquoi devoir lui rendre des comptes ?

C’est un jeu, un système, un groupe de décideurs qui propose un homme. Dès lors, pourquoi vouloir jouer la transparence ? On le voit chaque jour : le pouvoir et la population se tournent mutuellement le dos en Algérie. Je persiste sur mon idée, le peuple n’a rien à voir avec l’élection.

Que reprochez-vous surtout aux années Bouteflika ?

Au-delà de mon cas personnel, c’est d’avoir déconstruit l’économie. Un travail patient, acharné, qui a consisté à tout mettre à bas. De s’être totalement reposé sur la rente, d’avoir laissé filer la corruption à grande échelle. Et, quand cette corne d’abondance va s’arrêter, que va-t-on faire de ce pays ? Au fond, le silence d’un Président qui n’est pas apparu en public depuis la mi-décembre dit une chose : le pays n’a pas besoin de président. Et, ensuite, que la maladie qui le touche n’est pas handicapante pour le pouvoir. Ce qui nous est donné à voir, c’est un système et l’illusion d’une structure démocratique. Que va-t-il se passer ? Ce qui semble se jouer, du moins pour encore un moment, c’est une pièce en deux actes : le Président, requinqué, apparaît sous le maquillage d’un homme qui se rétablit. Puis retour du même dans du coton hydrophile imbibé de chloroforme. Je crains que la pièce prenne un tour tragico-burlesque.

Le nom de Lamine Zeroual revient avec insistance. Vous y croyez ?

L’alternative Zeroual doit se lire dans l’hypothèse d’un gouvernement de salut national, c’est ce qu’avancent les militaires et les services. Mais leur but est de gagner du temps. Entretenir le flou et prolonger le Président, c’est l’assurance de l’impunité. Sa fin, c’est en revanche le risque de voir venir le temps des règlements de compte, de voir la justice se saisir des affaires qui dormaient, et des têtes tomber. Je crains que la violence ne ressurgisse dans le pays.

Entretien réalisé par Jean-Louis Le Touzet/Libération

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Commentaires (18) | Réagir ?

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karim haddad

a oziris dzeus

pourquoi tout ce panegeryque et cette pommade pour zeroual??? vous oubliez une chose tres importante: c'est que lui comme tous les autres sans exception ont accpété d'etre PLACES par le drs sans la veritable legitimité qui est celle du peuple cher monsieur.. a part ait ahmed tous les autres y compris monsieur boudiaf, ont accépté la politique du squatt et du fait accompli militaire!!!

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oziris dzeus

Monsieur Zeroual ne fait parti d'aucun clan. Zeroual aurait pu devenir dictateur (les dictateurs avaient bonne réputation jusqu'en 2010) et s'imposer comme empereur s'il était fait comme les autres. Mr Liamine Zeroual est exceptionnel. Il est de la catégorie des, Mandela, Walesa, Adenauer, ou Eisenhower. Des patriotes sincères, honnêtes, dévoués à leurs patries respectives. Zeroual n’a été ni Pinochet ni Salazar ni Mussolini. Et il aurait facilement dominé tous ces pourris politiques et autres affairistes, et faire ce que bon lui semble et tout le monde se serait mis a genou et a plat ventre devant lui. Mais Zeroual est un homme d’honneur, ni méprisant, ni haineux, ni arrogant. Zeroual ne fait parti d’aucun clan. L’histoire retiendra qu’un certain boutef a refusé en 1993/1994 d’assumer la haute fonction pour aider à mettre l’Algérie à l’abri du chaos et il quitta l'algérie vers le golf chez ses émirs; et une fois que les choses revenaient à la normale et l’Algérie se remettait debout, le clan de malheur se mit en branle et boutef est devenu le chef de tout pour rediriger l’Algérie vers le chaos. Non Zeroual ne fait parti d’aucun clan. Zeroual a cru qu’il y avait encore dans cette Algérie, des Boudiaf, des Abane, des didouche, des Benmehidi, des Hassiba, des malika, des Bouhired. En 1998 il ne restait en algérie que des opportunistes et des hypocrites alors il est rentré chez lui, trahi et dégouté.

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