La surenchère d’appel à mobilisation relève d’un déficit de patriotisme

Ahmed Benbitour, candidat à la présidentielle 2014.
Ahmed Benbitour, candidat à la présidentielle 2014.

Toute multiplication des candidatures à la présidentielle de 2014 est contreproductive pour sauver l’Algérie. Les forces du changement doivent constituer un front commun pour venir à bout d’un système de pouvoir démesuré et non pas s’affronter pour s’affaiblir et se neutraliser réciproquement.

L’Algérien aujourd’hui est confronté à l’absence de toute perspective politique, économique, sociale et culturelle. Le système de pouvoir, mis en place depuis l’accès à l’indépendance nationale, n’a réussi à atteindre aucun de ces objectifs. L’Algérie aujourd’hui est toujours sous-développée économiquement, socialement, politiquement et culturellement. On ne peut que constater la dégradation de sa cohésion et l’absence d’un lien social impossible à construire à défaut d’un objectif commun, cimenté autour d’un intérêt national et une gestion rationnelle de l’État, par un système de gouvernance légitime et basé sur la compétence. L’image dominante de l’Algérie aujourd’hui est son effondrement, qui se mesure à la corruption généralisée, à la paralysie de l’administration, de la justice, de l’école, de la santé publique, de l’économie nationale, de l’exacerbation de la violence urbaine, qui menace la paix civile devant l’indifférence des services de l’ordre public. C’est une situation qui est principalement imputable à la prise en otage de la vie politique par un système de pouvoir démissionnaire devant l’intérêt général. Une situation en somme, qui précipite de jour en jour la société vers une perspective de chaos destructeur et meurtrier.

Devant cette démission du pouvoir algérien qui ne se soucie que de ses propres intérêts et devant cette dérive dangereuse pouvant précipiter à terme le chaos de la déliquescence, cette situation ne devrait pas laisser indifférent les élites, les intellectuels, les journalistes, les militants associatifs, les militants politiques et généralement tout citoyen engagé vers la reconquête d’une légitimité des institutions et de la refondation de l’État.

Bien qu’il apparaît évident que la réponse à cette indifférence du pouvoir est une mobilisation citoyenne comme seul rempart à ce destin fatal, peu d’Algériens se soucient de prendre l’initiative de s’engager ouvertement dans une dynamique de mobilisation des énergies potentielles éparpillées dans tous les segments de la société. Pourtant, il n’y a aucun doute sur la pertinence d’une telle démarche, et que l’impératif politique aujourd’hui en Algérie, c’est la mobilisation citoyenne pour endiguer la crise et le danger que fait peser sur l’Algérie la dérive du système de pouvoir défaillant. Un impératif qui repose sur un triple constat, la crise de légitimité et l’impasse politique dans laquelle elle plonge les institutions de l’État, le fait que le « printemps algérien » n’a pas eu lieu et que le changement pacifique promis et attendu de la part d’une volonté interne au pouvoir s’est révélé un leurre et enfin la reconduction indéfinie du statu quo en mettant en danger la société et sa souveraineté.

Néanmoins, l’idée de mobilisation citoyenne existe et elle est en train de faire son chemin, sourdement certes, mais on ne peut pas dire, qu’il y a une absence totale de volonté vers cet impératif, qui est une démarche capable de redéfinir les rapports de forces contre le système de pouvoir dominant et d’imposer une alternative démocratique, qui mettrait un terme au statu quo. C’était d’ailleurs le mot d’ordre par lequel le FFS avait motivé sa participation aux législatives de 2012 « mettre du mouvement dans le statu quo ». Mais cet aventurisme de la part du FFS n’était pas motivé principalement par le changement du système de pouvoir, son objectif était de composer avec lui en espérant y arriver à long terme. Il était inévitable qu’il se solda par un échec, prévisible du reste et qui a débouché sur son implosion et sa discréditation devant l’opinion en rupture avec le système de pouvoir. Tout le monde s’accorde à dire aujourd’hui, que la démarche du FFS était contreproductive pour la perspective d’une alternative démocratique. Car, sa participation aux législatives n’a fait que renforcer le statu quo, en même temps qu’elle a affaibli l’opposition démocratique, en la privant de son appui qui était considérable. L’erreur du FFS, c’était son engagement sur cette voie sans garanties démocratiques.

Des appels à la mobilisation citoyenne pour renverser la fatalité qui s’est abattue sur l’Algérie depuis l’indépendance nationale, il y en a eu périodiquement et il continue à y en avoir tant que la vie politique ne s’est pas stabilisée dans une normalité institutionnelle. La dernière en date est celle qui est toute récente de Nacer Boudiaf. Ce sont généralement des initiatives sans lendemain et souvent sans réelle consistance, qui ne permettaient pas l’éveil politique du peuple et n’offraient aucune opportunité de mobilisation citoyenne. Parce qu’elles se limitent à des déclarations d’intention sans réel projet de société. Caractérisées principalement dans leur expression par une révolte émotive plus que par un projet de refondation de l’État sur la base d’un endiguement rationnel de la crise et une vision en profondeur sur le long terme.

Contrairement au FFS et a toutes ces initiatives sporadiques, souvent imprégnées de populisme et de patrimonialité, le projet que propose Ahmed Benbitour tranche avec ces balbutiements et toutes sortes de bricolages politiques. Il définit comme objectif principal à son initiative le changement radical du système de pouvoir, sans compromission avec des lobbys occultes ! ni complaisance triomphaliste. Son projet fixe des objectifs quantifiables dans la limite d’échéances réglées comme un métronome, telle une sortie de crise clés en main. Il repose sur une rationalité de technocrate doublé d’une volonté humaniste, qui met la dignité de l’Algérien au centre des réformes à entreprendre. Il est le fruit d’un labeur de préparation et d’élaboration serein, loin des convoitises de pouvoir et de précipitation immature, qui caractérise les appels à mobilisation conséquents aux révoltes émotives habituelles. La dynamique de sa démarche ne laisse aucune place à l’improvisation et à l’arbitraire. Alors que son projet définit des objectifs à long terme, l’appel à la mobilisation citoyenne pour préparer l’échéance qui les rendra possibles s’exprime dans l’action de sensibilisation au quotidien et dans la proximité avec le citoyen par différends canaux. Dont, les conférences débat à l’adresse de tout public et en parallèle, une action de sensibilisation médiatisée par les réseaux sociaux qui est en train de faire boule de neige sur la toile algérienne. Cette mobilisation autour du projet d’Ahmed Benbitour est devenue possible, justement du fait que celui-ci propose une réelle sortie de crise palpable et tangible par son plan précis de changement du système de pouvoir et non sur des déclarations d’intention.

Multiplier aujourd’hui les candidatures à la présidentielle de 2014, dans les conditions qui sont les nôtres, est un déficit de patriotisme et à coup sûr ! contreproductif pour toute tentative de sauvetage de l’Algérie.

Youcef Benzatat

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Commentaires (25) | Réagir ?

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chilmoune

Mr BENBITOUR vous parlez à vous meme, sortez dans les rues d'ALGER et essayez de vous montrer en criant pour votre projet de démocratie, les gens vont vous prendre pour un FOU.

Les citoyens algériens d'aujourdh'ui sont passifs, fatalistes, integriste et ignorants en politique.

Mais si un certain ALI ben ha.... sort dans les rues d'ALGER toute la foule le suit comme un troupeau alors qu'il est trés loin de vos intentions démocratique utile au pays. Et pourtant ces décideurs qui on foutu le pays dans cette merde et qui veulent vous utiliser encore pour sauver leurs intêrets, sont les responsbale directe du pourrissement en ALGERIE et qui continuent à faire le nid de l'intégrisme et barrer le chemin au courant démocratique.

C'est dommage que vous faite semblant de ne pas comprendre. Le changement ne peut venir

qu'avec la force (DEBZA OU DMAGH) et c'est pour bientot aprés l'epuisement des puits de pétrole du sahara.

LES MILITAIRES UTILISENT LA FORCE ---------- LES ISLAMISTES UTILISENT LA VIOLENCE ---

CES DEUX DICTATURES NE PEUVENT UTILISER LEUR INTELLIGENCE PARCE QU'ILS ONT RIEN DANS LEUR CRANE ----------------- L'INTELLIGENCE EST CHEZ LES DEMOCRATES QUE

LE POUVOIR DETESTE.

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Kacem Madani

Ça va, depuis le temps on a compris le message !

El-djeich (Echaâb?) oua Benzatat, M3ak ya Ahmidat !

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