La maladie de Bouteflika, un non événement

Bouteflika.
Bouteflika.

Qu’il soit dans un état comateux ou qu’il soit en convalescence, Bouteflika mourra en enfant du système. Il aura droit à des funérailles, comme ils disent, nationales. Et devant la lâcheté des uns et la soumission des autres, sa succession passerait comme prévue, perpétuant ainsi la tradition usurpatrice instituée par un système honni.

La maladie de Bouteflika est donc un non évènement. Tout Algérien authentique devra se sentir indifférent à cette hospitalisation parisienne. Car, il y a plus urgent que cette incapacité, ou convalescence présidentielle. Il y a le système autocratique, et surtout illégitime à déboulonner. Mais face à tant de lâcheté, à tant de faiblesse et à tant de trahison, la voyoucratie algérienne a de beaux jours devant elle. Evidemment elle se perpétue par le mensonge, la fausse promesse et la réforme chimérique.

Cela se manifeste par un état des lieux macabre qui touche tous les secteurs. En effet, il demeure de tout le temps urgent de réformer le secteur de la santé qui fait des hôpitaux du pays de véritables mouroirs. Tandis que des malades, enfants du peuple, souffrent le martyr dans ces mouroirs algériens, le système, vantant toute honte bue une réforme hospitalière mise au devant par ses soins, envoie son président se soigner chez les militaires français. Oui les mouroirs du pays c’est pour les enfants du peuple et les cliniques parisiennes c’est pour les enfants de la nomenklatura.

Il reste toujours impératif de venir au bout de ce système éducatif qui fait des enfants du peuple des analphabètes en dépit da la richesse linguistique, culturelle et artistique du pays. Tant dis que des lycées, enfants du peuple, n’arrivent pas à s’exprimer correctement dans une langue qu’elle soit maternelle, nationale ou étrangère, les bambins de la nomenklatura, bien qu’ils soient en bas âge, s’expriment parfaitement dans la langue de Molière quand ils sont invités aux émissions de la chaîne III. Oui l’école publique, exigue et avec des programmes médiocres, c’est pour les enfants du peuple, cow boys d’un laboratoire à ciel ouvert. Les écoles privées, huppées et avec des programmes de haut niveau, c’est pour les enfants gâtés de la nomenklatura, futurs princes et roitelets.

L’urgence aussi c’est cette université malade qui, à la place de former, elle déforme. Il faut alors créer l’événement pour soigner tous les campus. Il y a également cette corruption galopante qui fait saigner le trésor public. Il est temps alors de la dénoncer haut et fort, voire la combattre sans relâche. Encore, il y a cette justice dépendante qui fait que seul l’enfant du peuple est justiciable. Ceux de la nomenklatura ne sont jamais inquiétés en dépit de leurs flagrants délits. Qu’attend-on pour les soumettre à la droiture populaire ? Il y a ces télévisions aux ordres qui pervertissent même le sens de service public. Alors pourquoi ne pas les réapproprier en toute urgence ? 

Mais plus urgent, c’est ce verrou qui renferme les champs politique et médiatique qu’il faut sauter. Ce double verrouillage constitue le danger majeur, car il empêche l’émergence de tout enfant du peuple, sincère et intègre. Par contre, il balise la voie de l’ascension aux rejetons de la nomenklatura, imposteurs, corrompus et corruptibles. Et cela se vérifie à chaque fois qu’il s’agit de l’accession à la suprême fonction présidentielle. En dehors des enfants du système honni, aucune personne quelles qu’elles soient ses compétences et son intégrité, n’a pu occuper cette haute fonction. Matoub l’a bien dit dans sa version kabyle de kassamen "Amsdrar ulahakem ghas yaghra yazwer", l’enfant du peuple ne pourra accéder au pouvoir quel qu’il soit instruit et compétant. 

Alors le seul événement majeur qui devra intéresser tout algérien intègre c’est comment fédérer les efforts pour vaincre la lâcheté, venir au bout de ce système usurpateur et par conséquent parvenir à refonder l’Etat algérien. Et pourquoi pas dans une version fédérale qui garantit les droits, qui assure le libre choix, qui respecte la diversité et qui favorise l’autonomie des régions. 

Zoubir Zerarga

Plus d'articles de : Éditorial

Commentaires (5) | Réagir ?

avatar
Atala Atlale

Espérons qu'il renoncera - en raison de son état de santé - à continuer à assumer ces charges de Président de la république dém... et popul..., qu'il aura assez d'énergie et de courage pour annoncer son retrait, de proposer l'organisation des présidentielles cette année, et qu'une nouvelle république puisse enfin voir le jour pour une vraie démocratie et un ÉTAT DE DROIT ET SURTOUT UNE JUSTICE INDÉPENDANTE ! sinon il y aura un péril potentiel en cas de continuité de cette immense gabegie qui n'en finit pas !

avatar
Khalida targui

l'urgent c'est de fabriquer des opposants pour prouver qu'il y a un peuple, vous avez raison monsieur Laid Baid, les pseudos opposants ne bougent que sur ordre du DRS, faut faire semblant quoi devant les etrangers

visualisation: 2 / 5