Presse algérienne : le geste hypocrite de Bouteflika

Presse algérienne : le geste hypocrite de Bouteflika

Le président Bouteflika vient, en bon prince, de décréter le 22 octobre prochain journée nationale de la presse, en hommage, précise-t-il, à la parution, le 22 octobre 1957, du premier numéro du journalEl-Mouqawama El-Djazairia+ (La résistance algérienne), organe du Front de libération nationale (FLN) et de l’Armée de libération nationale (ALN). J'ignore ce que veut dire une journée nationale de la presse ; cela semble avoir un goût de limonade et de basse démagogie. Je sais, en revanche, ce que veut dire une journée sans la presse. Voilà neuf ans que le journal que je dirigeais est interdit par le clan présidentiel, je veux dire par l'entourage direct du président Bouteflika, en tête ceux qui ont organisé, commandité, et couvert le pillage de l'Algérie, et dont le Matin avait dénoncé les agissements. Ces individus, Zerhouni, Benachenhou, Khelil, agissant sous les ordres du président, ont bloqué à trois reprises les négociations entamées avec l'imprimerie. Neuf ans, c'est un âge insoutenable pour une injustice ; insoutenable pour la victime mais, je le crois bien, encore plus insoutenable pour le bourreau. Sur la joue de nos tourmenteurs, la suspension du quotidien Le Matin restera une éternelle et noire balafre de l'indignité. Tout ça pour dire qu'il sera bien difficile d'absoudre en un message, intéressé de surcroît, 14 années de brimades ( Bouteflika reste le président qui aura emprisonné le plus de journalistes durant son exercice) et de mépris. Le dédain présidentiel pour les journalistes est symbolisé par cet humiliant sobriquet de "Tayabet El Hammam" jeté à la face des journalistes algériens dont, curieusement, il découvre aujourd'hui «la contribution et le rôle au service du progrès de la prospérité de la nation». C'est que ce geste du président qui s'est voulu noble, porte, grossièrement, les marques de l'arrière-pensée et de l'insincérité. Cette presse Algérienne dont il loue la contribution à «la promotion de l'homme, la défense des fondements de la société», cette presse, il ne l'a jamais reçue à la présidence en 14 ans d'exercice, triste performance quand on sait que le président Boudiaf, lui, avait rencontré la presse de son pays sept fois en six mois d'exercice ! Alors, à quoi la presse Algérienne doit-elle, aujourd'hui, ce brusque retour en grâce ? Difficile de ne pas y voir une initiative intéressée d'un président qui se prépare à entrer en campagne. Le chef de l'État, qui prépare une offensive pour le quatrième mandat, utilise la presse comme munitions bon marché. C'est carrément écrit noir sur blanc. Le président, craignant que le mérite ne soit pas remarqué dans toute sa dimension, prend même soin de souligner qu'il a pris cette décision «Bien que me trouvant à l’étranger», nous laissant le devoir de nous incliner devant tant de commisération. La presse touchée par le Val-de-Grâce, en quelque sorte ! Qui l'eût cru ? Mais que tout cela est triste !

M.Benchicou

Plus d'articles de : Actualité

Commentaires (35) | Réagir ?

avatar
Mouloud FEKNOUS

Journée de la presse !!! Journée de la femme ! C'est kif kif, je m'explique hormis cette maudite journée, la femme algérienne subit les pires avanies à la fois par la famille, la société et pire encore par le pouvoir a travers ses administrations, en fait elle n'a aucun droit si ce n'est cette journée folklorique ou l'on voit surtout les " UNFA " applaudir des pieds des mains et du reste. Un autre exemple de journée a consacrer et qui le mérite serait de décréter la "Journée Nationale et même Internationale des HMAMDJIA, Des Corrompus et des Corrupteurs, des Baltaguia, des Châamba etc..... Tout le monde aura sa journée et l'Algérie continuera à se faire soigner ailleurs.

Alors comme dit le proverbe algérien TECH FEL MA OU DIRE FOUARA.

avatar
Quelqun EncoreQuelqun

Au risque de déclencher des hostilités interminables, aventurons-nous à "rendre à César ce qui est à Cézar".

La sémantique (assez usée) de "clan d'Oujda / le nain d'El Mouradia / le clan de Tlemcen... " commence à provoquer des effets secondaires chez moi (et chez d'autres j'imagine). Je m'explique.

Si l'on suit bien les différentes analyses, lectures et autres explications de textes, Bouteflika est LE MAL personnifié de l'âne-j'ai-ri. Son clan constitué de proches collaborateurs issus de la région de Tlemcen est tout aussi incriminable.

Raffraichissez-moi la mémoire svp, vous qui en savez des choses.

Les chaouis ayant noyauté tous les cercles du VRAI pouvoir (l'armée) depuis des lustres, ce n'était pas du clanisme et du clientélisme? Chadli en qualité de chef de l'Etat, c'était peut-être ce qui pouvait se faire de mieux en termes de raffinement et de représentation du progrès? Boumédienne et les grands ensembles industriels, et autres zones économiques, c'était peut-être "pro-kabyle" ? Il a peut-être impulsé la liberté de la presse et la naissance du Matin?

Ewww!! Un peu de calme les gars! Bouteflika a au moins le mérite de connaître (ou d'apprendre via des fiches pré-conçues) quelques auteurs de renom, de maîtriser au moins deux langues et, surtout, de n'avoir pas froid aux yeux quand il s'agit de rappeler à certains de nos "parvenus" leur "Ecole Formatrice", la leur en gros. Parvenus et aujourd'hui ne jouissant plus des faveurs et largesses du même ventre nouricier.

J'aimerais bien, à ce propos, que l'on reface un zoom sur les événements du 5 octobre 1988 et que l'on essaie de voir à l'oeuvre ces forces du progrès new look et auto-proclamées. La mode étant au surf, il m'étonnerait fortement que l'on puisse trouver à redire tant TOUT est récupérable dans ce bled. N. Boukrouh compte parmi les opposants, c'est vous dire!

visualisation: 2 / 26